La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une « ONG » chapeautée par Israël et les États-Unis, a commencé hier à distribuer de l’aide alimentaire à Gaza. Déjà mal parti avec la démission abrupte de son directeur, invoquant « le manque d’indépendance de la fondation », la distribution s’est rapidement transformée en véritable fiasco. Focus.
Remplaçant les agences de l’ONU et les principales ONG internationales, la première opération de distribution alimentaire de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) a viré à la débâcle. Ce mardi, des milliers de Palestiniens se sont pressés dans les deux premiers points de distribution installés avec le soutien de sociétés militaires privées américaines et sous supervision de soldats israéliens. Des images montrant un chaos généralisé ont circulé.
Un fiasco annoncé
Sur les vidéos diffusées le 27 mai, des foules de Gazaouis tentent désespérément d’accéder aux maigres rations distribuées par la GHF. Des scènes « déchirantes », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, qui a signalé la mort d’une personne et environ quarante blessés.
Sans surprise, la situation a dégénéré en cohue autour d’un des deux centres distribution à Rafah, dans le sud de Gaza. Le premier site ouvert – sur les quatre annoncés – a rapidement été submergé. Les agents de la société de sécurité américaine SRS, chargée de l’encadrement, ont été complètement dépassés avant de quitter précipitamment les lieux.
« J’étais dans la file pour recevoir de l’aide à Rafah, entouré de centaines de personnes, quand tout à coup, une foule a commencé à forcer le passage dans tous les sens », raconte un Gazaoui déplacé. « C’est à cause du manque d’aide et des retards : certains ont tenté d’entrer de force pour saisir ce qu’ils pouvaient », poursuit-il.
La distribution alimentaire organisée par la Gaza Humanitarian Foundation a provoqué des scènes de chaos, sans certitude de distribution prochaine. Cette organisation a été créée par Israël et les États-Unis pour contourner l'ONU et les ONG. pic.twitter.com/bf9kI4bU4X
— Association France Palestine Solidarité (@AFPSOfficiel) May 28, 2025
Netanyahou reconnaît « une perte de contrôle »
Dans un premier temps, l’armée israélienne a tenté d’imputer le chaos au Hamas, l’accusant d’avoir bloqué l’accès aux centres. Mais le Premier ministre Benyamin Netanyahou a fini par admettre que l’armée avait connu « une perte de contrôle momentanée ».
« Les gens meurent de faim. La moitié des camions autorisés à entrer à Gaza récemment ont été pillés », rapporte un autre déplacé. Il critique la stratégie de communication de la GHF : « D’habitude, les ONG préviennent discrètement, le jour même, par SMS. Là, ils ont tout publié sur les réseaux sociaux à l’avance. » Malgré le fiasco, la GHF annonce la reprise des distributions jeudi 29 mai, comme si de rien n’était.
Lire sur le sujet : Gaza : Israël bloque l’aide humanitaire et réutilise « l’arme de la faim »
Israël empêche l’ONU d’agir
L’ONU et plusieurs ONG dénoncent une initiative mal organisée. « Les humanitaires présents sur place depuis des années disposent des moyens humains et matériels pour intervenir efficacement », souligne Elsa Softic, directrice adjointe des opérations chez Première urgence internationale.
Elle ajoute : « Aujourd’hui, ce qui nous empêche d’agir, ce sont les restrictions imposées par les autorités israéliennes, responsables du blocus de Gaza. » L’ONU réitère sa demande pressante pour que ces dernières autorisent un « accroissement immédiat » des livraisons d’aide.
A lire aussi :
