Enseignant en sciences islamiques traditionnelles, conférencier, Vincent Souleymane a été l’objet d’un certain nombre d’accusations émises par le ministère de l’Intérieur et la préfecture du Rhône pour justifier l’interdiction de la tenue d’un événement culturel organisé par l’association « Aux sources », qui a été finalement autorisé en référé. Dans une tribune exclusive publiée sur Mizane.info, Vincent Souleymane prend la parole pour répondre à ces accusations.
Mon nom est Vincent Souleymane, je suis français, converti à l’islam depuis 1999, enseignant de sciences islamiques et de langue arabe titulaire, d’une licence en islamologie, en plus d’un enseignement traditionnel reçu à l’ile de la Réunion. Je suis également auteur et j’interviens régulièrement dans les mosquées de France et les évènements organisés par la communauté musulmane.
Alors qu’il était question que j’intervienne au salon du Coran qui devait se tenir à Meyzieu, pour la 3ème année consécutive, je me suis vu interdit de parole.
Cette interdiction émane en premier lieu, du signalement d’un influenceur d’extrême droite, relayé par une députée également d’extrême droite. Cette interdiction repose, à mon sens sur des accusations mensongères et sans fondement. Celles-ci furent reprises par la plupart des médias sans qu’aucune vérification ne soit effectuée, ni droit de réponse de ma part, comme la déontologie journalistique l’exige. C’est pourquoi je remercie Mizane.info de me donner la possibilité d’apporter ma version des faits et de répondre à ces accusations dans ces lignes
Ma position sur l’islamophobie d’Etat
Le traitement politico-médiatique du fait musulman en France largement déséquilibré en défaveur des musulmans, les lois d’exceptions visant singulièrement les musulmans, promulguées ces dernières années, l’acharnement médiatiques de certaines chaines d’info-continue affiliées à l’extrême droite pour qui les musulmans sont comptables de tous les maux de la société ; tout cela fait apparaitre une volonté de réduire la liberté des musulmans de vivre leur religion, même si celle-ci s’opère dans le respect du vivre ensemble.
Je partage ce constat avec plusieurs sociologues et analystes, nous pouvons citer, entre autres, Jean-François Bayart (politologue et sociologue français directeur de recherche au CNRS) qui déclarait dans une tribune publiée dans le journal Le Monde le 31/10/2020 : « Que le terme plaise ou non, il y a bien une islamophobie d’Etat en France »
Cette position reste de l’ordre de l’opinion qui, si elle peut être débattue et contredite, ne saurait constituer une infraction pénale, à moins que nous assistions au retour du délit d’opinion en France.
Ma position sur le sionisme
Tout comme l’islamophobie, mes propos ne sont jamais sortis du cadre du débat d’idées. Jamais je n’ai appelé à la violence envers des personnes de confession juive. En revanche, comme tout mouvement politique, le sionisme est critiquable. Je suis en effet, contre l’occupation illégale de la Palestine et la politique discriminatoire à l’encontre des Palestiniens.
Nous voyons aujourd’hui les proportions qu’a pris cette politique, avec le génocide du peuple de Gaza qui se déroule sous nos yeux via nos smartphones.
Mon engagement intellectuel en faveur du respect du droit international ne peut être corrélé à une prétendue haine anti-juive. Rappelons à toute fin utile que certains juifs ne sont pas sionistes et certains non-juifs le sont.
Je considère qu’il en va de la dignité humaine de se positionner contre un génocide en cours.
Les mouvements féministes
Le féminisme est également un courant de pensée, qui est à mon sens critiquable. Il ne se résume pas à une défense des droits légitimes des femmes. Si tel était le cas j’en serais un adepte. Le fait est qu’il véhicule une idéologie à laquelle il n’est pas obligatoire d’adhérer.
Je suis pour le respect des spécificités de l’homme et de la femme. Des spécificités qui permettent leur complémentarité, tandis que le féminisme prône leur affrontement et une dilution de leurs différences psychiques et même physiques. De nos jours certaines femmes se dressent contre cette injonction au féminisme et un mouvement appelé Women against feminism, est même né aux Etats-Unis en 2013.
Aucune de mes prises de parole ne prône l’infériorité de la femme, ni ne contient d’appel à une quelconque injustice envers elles. Je ne fais qu’adopter une position qui diffère de la pensée dominante actuelle. Est-ce interdit ?
Les mouvements LGBT
Sur cette question aussi l’affaire est d’ordre idéologique. Je n’ai jamais appelé à la moindre violence envers les personnes homosexuelles. Je suis pour le respect de la vie privée. Ma position est que chacun fait ce qu’il veut dans son intimité. Cependant je ne me reconnais pas dans les valeurs portées par le mouvement LGBT. Il s’agit d’un mouvement idéologique qui repose sur la théorie du genre. Une théorie à laquelle je n’adhère pas et qui ne me semble pas positive pour l’évolution de la société. Ai-je le droit de considérer qu’un homme est un homme et qu’une femme est une femme ? Que le cadre familial composé d’un père et d’une mère, est plus propice à l’équilibre psychique des enfants ?
Tout cela sans jamais appeler à la haine envers quiconque.
Le propos à connotation complotiste sur le conflit russo-ukrainien et les attentats djihadistes commis en Europe.
Concernant le conflit russo-ukrainien cela ne fait pas partie de mon domaine de compétence et je ne me prononce pas dessus. Cette accusation n’a aucun fondement.
Les attentats djihadistes commis en Europe
Toutes mes prises de paroles, mes travaux d’auteur, et mon activité d’enseignement de l’islam prouvent ma position catégoriquement contre ces attentats injustifiables. Je considère, à l’instar des savants de l’orthodoxie musulmane, que les auteurs de ces attentats et leurs cautions religieuses, font partie du courant déviant appelé les « Khawarij ». Ces derniers ont fait couler le sang des innocents dans l’histoire de l’islam, y compris celui du 4ème calife bien guidé, gendre et cousin du Prophète ﷺ ‘Ali ibn Abi Talib, qu’ils ont assassinés. Pour les lecteurs qui seraient intéressés, j’ai détaillé cette question dans une vidéo réponse à Eric Zemmour : https://youtu.be/L0h2Ygd9IzM
Le contexte géopolitique et les injustices commises par certains pays occidentaux dans le monde musulman, bien que réelles, ne sauraient en aucun cas justifier le meurtre d’un seul innocent, à fortiori au sein d’une société dans laquelle les musulmans et les non-musulmans sont liés par l’appartenance à la société française.
Si des paroles ont été interprétées comme complotistes, il ne peut s’agir que de mon étonnement à l’idée qu’une personne puisse légitimer islamiquement ce genre de crimes, tellement cela m’est inconcevable. En déduire sur cette base que mon propos nierait toute version officielle est une vue de l’esprit qui ne s’appuie sur rien.
Conclusion :
Ce dont on m’accuse et qui est utilisé comme prétexte pour me faire taire, relève du débat d’idées dont la culture française s’enorgueillit. Jamais ma présence n’a provoqué de trouble à l’ordre public, mon message étant très clairement un message de vivre ensemble fondé sur le respect mutuel entre les composantes de la société française. Etant moi-même de culture française, et membre d’une famille composée de non-musulmans.
Il semblerait que le problème vienne plus de ma foi que de mes positions, que je partage avec de nombreuses personnes sans qu’elles ne soient inquiétées. Les musulmans se voient privés de leur droit d’émettre une opinion divergente de la pensée dominante. Je fais partie de ces musulmans français, de culture française qui ont étudié la religion musulmane et enseignent à leurs coreligionnaires que rien n’empêche d’être tout à fait musulman et tout à fait membre de la société française. Au lieu de faciliter ce travail, on cherche à me faire taire.
Tout citoyen, quel que soit sa religion ou son absence de religion, devrait s’inquiéter de voir le glissement opéré ces dernières années. Dans cette affaire il a été question d’interdire un évènement privé, dans un lieu privé, dans le but d’empêcher une personne qui n’a jamais enfreint la loi, de jouir de sa liberté d’expression. Si le droit n’est plus la référence, l’interdiction devient arbitraire et personne n’est à l’abris de voir ses droits bafoués.
L’heure est grave, il est urgent que les personnes de bonne volonté, voulant le bien pour la France et les Français se mobilisent dans le but de défendre l’état de droit.
Vincent Souleymane
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5 réponses
Merci pour ces éclaircissements. Pourquoi autant de haine et de mensonges de la part de l’état qui est censé garantir la liberté d’opinion et d’expression ??
Le mot de la fin résume parfaitement l’état d’esprit qui doit être le nôtre.
Nous aimons la France, et devons agir pour que notre pays reste un pays où la justice règne et non l’injustice.
Mon soutien total à Vincent Souleymane qui est un prédicateur et un professeur de grande valeur.
Votre réponse est très modérée, presque acceptable mais très éloignée de certains de vos propos publiques, beaucoup plus ambigus et parfois radicaux, en particulier à l’encontre des femmes. Dites une fois pour toutes que les femmes sont les égales des hommes, qu’elles ont les mêmes droits que les hommes. En un mot, précisez clairement vos positions au sujet des différents griefs qui vous sont adressés et les polémiques cesseront d’elles-mêmes.
Merci pour ces réponses très complètes, je salue votre dignité et votre loyauté vis-a-vis de vos valeurs. Les débats idéologiques doivent être autorisés dans tout Etat qui se veut garantir la liberté d’expression ou qui accorde une valeur fondamentale à celle-ci. Si certaines orientations idéologiques posent problème c’est qu’il y a une prise de position de l’autorité publique et cela a pour conséquent de censurer ceux qui ont des opinions divergentes/dissidentes. Est-ce normal et dans quelle mesure est-ce acceptable ?