La lecture demeure un outil essentiel pour lutter contre l’addiction aux écrans. Selon le Docteur en neurosciences, Michel Desmurget, « lire rend nos enfants plus intelligents » et aucune autre activité n’offre des effets « aussi larges, profonds, unanimes et transversaux » que la lecture.
Dans son ouvrage Dans la fabrique du crétin digital, Michel Desmurget, docteur en neurosciences, alerte sur l’impact nocif des écrans sur le cerveau des enfants. L’exposition numérique entraîne des effets délétères sur leur sommeil, mais aussi sur les interactions familiales essentielles au développement du langage, un socle indispensable pour apprendre à lire.
Après la sortie de son livre, il a exploré la littérature scientifique pour identifier les activités favorisant l’intelligence. Il en a recensé plusieurs : musique, art, sport, jeu. Mais une seule domine nettement : la lecture. « je n’en ai trouvé aucune qui ait des effets aussi larges, aussi profonds, aussi unanimes et surtout aussi transversaux que la lecture », précise le chercheur.
Lire façonne notre intelligence sociale et émotionnelle
« La lecture va vraiment influencer toutes les autres compétences. Elle a des effets majeurs sur le langage, l’imagination, la créativité, l’expression écrite. Plus nous lisons, plus nous savons structurer notre pensée, organiser nos idées. Et plus les enfants lisent, plus ils sont à l’aise à l’oral aussi », explique le neuroscientifique.
Lire développe l’intelligence, augmente le QI, mais façonne aussi notre intelligence sociale et émotionnelle : « les chercheurs parlent de simulation sociale et ce qui est intéressant, c’est que ce sont les mêmes réseaux neuronaux qui vont s’activer, la façon dont le cerveau va réagir à un sentiment, à une émotion réellement vécue qu’à une émotion vécue dans un bouquin ».
Toutes les lectures ne se valent pas
Les bienfaits de la lecture sont multiples, mais sont-ils identiques sur papier ou sur écran ? Pour le neuroscientifique, auteur de Faites-les lire !, le papier reste largement supérieur. Sur un téléphone ou une tablette, l’enfant risque d’être distrait par des hyperliens ou des notifications provenant des réseaux sociaux. Une autre raison avancée par le chercheur est l’unité spatiale propre aux livres papier, qui facilite la mémorisation de la chronologie et de l’organisation des événements. Cela permet de construire plus aisément une représentation mentale du récit.
Toutes les lectures ne se valent pas. Lire un magazine ou un blog n’a pas les mêmes effets sur la construction cognitive qu’un roman. Les études montrent que la fiction littéraire influence davantage le développement intellectuel et langagier d’un enfant que les magazines ou les BD.
Michel Desmurget l’explique par le fait qu’« on met plus d’informations dans un chapitre de livre au niveau langagier, notamment au niveau connaissances, que dans une bulle de manga. Il ne s’agit pas de dire que les enfants ne doivent pas lire des magazines, des mangas ou des BD, mais si la diète de lecture de l’enfant n’est composée que de ce type de lectures, alors il ne moissonnera pas tous les effets bénéfiques de la lecture ».
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Sensibiliser très tôt les enfants à la lecture
Il recommande aux familles de sensibiliser très tôt les enfants à la lecture. « Les études montrent qu’il faut lire des histoires aux enfants le plus tôt possible. Entre trois et six mois, on a plein d’effets positifs. Il existe même des études avec des prématurés montrant que dès la naissance, cela a des effets positifs sur les interactions, les émotions, la dynamique familiale ».
Il insiste également sur l’importance de continuer à leur lire des histoires le plus longtemps possible, même lorsqu’ils apprennent à lire. Il faut aussi veiller à ne pas les mettre en difficulté : « donner aux enfants des livres qui sont en dehors de leur compétence, c’est le meilleur moyen qu’ils se cassent les dents, de les mettre en échec et de faire en sorte qu’ils soient à jamais dégoûtés de la lecture ».
