Edit Template
samedi 04 mai 2024

La chanteuse lyrique Narimène Bey face aux préjugés de l’opéra français

Narimène Bey

Diffusée jeudi dernier sur France 3 Paris Île-de-France, le documentaire « Narimène » de la réalisatrice Laure Pradal raconte une histoire sociale et artistique poignante. Le film raconte l’histoire de Narimène Bey, une musulmane montpelliéraine partie tenter sa chance à Paris pour vivre son rêve : devenir chanteuse lyrique sur les estrades de l’Opéra français. Zoom.

Professeure de français dans un collège montpelliérain, Narimène possède toutefois un don particulier : une jolie voix de soprano colorature acquise durant les cours de musique de son enfance. La jeune fille prend rapidement goût au chant et fait sa première interprétation publique de l’Air de la Reine de la Nuit dès l’âge de 16 ans.

Encouragé par ses professeurs, sa famille et ses rencontres, Narimène poursuit une formation lyrique en parallèle de son métier avant de tout plaquer pour partir à la conquête de Paris. Seulement voilà, la soprano est musulmane, voilée, issue d’une famille modeste et va devoir faire face aux préjugés du monde de l’opéra. C’est ce que raconte le documentaire de Laure Pradal sur la chanteuse lyrique.

D’Epinal à la scène de Bercy

Arrivée à l’âge de 3 ans en France d’Algérie, Narimène grandi à Epinal dans un environnement social très précaire. C’est grâce à sa mère, passionnée de musique, que la jeune fille trouve sa « voix » à travers le chant, plus précisément le chant lyrique.

Inspirée par son histoire touchante et particulière, la réalisatrice Laure Pradal suit Narimène durant 2 ans, en 2022 et 2023. Des cours de chant en passant les formations lyrique et les auditions, la jeune femme est volontaire, tenace et tente l’impossible pour faire carrière en France malgré les obstacles et les portes fermées à cause du port de son voile :

« Une scène d’opéra est un espace public et à ce titre, ne peut accueillir une chanteuse portant un voile »

Une fin de non recevoir maintes fois entendue dans le parcours fastidieux de l’artiste d’Epinal. Des obstacles qui n’empêcheront pas Narimène de gravir les échelons. Elle a partagé la scène de Bercy avec l’artiste Kery James en décembre 2019. En 2022, elle faisait partie des 10 finalistes du Concours International des « Voix lyriques d’Afrique » qui s’est déroulé au Palais de la Porte Dorée.

L’opéra en France « pas très très ouvert d’esprit »

« Elle ose, fonce, bouscule nos repères et préjugés » commente Laura Pradal, dans son documentaire, ce malgré les discriminations récurrentes du milieu de l’opéra. Dans une séquence durant un dîner organisé par le pianiste Philippe Allègre, et son association Piano Passion, pour lequel elle vient de chanter, Narimène souffle : « l’opéra en France n’est pas très très ouvert d’esprit…mais je ne désespère pas ».

Selon l’artiste, l’herbe serait bien plus verte ailleurs en Europe. Lors de son expérience italienne, les stylistes de la production s’étaient “adaptés” à sa tenue sans états d’âme. A Londres, elle passe une audition avec succès dans la Saint-Gabriel Church. « Je rencontre des difficultés pour percer en France » confie la jeune femme, devant un jury français.

Dans l’obscurité des multiples refus, malgré l’enthousiasme devant ses prestations, quelques rares lumières jaillissent parfois. Narimène, pragmatique, entrevoit finalement une alternative : se produire elle-même.

« J‘ai une opportunité en Arabie saoudite avec le ministère de la culture pour être chef de chœur. S’il faut aller à l’étranger pour mieux revenir en France, pourquoi pas ? »

Le film “Narimène” de Laure Pradal a été projeté en avant-première au Cinemed, le 28 octobre 2023 au centre Rabelais. Il a été diffusé jeudi 25 janvier sur France 3/Île de France.

A lire aussi :

NEWSLETTER

PUBLICATIONS

À PROPOS

Newsletter

© Mizane.info 2017 Tous droits réservés.

slot777