La justice française peine à retrouver la confiance des citoyens. D’après une étude réalisée par le service statistique du ministère de la Justice, moins d’un Français sur deux (49 %) affirme faire confiance à l’institution judiciaire. Il s’agit du taux le plus bas parmi les principales institutions publiques.
Une majorité de Français disent ne pas avoir confiance en la justice, selon une vaste enquête menée par le service statistique du ministère de la Justice auprès de 25.000 personnes dans le pays. Les critiques sont nombreuses : 86 % des Français considèrent que la justice est « trop lente », 74 % la jugent « trop chère » et 78 % la trouvent « peu compréhensible ».
Une justice trop lente, complexe et inéquitable
« Alors que l’expérience judiciaire personnelle est relativement positive, la perception globale de la justice ne l’est pas », souligne le service statistique du ministère dans une étude publiée le 30 octobre 2025. Ainsi, seulement 49 % des sondés déclarent faire confiance à l’institution. Un niveau « inférieur à celui d’autres institutions ».
Près de sept Français sur dix estiment qu’elle « ne traite pas tout le monde de la même façon » et 68 % qu’elle « n’est pas assez sévère ». Ce constat d’une justice perçue comme lente, complexe et inéquitable dépasse largement les frontières nationales. Seules 9,7 % des personnes interrogées affirment avoir « tout à fait confiance » dans la justice, selon l’étude parue en octobre 2025.
L’institution judiciaire est même la dernière du classement des principaux services publics français. Le niveau de confiance varie selon les profils. Moins de quatre jeunes sur dix de moins de 30 ans disent faire confiance à la justice, tout comme les personnes au chômage ou vivant en zone rurale.
L’interaction avec la justice renforce la méfiance
À l’inverse, les étrangers se déclarent étonnamment plus confiants : « être de nationalité étrangère multiplie par 2,8 la probabilité d’avoir confiance dans la justice », relèvent les auteures de l’enquête, Zakia Belmokhtar et Gabriela Caceres. Elles expliquent ce résultat par la comparaison avec des systèmes judiciaires « plus répressifs » dans les pays d’origine.
Mais une rencontre avec la justice ne renforce pas la confiance. Si 35 % des Français y ont déjà été confrontés, seuls 43 % en gardent une impression positive. Pourtant, 79 % estiment avoir eu le temps de s’exprimer et jugent le magistrat « juste » et « à l’écoute ». « L’appréciation positive de la rencontre avec le juge ne semble pas avoir d’influence sur le niveau de confiance des justiciables dans la justice », précise le rapport.
Même paradoxe concernant les critiques : « la justice est souvent jugée trop lente (86 %), chère (74 %), peu compréhensible (78 %), pas assez sévère (68 %) et inégale dans le traitement des citoyens (69 %) ». Parmi les pistes évoquées, quatre utilisateurs sur cinq demandent de « raccourcir les délais » et de « simplifier les procédures ».
Le numérisation ne facilite pas les choses
Autre facteur de rupture : le numérique. Alors que les démarches sont de plus en plus dématérialisées, 59 % des Français rencontrent des difficultés en ligne, un taux qui grimpe à 61 % chez ceux ayant fréquenté la justice. « Parmi ces derniers, 52 % de ceux qui n’ont pas de difficultés sur Internet sont confiants dans la justice, une part qui chute à 37 % pour ceux qui en ont », détaille le document.
Ainsi, même si la majorité des justiciables se disent satisfaits de leur situation personnelle, l’image générale de la justice reste très dégradée. Un autre baromètre, réalisé par l’Institut Paul Delouvrier, montre que, « en 2025, la justice et l’Éducation nationale sont les institutions au sujet desquelles les Français sont les plus critiques ».
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