L’imam Ismaïl de Marseille, ancien imam de la mosquée des Bleuets, a comparu ce mardi pour « apologie du terrorisme ». Il était jugé pour avoir relayé pour deux tweets en lien avec le génocide en cours à Gaza, au terme d’une enquête demandée par la préfecture de police. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis et l’interdiction définitive d’exercer dans sa mosquée. Focus.
Le tribunal correctionnel de Marseille a examiné ce mardi l’affaire de Smaïn Bendjilali, plus connu sous le nom de « l’imam Ismaïl ». Cet ancien imam de la mosquée des Bleuets, dans le 13ᵉ arrondissement, est poursuivi pour « apologie du terrorisme », après avoir relayé sur X (ex-Twitter) deux publications en lien avec le génocide israélien à Gaza.
Deux tweets mises en cause
Dès son arrivée au tribunal, l’imam a été accueilli par plusieurs dizaines de soutiens ayant répondu à l’appel lancé par la mosquée des Bleuets. Parmi eux, plusieurs figures religieuses, dont le rabbin marseillais Haïm Bendao, ont pris la parole en sa faveur pour souligné son engagement en faveur du vivre-ensemble.
Les poursuites contre lui trouvent leur origine dans un signalement du préfet concernant deux publications en ligne sur la situation à Gaza. Alerté, le parquet de Marseille avait ordonné son placement en garde à vue le 3 septembre dernier. Il avait été libéré, mais avec une convocation en correctionnelle pour apologie du terrorisme .
Les faits reprochés concernent deux messages publiés sur X. Le premier, diffusé en juillet 2024 , comportait une vidéo accompagnée d’un commentaire qui « légitimerait » l’offensive du Hamas du 7 octobre 2023. Dans le second, il compare les exactions de l’armée israélienne à celles de Daech, en indiquant que « Daech à côté, ce sont des enfants de chœur ».
Salle bondée pour l’audience de l’imam Ismail à Marseille, poursuivi (lui aussi) pour « apologie du terrorisme ». De nombreux soutiens sont venus, à tel point qu’il a fallu changer de salle. pic.twitter.com/SVZTA51L8X
— Rafik Chekkat (@r_chekkat) March 25, 2025
Les réquisitions sévères de la procureure
Face au tribunal, l’imam a réfuté toute intention apologétique, affirmant que « Relayer une information, ce n’est pas nécessairement y adhérer ». Il a également insisté sur le fait qu’il n’a jamais soutenu Daech, rappelant qu’aucun départ vers la Syrie n’a été signalé dans sa mosquée en 15 ans d’exercice.
Cependant, la procureure Audrey Jouaneton estime que les faits sont avérés et a requis six mois de prison avec sursis , assortis de plusieurs sanctions complémentaires : interdiction d’accéder à X pendant six mois, interdiction d’exercer dans sa mosquée des Bleuets, privation de ses droits civiques pendant cinq ans et inscription au fichier des auteurs d’infractions terroristes (Fijait) pour cinq ans.
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L’un de ses avocats, Me Sefen Guez Guez , a énoncé une tentative d’acharnement : « On est là pour le liquider socialement parce qu’on ne peut pas l’expulser ». Il a plaidé la relaxe. Le jugement a été mis en délibéré et le verdict sera rendu le 30 mai à 8h30.
Dans le collimateur depuis plusieurs mois
Depuis l’été 2024 , l’imam Ismaïl est dans le collimateur des autorités. Le 20 août 2024, le préfet des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, avait exprimé sa volonté de fermer la mosquée des Bleuets , en raison de « propos légitimant le recours à la violence » qu’aurait tenu l’imam.
Toutefois, la mosquée a évité cette sanction grâce au retrait volontaire de l’imam, annoncée le 9 septembre. Il avait justifié sa décision par un besoin de souffler et d’entamer une formation sur la laïcité d’une durée de neuf mois .
L’imam Ismaïl a toujours rejeté les accusations d’incitation à la haine et d’antisémitimse. « Faire une invocation pour Gaza ne signifie pas être contre les Juifs. Nous sommes contre l’injustice », avait-il soutenu, il y a déjà quelques mois.
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