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samedi 20 avril 2024

Talaq : la Cour suprême indienne interdit le divorce express

De nombreuses femmes musulmanes indiennes, jusque-là victimes d’un divorce unilatéral prononcé verbalement, bénéficieront d’une meilleure protection familiale décidée par la plus haute juridiction judiciaire en Inde.

Désormais, il ne sera plus possible de divorcer automatiquement de sa femme en Inde comme le permettait la pratique dans les communautés musulmanes du triple talaq, cette formulation orale du divorce prononcée arbitrairement par les hommes sur les femmes. La Cour suprême indienne vient de l’interdire expressément dans une décision rendue mardi 22 août, décision prise par un conseil interreligieux de cinq juges des principales religions indiennes (hindouisme, islam, christianisme, sikhisme et zoroastrisme) qui a rendu cette pratique inconstitutionnelle à 3 voix contre 2. « Le triple talaq enfreint le Coran et la charia. Il ne fait pas partie des pratiques religieuses et va à l’encontre de la moralité constitutionnelle » a déclaré la Cour.

Une victoire pour les droits des femmes musulmanes

Plusieurs recours avaient été déposée en justice pour contester cette pratique souvent présentée comme une répudiation et qui laissait sur le carreau des femmes et des enfants privés de protection et laissés à l’abandon. Des maris n’hésitaient pas à signifier à leur épouse par SMS, message Whatsapp ou sur Skype qu’ils les congédiaient sur le champ en prononçant trois fois la formule « je te divorce ». La presse locale relayait fréquemment ces affaires de mœurs. Derrière cette victoire pour les femmes musulmanes, le combat d’une victime, Shayara Bano, qui demandait demandant l’abolition du « talaq-e-biddat » (le divorce à caractère instantané).  « J’ai connu la douleur quand une famille se fracture. J’espère que personne n’aura à passer par cette épreuve à l’avenir », a-t-elle déclaré à la presse à l’extérieur du tribunal, citée par The Huffington Post.

Cette pratique du « talaq-e-biddat » se distingue du « talaq-e-ahsan » et du « talaq-e-hasan », divorces valables trois mois après leur prononciation et qui peuvent être révocables

Une décision diversement appréciée

Cofondatrice du Mouvement des femmes musulmanes indiennes (Bharatiya Muslim Mahila Andolan, BMMA), Zakia Soman a évoqué « un jour heureux et historique ». « Nous […] avons enfin le droit à la justice de la part des tribunaux », s’est-elle réjouie sur les ondes de Al Jazeera. Cette pratique du « talaq-e-biddat » se distingue du « talaq-e-ahsan » et du « talaq-e-hasan », divorces valables trois mois après leur prononciation et qui peuvent être révocables. Dans la communauté musulmane indienne, les réactions sont multiples, cette pratique du talaq étant diversement appréciée. La All India Muslim Personal Law Board (AIMPLB), fédération d’associations musulmanes, refusait ainsi son interdiction bien que jugeant le triple talaq « répréhensible ». Le président de la Cour suprême indienne, Jagdish Singh Khehar, s’est également prononcé contre l’interdiction du triple talaq par respect pour l’école juridique hanafite qui autorise cette pratique selon le quotidien The Hindu.

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