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samedi 27 avril 2024

L’affaire Nahel révèle la fracture française

Nahel Nanterre

La mort du jeune Nahel, tué par un policier à Nanterre, a suscité une vive émotion dans l’ensemble du pays. Un véritable choc qui a donné lieu à de multiples hommages de personnalités publiques mais aussi de réticences et de soutien aux policiers. Tour d’horizon d’une France fracturée.

Depuis la mort de Nahel, 17 ans, tué d’une balle dans le cœur après un refus d’obtempérer à Nanterre, politiques et célébrités ont massivement réagi sur les réseaux sociaux. Entre hommages et messages de soutien aux forces de l’ordre, les réactions ont en effet été nombreuses.

Ces réactions ambivalentes, même pour un fait aussi dramatique, marquent la fracture sociale profonde qui divise aujourd’hui le pays.

Intellectuels, artistes et la NUPES en première ligne

Les premiers hommages, quelques heures après le drame, furent d’abord publiés par plusieurs personnalités de la NUPES. Député étiqueté « La France Insoumise » du Val de Marne, Louis Boyard, s’est indigné via son compte Twitter : « À Nanterre, la police a encore tué. Chaque année, cette institution défaillante vole des vies ».

Suivi par Mathilde Panot, député LFI de la même circonscription, « Encore un drame ce matin, où un jeune de 17 ans trouve la mort ». D’autres réactions de la même teneur venant de personnalités politiques des partis écologiques (EELV) ou socialistes (PS), furent également publiés.

Sportifs et acteurs se sont également insurgés sur les réseaux sociaux et ont adressé leurs condoléances à la famille de Nahel. Ce fut surtout le cas de certains joueurs de l’équipe de France de football dont Kylian Mbappé, le défenseur du FC Barcelone, Jules Koundé, le joueur de Real Madrid, Aurélien Tchouaméni ou encore le gardien de but Mike Maignan.

L’acteur français Omar Sy, habitué à s’exprimer sur les violences policières, a également rendu hommage à la victime sur les réseaux sociaux : « Mes pensées et prières vont à la famille et aux proches de Nahel ».

Autre acteur, et réalisateur du 7e art, Mathieu Kassovitz, visiblement ému, s’est exprimé sur l’affaire via son compte Instagram : « Tant que la police continue à tuer des enfants, le seul moyen de trouver un équilibre est de condamner le policier. »

Soutiens indéfectibles aux policiers, majorité silencieuse ?

De l’autre côté de la rive, des réactions plus mitigées ont émergés. Venant majoritairement de personnalités étiquetés à droite, leurs hommages ont plutôt été à l’endroit des forces de l’ordre.

Le président des Républicains Éric Ciotti s’est exprimé, dès le lendemain des évènements tragique, sur la chaîne RMC. Il a explicitement refusé d’accabler le policier, responsable du tir meurtrier, arguant vouloir attendre les résultats de l’enquête judiciaire tout en apportant son soutien aux forces de polices.

« Moi, je ne veux pas aujourd’hui faire des procès médiatiques, et je vois bien qu’au-delà de cette affaire, certains veulent attaquer globalement la police »

Prenant pour motif les nuits d’émeutes, ayant suivi le drame, dans les banlieues françaises, Eric Ciotti a ouvertement affirmé vouloir participer à la cagnotte ouverte, par le chroniqueur d’extrême droite Jean Messiha, afin de venir en aide au policier responsable du meurtre de Nahel, actuellement en détention.

L’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy a, lui, tenu des propos outranciers en justifiant explicitement la mort du jeune Nahel « parce qu’il a cherché à se soustraire à un contrôle ».

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin qualifiant à peine les circonstances de « drame » a évoqué surtout la saisie de l’affaire par l’IGPN : « À la suite de la mort ce matin, à Nanterre, d’un jeune conducteur contrôlé par deux policiers, l’IGPN a été saisie pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame».

A ce jour, le président de la République Emmanuel Macron n’a toujours pas reçu la famille de Nahel. Les forces de police et les maires de France restent les visites prioritaires du chef de l’Etat.

La cagnotte, ouverte par Jean Messiha en faveur de la famille du policier – responsable de la mort d’un adolescent – atteint actuellement près d’un million cinq cent mille euros.

Des positionnements qui en disent long sur la fracture actuelle dans notre pays.

Ibrahim Madras

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