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Autruchiens, Autruchiennes

engrenage Mizane.info

Dans sa dernière chronique à lire sur Mizane.info, Rachid Teory nous expose l’engrenage stupide dans lequel la plupart des individus se laisse mener par leur insouciance vers des catastrophes conduites pas à pas.

C’est fascinant, cette façon qu’ont certains de laisser le chaos s’installer dans leur existence, comme une sorte de jardin intérieur qu’ils laissent envahir par les ronces. On dirait qu’ils s’accrochent à l’idée que, tant qu’on ne touche pas à la plaie, elle ne s’infecte pas. Mais la vérité, c’est que c’est une anesthésie mentale, un déni volontaire, une manière de s’épargner l’effort, la lutte, la remise en question. Ils se disent : « Oui, mais c’est comme ça, on a toujours vécu comme ça, alors pourquoi changer ? » Ils ne voient pas qu’en refusant d’agir, ils nourrissent la bête. Ils ne la regardent pas, mais elle grossit, elle enfle, elle prend de la place. C’est une bombe à retardement.

Et tu les observes, ces gens, à poser des sparadraps sur des fractures ouvertes, comme si ça pouvait marcher. Parce qu’au fond, admettre qu’il faut agir, c’est reconnaître qu’ils ont laissé traîner, qu’ils ont été complices de leur propre naufrage. Alors ils ne bougent pas, ils attendent. Ils espèrent quoi ? Que l’eau sale s’évaporera par magie ? Non, ça pourrit. Ça pourrit comme une charogne qu’on refuse d’enterrer.

Et puis vient le moment où la mèche touche la dynamite. Ça explose. Et là, tout d’un coup, ils pleurent, ils crient à l’injustice, comme si c’était une surprise, comme si personne ne les avait prévenus. Mais c’était là, sous leurs yeux, tout du long. Ils avaient juste choisi de détourner le regard, croyant que l’aveuglement les protégerait. Et pourtant, ils savaient. Au fond d’eux, ils savaient que la petite flamme avançait inexorablement.

Et ce qu’il y a de plus tragique, c’est qu’ils arrivent à ces situations simplement parce qu’ils ont refusé de régler un tout petit problème. Pas un gros scandale, pas une montagne infranchissable, non. Juste un détail, une pierre sur le chemin, qu’ils ont laissé là parce qu’ils avaient peur de la bouger. Peur de quoi, au juste ? Que ça leur demande trop d’effort, que ça dérange un peu leur quotidien ? Et pourtant, ces petites pierres qu’ils transforment en montagnes, elles ne sont rien d’autre que des projections. Rien de réel, rien d’insurmontable. Mais à force de les ignorer, à force de les contourner, ils finissent ensevelis sous un éboulis.

C’est tout bête mais nos vies ne sont pas détruites par des cataclysmes monumentaux ; mais elle se délite dans les mille petites mesquineries du quotidien, ces « riens » qu’on laisse pourrir et qui finissent par ronger l’âme à petit feu. Ce ne sont pas les grandes tragédies qui nous brisent, mais ces insignifiances qu’on porte comme des boulets, qu’on traîne derrière nous, sans jamais les affronter. Les vies s’écroulent sous le poids de toutes ces petites choses qu’on refuse de toucher, qu’on refuse de corriger. Et voilà où ça mène.

Des détails — là où se cache le diable — qu’on prend pour des obstacles infranchissables, mais ce ne sont que des cailloux, minuscules et lâches. Et ces cailloux deviennent des montagnes, des verrous, des chaînes invisibles qui lient l’Homme et l’étouffent, jusqu’à le réduire en poussière. Il s’y fracasse, aveugle, croyant affronter des titans, alors qu’il ne s’agit que de minuscules cailloux.

Ne l’oublions jamais, « Vraiment, la ruse de Satan est faible ! » (Coran, 4/76).

Rachid Teory

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