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jeudi 25 avril 2024

Ma vie en confinement : « Dans cette crise sanitaire, chacun est capable d’apporter son aide »

Suite de notre série de témoignages sur la vie en confinement sur Mizane.info. Aujourd’hui, Samia Chiki, enseignante, responsable d’une boîte de communication et chroniqueuse à radio France Maghreb, nous raconte ce qu’elle a vécu sous cette période particulière de notre Histoire. Un témoignage où les exigences de la vie personnelle et familiale ont alterné avec l’épreuve de la maladie et avec le devoir d’introspection. 

Nous sommes confinés, car un petit virus a décidé d’éprouver toute l’Humanité, de franchir les frontières et s’attacher à nous, que nous le voulions ou non.

Ce virus semblait si inoffensif. On le comparait à cette grippe qui parfois nous touche et parfois peut nous perdre.

Restons chez nous

Le confinement a tardé à être décidé en France alors que nous étions témoin de la tragédie au-delà de nos frontières, de la Chine en passant par l’Iran , l’Italie, l’Espagne…

Alors comme beaucoup, j’étais attentive à chaque nouvelle qui tombait, je tentais de comprendre ce qui se passait mais la réalité, toujours proche, a vite frappé à ma porte.

Samia Chiki.

Comme chaque matin je dépose mes enfants à l’école, puis retour rapide à la maison pour entamer une journée de travail. Avant cela, une pause-café s’impose.

Je fais le tour matinal des nouvelles du jour. Soudain, je suis interrompu par un coup de téléphone. Le numéro de l’école s’y affiche.

Une de mes filles se sent mal, maux de tête…

Or, depuis plusieurs jours on tente de relever les symptômes de ce coronavirus à travers les nombreux cas déjà détectés en France, notamment dans notre région, toute proche d’un cluster (foyer de contagion, ndlr), je ne sais pas si ma fille présente les symptômes liés à ce virus.

Je la récupère , elle semble très fatiguée, ayant moi-même eu une très forte fièvre pendant 48 h avec courbatures, je décide d’aller directement chez le médecin pour nous deux ( j’avais appelé le SAMU qui me l’avait recommandé).

J’avais oublié un détail. Ce matin même, une des écoles de la commune a été fermée suite à deux cas détectés la veille. La salle d’attente est pleine à craquer.

J’explique la situation à la secrétaire médicale, ma fille se sent mal, j‘ai une forte fièvre et des courbatures depuis plusieurs jours. J’ai régulièrement été au contact de touristes étrangers et je fais partie de ces personnes « vulnérables ».

Le médecin exige que je rentre de suite à la maison, il m’appellera.

Ce que je comprend à ce moment là, c’est que je ne suis plus une patiente comme une autre mais un vecteur potentiel du méchant petit virus.

Il n’était pas envisageable de m’investir uniquement dans l’instruction destinée à mes enfants, je pouvais être utile pour les autres car il y avait une réelle angoisse de la part de nombreux parents.

Deux heures se sont écoulées, mon médecin traitant me rappelle au téléphone : « Pourquoi le Samu vous a dirigé vers moi, ce n’est pas le protocole, bon dites-moi ce qui vous arrive… ? »

A ce moment précis, j’hésite entre raccrocher car je l’ai compris, je dérange avant même que l’on sache ce que j’ai et le médecin est débordé et répondre calmement. J’opte pour la deuxième option.

Après avoir pris connaissance de mon dossier et écouté la description de mes symptômes , le médecin statue : « Vous avez probablement le virus, surveillez votre fièvre et ne sortez pas ».

 

Une fièvre qui a repris durant 36 heures ! Alitée, j’ai fait abstraction de toutes les préoccupations quotidiennes et me suis recentrée sur ma personne, l’état physique prenait le dessus sur le mental et je me disais que ce n’était pas le moment.

Ce n’est pas toujours évident lorsque vous avez trois petites têtes brunes confinées avec vous qui ne demandent qu’à jouer avec leur maman. Mais face à cette petite épreuve chacun a pris ses marques et s’est adapté !

Dédicace à mon petit lion de deux ans et demi qui me rafraîchissait avec son biberon de lait pour faire baisser la fièvre et ce, sur les conseils de ses deux aînées !!!

Mon état physique s’est amélioré de jour en jour et ma fille a eu ses maux de tête intenses durant 48 heures. Nous ne saurons jamais si cela était dû au Covid-19 ou pas.

Ce qui importe, c’est que nous nous en soyons remis, grâce à Dieu.

L’aventure de l’instruction à la maison

Dès l’annonce de la fermeture des écoles, je me suis interrogée sur la future organisation à mettre en place pour mes enfants sans même m’attacher à la volonté politique d’une pseudo « continuité pédagogique », simplement car il fallait prendre les choses en main pour ma progéniture sans oublier les autres.

Il n’était pas envisageable de m’investir uniquement dans l’instruction destinée à mes enfants, je pouvais être utile pour les autres car il y avait une réelle angoisse de la part de nombreux parents.

On demandait à ces derniers, indirectement, de se charger d’encadrer leurs enfants, car oui, lorsque vous fermez les écoles du jour au lendemain sans avoir mis un plan spécifique en place à destination du corps enseignant, des élèves et des parents, vous vous déchargez d’une problématique et la reportez à plus tard.

Je ferai l’impasse sur les différentes difficultés rencontrées par les parents, enseignants et élèves car elles ont été heureusement, médiatisées.

D’une souffrance naît la solidarité

Dans cette crise sanitaire, chacun est à mon sens capable d’apporter son aide même s’il n’est pas soignant.

Pour ma part, il s’agissait de proposer mes compétences en tant qu’enseignante aux parents qui ne parvenaient pas à encadrer leurs enfants et guider les élèves livrés à eux-mêmes (mise en place d’emploi du temps, cours à distance, conseils pédagogiques…) tout en poursuivant la médiatisation de ces questions.

Un très beau tissu social s’est créé, notamment entre parents d’élèves, acteurs associatifs et enseignants.

A lire sur le même sujet : « Je ne pouvais pas y croire, me disant : une telle éventualité est tout simplement impossible ! »

Dans ce mal, il y a beaucoup de souffrances mais il y également beaucoup de bien, la solidarité s’amplifie malgré les restrictions liées au confinement, des cours gratuits sont proposés, des échanges de bons plans, des dons…des maraudes…des actions symboliques.

Certes, ce n’est pas nouveau mais je suis persuadée que les mentalités ont évoluées et que le sens du partage a tout de même repris son droit pour un grand nombre.

Je ne reviendrai pas non plus sur les comportements individualistes, notamment dans les magasins. Je préfère m’attarder sur le bon, le meilleur.

Les journées de cette période de confinement me paraissent si courtes.

Le petit-déjeuner est pris sans précipitation mais l’heure des cours à la maison est imposée et respectée. 9h-9h30 les filles sont à leur bureau !

Je donne les premières indications pour la première partie de la matinée.

Le travail bien entamé, à mon tour de m’y mettre. L’activité journalistique est à la fois très intense ces dernières semaines et anxiogène mais on ne lâche rien ! Veille d’infos, lecture des dépêches… et QUELQUES interruptions intempestives du petit lion qui aime attirer l’attention lorsque maman travaille !

Vous l’aurez compris, le télétravail s’avère compliqué mais cela m’amuse. Je ne compte plus le nombre de fois où je retrouve l’écran de l’ordinateur retourné à 180° ou mes livres dans le bac à jouets.

QUANT aux visio-conférences, c’est toute une organisation en amont…Je m’assure que l’activité ou le dessin animé les occuperont assez longtemps avec un stock de petits mets non diététiques à grignoter pour qu’ils évitent l’intrusion en cuisine…ET HOP je m’éclipse…

Le confinement en réalité c’est l’aventure à domicile !

Je gère également une agence de communication événementielle, un des secteurs les plus touché, l’activité est au point mort, les contrats sont suspendus et je n’ai pas le cœur à travailler sur son avenir, il y a d’autres priorités…

Et puis il y a ces jours…où l’on ne fait pas grand choses pour ne pas dire RIEN…

Introspection

J’ai souvent dit que c’était une période pleine de bénédiction car j’ai redécouvert mon intérieur, mes enfants, mes casseroles et je consacre du temps à ces projets que j’ai si souvent reportés!

Je passe pourtant hors « confinement » beaucoup de temps avec ma famille, mais cette épreuve qui nous touche tous, certes, à des degrés différents, vous rappelle que la vie d’ici-bas n’est qu’un bref passage et que les choses simples sont les plus fondamentales, que les seules attaches que l’on doit entretenir sont celles qui définiront notre avenir dans l’au-delà.

Car oui, c’est encore une fois ma croyance, ma foi qui me permettent de relativiser cette épreuve et son lot de souffrances, car il n’y a de refuge qu’auprès de mon Seigneur.

Cette crise aura eu sa tornade de questionnements, de polémiques socio-politico-médicales…une mobilisation citoyenne à travers les réseaux sociaux…ses blessures, ses pertes, ses espoirs et ses déceptions.

Il y aura un temps pour réfléchir à l’après, bien que nous soyons confinés depuis plus de trente jours et que le nombre de décès semble diminuer, l’heure est encore à la mobilisation, la solidarité, la médiation en pleine conscience, l’introspection…

J’ai une pensée particulière pour ceux qui sont éprouvés par ce virus, les malades, les soignants, ceux qui enterrent leurs proches sans avoir pu leur rendre visite, ceux pour qui la solitude ou la précarité s’est aggravée.

Il y aura un avant et un après crise du Covid-19, en tout cas pour ma part c’est certain…

En attendant restons optimistes. Je finirais sur cette note d’espoir par rappeler cette parole prophétique.

Omar (que Dieu soit satisfait de lui)) a dit : J’ai entendu dire le Messager de Dieu (sur lui la prière et la paix) : « Si vous vous en remettez à Dieu comme il convient de s’en remettre à Lui, Il vous apportera votre subsistance comme Il l’apporte aux oiseaux qui quittent leur nid le ventre creux pour y rentrer le soir le ventre plein »( rapporté par Attirmidi).

Sami Chiki

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