Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé dimanche la création, d’ici 2028, d’une prison de haute sécurité de 500 places à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane. Elle sera destinée à accueillir des détenus condamnés pour narcotrafic ainsi que des détenus « radicalisés ». Plusieurs élus dénoncent un « Guantanamo à la française » et un « mépris coloniale vis à vis de la Guyane ». Explications.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a révélé dans les colonnes du Journal du dimanche la construction, d’ici 2028, d’un centre pénitentiaire de haute sécurité à Saint-Laurent-du-Maroni, au cœur de la Guyane. Cette future prison comptera 500 places.
Une mise en exil des narcotrafiquants
Ce projet a pour objectif, selon le garde des Sceaux, de « tenir durablement à distance les têtes de réseau du narcotrafic », à quelque 7 000 kilomètres de la capitale, où « ils n’auront plus la possibilité de communiquer avec leurs réseaux criminels ». Le ministre précise que « soixante places » seront réservées à ces profils « extrêmement dangereux » avec un régime carcéral très rigoureux, visant à les « neutraliser ».
Le site retenu s’étend sur plusieurs hectares de forêt amazonienne, à environ sept kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni. L’infrastructure s’inscrit dans la continuité du plan d’urgence prévu par les accords de Guyane de 2017, validé en 2023 par Éric Dupond-Moretti.
Parmi les 500 cellules prévues, une quinzaine accueilleront des détenus condamnés pour terrorisme ou fichés S, considérés comme « islamistes » radicalisés.
🚨🇫🇷⛓️ ALERTE INFO | Gérald Darmanin va emprisonner les narcotrafiquants et les islamistes les plus dangereux en plein cœur de la jungle amazonienne, en Guyane. pic.twitter.com/g53oz8MiV5
— Cerfia (@CerfiaFR) May 17, 2025
Accord de transfert avec le Brésil
Le projet s’insère dans une stratégie pénitentiaire visant également à expulser les détenus étrangers. En amont de cette annonce, Gérald Darmanin s’est rendu au Brésil pour échanger avec son homologue Ricardo Lewandowski en vue d’un accord de transfèrement. « Le Brésil et la France sont confrontés aux mêmes cartels, aux mêmes réseaux, aux mêmes routes. Cette lutte doit être menée conjointement », a-t-il souligné.
Cependant, cette annonce suscite une forte opposition. À gauche, plusieurs responsables politiques s’insurgent contre ce qu’ils considèrent comme un « symbole problématique ». Le député de Guyane Jean-Victor Castor estime sur les réseaux sociaux que cette prison répond « à la même logique coloniale que celle qui a mené à la création du bagne », et non aux véritables besoins du territoire.
« Ce dont la Guyane a besoin, ce sont des routes, des écoles, des hôpitaux, pas d’une prison de haute sécurité pour narcotrafiquants et détenus radicalisés », dénonce-t-il encore.

Un « Guantanamo à la française »
Même constat du côté de Marine Tondelier, qui critique « une symbolique très lourde » dans le fait de bâtir en Guyane une prison destinée à des personnes « dangereuses » venues de l’extérieur, voyant là « une référence historique troublante au bagne de Cayenne ».
Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, parle quant à lui d’un « Guantanamo à la française » et d’un « mépris colonial manifeste à l’égard de la Guyane ».
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2 réponses
pourquoi pas l’ile du diable a cayenne papillon doit se retourner dans sa tombe !
darmanin le suppletif facho
La Guyane est un département français comme un autre.
On peut donc y construire ce bel établissement sans arrières-pensées.
Et les racailles les plus dangereuses y seront en sécurité.