Figure de la diplomatie américaine, aux facettes parfois obscures, Henry Kissinger est mort à l’âge de 100 ans ce mercredi « dans sa maison du Connecticut » annonce son organisation dans un communiqué. Stratège des relations internationales pour certains, criminel de guerre pour d’autres, l’influent conseiller « des présidents » aura marqué de son empreinte la marche géopolitique de son temps. Focus
Ancien secrétaire d’État américain et chantre controversé de la « realpolitik », Henry Kissinger est mort mercredi à l’âge de 100 ans, a annoncé mercredi son organisation.
Acteur incontournable de la diplomatie mondiale pendant la guerre froide, Henry Kissinger a vu son image ternie par des pages sombres de l’histoire des États-Unis notamment le soutien au coup d’État de 1973 au Chili, le bombardement du Timor oriental en 1975 ou encore la guerre au Vietnam.
L’un des plus grands diplomates de son temps
Né en Allemagne en 1923, Heinz Alfred Kissinger fuit les persécutions nazies dès 1938, avec ses parents, pour rejoindre New York. Devenu professeur au département des études gouvernementales de Harvard, Henry Kissinger devient un essayiste politique et un intellectuel renommé.
Il commencera à conseiller les responsables républicains sous la présidence de Dwight Eisenhower et John Fitzgerald Kennedy dès les années 60. Secrétaire d’État américain jusqu’en 1977, Henry Kissinger sera le grand artisan du rapprochement entre les États-Unis et la Chine communiste au début des années 1970 et l’initiateur de la politique de détente avec l’URSS.
Considéré comme l’un des plus grands diplomates de son temps, l’intellectuel conservateur garde toutefois une image ternie pour son rôle dans plusieurs évènements historiques de la Guerre froide.
Diplomate aussi écouté que controversé, Henry Kissinger avait un sens de la « realpolitik » froide au service des intérêts nationaux des grandes puissances. Le journaliste et éditeur, Pierre Chalamet, indique à ce sujet :
« En Amérique latine, Kissinger n’a laissé que des mauvais souvenirs. Au Chili en particulier, où il contribue au renversement de Salvador Allende ou en Argentine, où il approuve tacitement la brutalité de la dictature militaire. (…) Henry Kissinger aurait dû être déféré devant le Tribunal international de La Haye pour crimes de guerre. »
Son nom est également impliqué dans les bombardements meurtriers au Cambodge en 1969, à la brutale invasion indonésienne au Timor-Oriental en 1975 ainsi qu’à une campagne d’assassinats d’opposants dans plusieurs pays d’Amérique latine (la fameuse opération Condor). Henry Kissinger est ainsi régulièrement qualifié de « criminel de guerre » .
Une influence unanimement reconnue
Plusieurs personnalités politiques et diplomates, de par le monde, ont tenu à rendre hommage à Henry Kissinger suite à l’annonce de son décès. Le président français Emmanuel Macron a décrit le diplomate comme « un géant de l’Histoire », qui a eu « une influence durable sur son époque ».
Celui qui fêtait ces 100 ans, en mai dernier, continuait à partager ces dernières années son point de vue sur les grandes crises de notre époque lors de conférences ou d’entretiens. La famille du diplomate précise, dans un communiqué, qu’elle organisera des funérailles privées et une cérémonie d’hommage publique à New York.
A lire aussi :