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France : la solidarité avec la Palestine sanctionnée par les banques ?

Depuis le début du génocide à Gaza, il y a deux ans, plusieurs établissements bancaires français ont accru les restrictions visant les soutiens du peuple palestinien, qu’il s’agisse d’associations militantes ou de simples particuliers. Dans le même temps, ces banques continuent, sans scrupule, de financer la colonisation israélienne.

Fermetures de comptes, virements refusés, contrôles systématiques… Depuis deux ans, des associations, collectifs et citoyens engagés en solidarité avec le peuple palestinien dénoncent une série de blocages bancaires en France. Le phénomène concerne des mouvements militants, mais aussi des ONG et des particuliers œuvrant dans le cadre du droit humanitaire.

Des blocages bancaires qui se multiplient depuis 2024

Depuis 2024, plusieurs témoignages indiquent que des plateformes de collecte comme GoFundMe ont gelé des millions d’euros destinés aux civils palestiniens. Les établissements bancaires invoquent systématiquement l’application des règles de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT). Pour les ONG et personnes touchées, ces pratiques s’inscrivent « dans une dynamique de criminalisation de la solidarité avec la cause palestinienne ».

Fin 2024, les témoignages étaient déjà nombreux, notamment de clients de la Banque postale et de la Caisse d’épargne affirmant avoir subi le blocage de transferts vers la Cisjordanie et Gaza. L’Association France Palestine solidarité (AFPS) le confirme. « Ce qui passait il y a quelques années ne passe plus. Chaque envoi doit maintenant être adossé à une convention détaillée, avec budget et objectifs », souligne Anne Tuaillon, présidente nationale de l’association.

Au Sénat, la parlementaire écologiste Raymonde Poncet-Monge a interrogé le ministre de l’Économie. « Existe-t-il une directive visant les associations pro-palestiniennes ? » Le gouvernement a assuré que non. Selon lui, seules prévalent les règles générales de vigilance bancaire. Ces réponses n’apaisent pourtant pas les inquiétudes. « Si aucune consigne n’existe, pourquoi ces blocages se multiplient-ils depuis 2024 ? », interroge Anne Tuaillon.

« Est-ce que vous me soupçonnez de financer le terrorisme ? »

À Rennes, l’affaire concernant la Dre Catherine Lescolan avait aussi fait scandale. Partie en mission médicale à Gaza fin 2024, elle avait contribué, en collaboration avec le consulat de France, à évacuer des enfants blessés et à accueillir des réfugiés. En septembre 2025, elle reçoit une lettre recommandée du Crédit mutuel de Bretagne annonçant que ses comptes, ainsi que ceux de son mari, seraient fermés sous soixante jours. Aucune justification écrite.

« Nous avons demandé pourquoi : silence,. Puis, après médiatisation, le directeur général nous a appelés, évoquant des “petites opérations” suspectes. Un virement de 30 euros à une traductrice, un chèque de 50 euros de l’AFPS pour des déplacements, 400 euros à un ami franco-palestinien en difficulté… Tout avait un lien avec la Palestine. »

Elle questionne alors son banquier : « Est-ce que vous me soupçonnez de financer le terrorisme ? » La banque est finalement revenue sur sa décision. « Mais sans jamais délivrer d’explication écrite », précise Catherine Lescolan.

Des banques complices de la colonisation israélienne

En parallèle, les grands groupes bancaires continuent de financer des entreprises engagées dans la colonisation israélienne. Le dernier rapport de Don’t Buy Into Occupation est, sur ce point, accablant. Entre 2021 et 2024, environ 180,3 milliards d’euros auraient été accordés en prêts et souscriptions à 58 sociétés actives dans les colonies. Parmi les financeurs : BNP Paribas (28,1 milliards), Crédit agricole (22,77 milliards) ou Société générale (12,63 milliards).

On y retrouve aussi des acteurs directement impliqués dans les blocages visant des structures solidaires en France : BPCE, maison mère du Crédit coopératif (3,33 milliards), Crédit mutuel (2,35 milliards) ou La Banque postale (plus d’1 milliard). Ces financements soutiennent des entreprises comme Alstom, Siemens, Caterpillar, Airbnb ou Booking.com, toutes citées par l’ONU pour leur rôle dans l’implantation illégale de colonies israéliennes.

En somme, tandis que la Cour internationale de justice juge l’occupation israélienne illégale et que l’ONU alerte sur un risque de génocide des Gazaouis, les banques françaises ferment, « par peur du risque », des comptes d’ONG et de citoyens cherchant à aider les Palestiniens, mais continuent d’alimenter un système de colonisation considéré comme illégal au regard du droit international.

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