Le génocide de Srebrenica s’est déroulé pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine entre 1992 et 1995, qui a causé plus de 100 000 morts, principalement des Bosniaques musulmans, et déplacé plus de deux millions de personnes. En juillet 1995, l’armée des Serbes de Bosnie a pris Srebrenica, une zone de sécurité selon l’ONU, et a massacré des milliers d’hommes et d’adolescents bosniaques musulmans. Environ 25 000 femmes, enfants et personnes âgées ont été expulsés de force. Ce massacre est le plus grand en Europe depuis le génocide juif de la seconde guerre mondiale et a été reconnu comme génocide par la CIJ et le TPIY. Le focus de la rédaction.
Le génocide de Srebrenica, survenu en juillet 1995 durant la guerre de Bosnie-Herzégovine, a vu plus de 8 000 hommes et enfants bosniaques massacrés par l’armée serbe de Bosnie sous le commandement de Ratko Mladić, avec l’appui des Scorpions.
Bien que Srebrenica ait été déclarée « zone de sécurité » par l’ONU, les 400 Casques bleus néerlandais présents n’ont pas pu empêcher le massacre, ce qui a valu aux Pays-Bas d’être jugés partiellement responsables en 2017. Ce massacre, le plus important en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, est reconnu comme un génocide par le TPIY et la Cour internationale de justice.
En 2005, les États-Unis ont appelé à un hommage solennel aux victimes et ont reconnu la responsabilité partielle de l’ONU. En 2015, le Parlement européen a condamné le génocide et s’est engagé à empêcher de telles atrocités à l’avenir. L’UE et son Haut représentant ont réaffirmé cette reconnaissance en 2021, tout en dénonçant les tentatives de négation et de révision de l’histoire.

Le génocide est perçu comme une partie d’une campagne de « nettoyage ethnique » menée par les Serbes pour créer un territoire « ethniquement pur » et réaliser la « Grande Serbie ». Le mémorial de Potočari, où des milliers de personnes se réunissent chaque 11 juillet, commémore les victimes. Cette date a été proclamée « Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis à Srebrenica » par l’ONU en mai 2024. L’identification des victimes et la poursuite des responsables se poursuivent, avec une quinzaine de personnes déjà condamnées, dont Radovan Karadžić et Ratko Mladić.
Après l’effondrement de la Yougoslavie, l’armée yougoslave et des groupes paramilitaires serbes ont mis en œuvre le plan de Slobodan Milošević pour créer une Grande Serbie en Croatie et en Bosnie. En Bosnie, les forces serbes ont mené une campagne de nettoyage ethnique pour intégrer des régions majoritairement bosniaques à la République des Serbes de Bosnie, entraînant massacres, viols et expulsions.
Srebrenica, cible majeure des Serbes, a été isolée progressivement dès avril 1992. Des forces serbes ont pris des positions stratégiques autour de la ville, menant des attaques et des sièges. En avril 1992, après des ultimatums et des attaques, les Serbes ont occupé Srebrenica, commettant des pillages et des meurtres. Une résistance locale s’est organisée, notamment à Potočari, où les villageois ont repoussé une attaque. Les forces serbes se sont retirées temporairement après la mort de leur chef, Goran Zekić, permettant aux Bosniaques de retourner dans une ville dévastée et de commencer à organiser leur défense.
Après la libération de Srebrenica, la ville reste assiégée et isolée, coupée des territoires contrôlés par la République de Bosnie-Herzégovine. Les forces serbes poursuivent les bombardements depuis la Serbie, utilisant des positions stratégiques et menant des offensives régulières contre les villages bosniaques.

Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a conclu que, d’avril 1992 à mars 1993, les Serbes ont soumis Srebrenica et ses environs à de multiples attaques, entraînant des expulsions, des meurtres et la destruction de villages bosniaques. La population de Srebrenica est passée de 9 000 à 60 000 habitants à cause de l’afflux de réfugiés, créant une situation humanitaire catastrophique avec des pénuries de nourriture, d’eau, de médicaments, et des conditions de vie inhumaines.
Bien que Srebrenica ait eu une importance stratégique pour les Serbes, certains attribuent le massacre à la haine raciale et à la vengeance pour les crimes de Naser Orić. Le jugement du TPIY indique que les attaques bosniaques sur des villages serbes étaient souvent des réponses au blocus serbe de l’aide humanitaire et aux attaques constantes. En dépit des conditions désespérées, les Bosniaques ont lancé des contre-attaques pour obtenir des vivres.
L’armée serbe a continué à réduire l’enclave de Srebrenica, isolant davantage la ville. En 1993, le général Philippe Morillon de la FORPRONU a promis protection aux habitants, forçant l’ONU à intervenir. Cependant, les forces serbes ont maintenu leur siège, empêchant l’arrivée de l’aide humanitaire et aggravant les conditions de vie.
En mars 1995, Radovan Karadžić a ordonné l’élimination des musulmans de Srebrenica et de Žepa. En juillet 1995, cette directive a conduit à l’opération « Krivaja 95 », aboutissant au massacre de 8 000 hommes et garçons bosniaques et à l’expulsion forcée de 30 000 femmes, enfants et personnes âgées.
Fin mai 1995, 400 Casques bleus ont été pris en otage par les forces bosno-serbes après un raid aérien de l’OTAN. Le 4 juin, le général Bernard Janvier rencontre secrètement le général Ratko Mladić pour obtenir leur libération. Mladić exige l’arrêt des frappes aériennes, et les otages sont progressivement libérés. Le 7 juillet, les forces serbes attaquent Srebrenica. Les soldats néerlandais de la FORPRONU demandent un soutien aérien de l’OTAN, qui n’arrive que le 11 juillet, mais les frappes sont rapidement abandonnées sous la menace des Serbes de tuer les soldats néerlandais.
Radovan Karadžić ordonne de poursuivre l’offensive, et Srebrenica est capturée sans résistance significative. Les forces bosniaques, affamées et désarmées, ne peuvent défendre la ville. Le 11 juillet, les forces serbes entrent dans Srebrenica, désertée par ses habitants. Environ 30 000 personnes se réfugient à Potočari, près de la base néerlandaise. La ville connaît alors des pillages, incendies, démolitions et assassinats.

À Potočari, environ 5 000 civils, dont au moins 300 hommes, s’étaient réfugiés à l’intérieur de la base de l’ONU, tandis que 600 à 900 hommes étaient dans la foule de 25 000 personnes à l’extérieur. Environ 15 000 autres personnes, dont un tiers étaient des combattants, se sont rassemblées à Šušnjari et ont tenté de briser le siège pour rejoindre le territoire bosniaque.
Les conditions à Potočari étaient désastreuses : manque de nourriture et d’eau, chaleur étouffante et terreur omniprésente. Les soldats serbes sont intervenus, perpétrant des meurtres, comme celui d’un enfant tué au couteau. Le 12 juillet 1995, des corps ont été découverts entassés derrière le bâtiment des « Transports », et à l’usine de zinc, des soldats ont tué plus d’une centaine d’hommes bosniaques et chargé leurs corps sur un camion.
À la tombée de la nuit, les cris, les coups de feu et les bruits terrifiants ont intensifié la terreur. Les soldats serbes ont extrait des gens de la foule et certaines femmes ont été violées, tout cela sous les yeux du bataillon néerlandais. Le lendemain matin, des récits de viols et de meurtres se sont répandus, augmentant la terreur parmi les réfugiés.
Le 11 juillet 1995, après la chute de Srebrenica, une colonne de 12 000 à 15 000 personnes, comprenant hommes, garçons et personnes âgées, se forme à Šušnjari pour tenter une exfiltration nocturne à travers un champ de mines. Les hommes, préférant le risque de la fuite à la capture par les Serbes, estiment leurs chances de survie plus élevées. Une partie armée en tête, deux tiers désarmés à l’arrière, ils sont affamés et peu équipés pour parcourir 55 km de terrain difficile jusqu’au territoire bosniaque.
Le 12 juillet, la colonne franchit les lignes serbes dans la vallée de Cerska sans affrontement, mais est ensuite embusquée à Nova Kasaba, Kamenica, Sandići et Snagovo. Les embuscades, avec armes lourdes, causent la mort de centaines, y compris des enfants et des personnes âgées. Les forces serbes poursuivent la colonne jusqu’au territoire bosniaque, accusées d’avoir utilisé un gaz incapacitant.

Une partie réussit à atteindre Konjević Polje, mais après le passage du premier groupe, la zone est bouclée, piégeant ceux qui restent. Les Serbes, utilisant des armes de l’ONU, attirent les Bosniaques avec de fausses assurances de sécurité, les capturant pour la plupart. Beaucoup sont exécutés sur place, d’autres pris individuellement ou en petits groupes. La traque dure des semaines, tuant un nombre indéterminé de Bosniaques tentant de fuir.
Le 13 juillet 1995, entre 4 000 et 6 000 prisonniers, principalement des civils incluant des garçons de 13 ans et des hommes âgés, sont dépouillés de leurs effets personnels à Bratunac. Le général Mladić leur promet un échange de prisonniers, mais sur place, ils subissent des interrogatoires brutaux, des tortures cruelles et des exécutions sommaires pendant la nuit.
Le 14 juillet, ces prisonniers sont transportés vers plusieurs sites au nord où des exécutions massives sont perpétrées. Les conditions de détention sont inhumaines, sans nourriture ni eau, menant à des morts par déshydratation. Les sites sont équipés de bulldozers pour creuser des fosses communes. Les prisonniers, les yeux bandés et les mains menottées, sont alignés et abattus par rafales d’armes automatiques. Les survivants sont tués à bout portant. Les massacres se poursuivent les 15 et 16 juillet.
Les exécutions les plus meurtrières ont lieu à plusieurs endroits, y compris derrière l’école Vuk Karadžić à Bratunac, à Nova Kasaba, dans la vallée de Cerska, à l’entrepôt de Kravica, à Orahovac, près du barrage de Petkovci, à la ferme militaire de Branjevo, au Centre culturel de Pilica, à Kozluk, et près de Konjević Polje et Nezuk. Des centaines de Bosniaques, y compris des femmes et des enfants, sont sommairement exécutés.

En plus des prisonniers rassemblés à Bratunac, de nombreux Bosniaques tentant de fuir sont capturés par les forces serbes et immédiatement exécutés.
En mai 2024, l’Assemblée générale des Nations Unies a désigné le 11 juillet comme Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide de Srebrenica, suite à une résolution de l’Allemagne et du Rwanda. Un programme de sensibilisation intitulé « Le génocide de Srebrenica et l’ONU » sera mis en place pour préparer le trentième anniversaire en 2025.
L’Assemblée condamne la négation du génocide et demande aux États Membres de préserver les faits via l’éducation. La cérémonie inaugurale inclura un événement commémoratif de haut niveau, organisé le 11 juillet 2024 par la Bosnie-Herzégovine.*
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