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Affaire Ben Haddou : la Trinité dément formellement l’accusation de racisme

Mohamed Ben Haddou, entraîneur du club de football de la Trinité dans les Alpes Maritimes n’a pas été reconduit à son poste de gardien du stade trinitaire en décembre dernier. Un comité de soutien s’est constitué et a lancé une pétition en ligne, dénonçant une décision motivée par des raisons racistes. Adjointe aux sports de la ville de Trinité, Virginie Escalier a répondu aux questions de Mizane.info. Elle dément catégoriquement tout racisme dans cette affaire qui relèverait uniquement de considérations administratives et budgétaires. Le zoom de la rédaction.

Mohamed Ben Haddou est l’entraîneur du club de football de la commune de Trinité dans les Alpes Maritimes depuis 1999. Sa participation et son implication ont permis au club d’avoir été trois fois champion de Côte d’Azur, deux fois champion de DHR, une fois champion de DH et de PHA. En décembre 2017, la mairie lui annonce qu’il ne sera pas reconduit dans ses fonctions de gardien des équipements sportifs de la ville pour des raisons budgétaires, décision entraînant une perte de salaire et de logement de fonction. Les soutiens de l’entraîneur dénoncent une décision raciste, en s’appuyant sur certains témoignages étayés dans un texte publié dans une pétition disponible en ligne adressée à la ministre des sports, Laura Flessel et au maire de La Trinité Jean-Paul Dalmasso.

Des témoignages accablants pour la ville

Les soutiens de Mohamed Ben Haddou ne croient pas en une restriction budgétaire. Selon eux, le poste d’entraîneur aurait été proposé à deux autres personnes « dont le fils d’un employé municipal ». Les actuels remplaçants seraient rémunérés « à hauteur de 150 euros par jour ». Quant aux accusations de racisme, elles s’appuieraient sur plusieurs témoignages. A commencer par celui de Mohamed Ben Haddou. « Vous comprendrez qu’avec ce qui se passe en ce moment sur le sol français, il est très difficile pour la commune de vous garder » lui aurait-il été déclaré par ses employeurs. Une insinuation aux vagues d’attentats et à la confession musulmane de l’entraîneur.

Mohamed Ben Haddou.

Selon la même source, deux dirigeants du club auraient témoigné que le 27 février dernier et le 7 mars, la municipalité leur aurait clairement expliqué au cours de réunions qu’il « y a trop d’arabes à la Trinité ». Président du Trinité SFC de juin 2017 jusqu’à sa démission en mars 2018, Philippe Caristo, qui est un ami de Mohamed Ben Haddou, se serait vu demandé par la mairie, juste avant sa prise de fonction, « de comptabiliser les femmes voilées qui viennent au stade, surveiller les vestiaires pour s’assurer que les joueurs n’y prient pas et respecter des quotas pour intégrer dans le club une majorité de trinitaires pour réduire le nombre de jeunes maghrébins ».

L’adjointe aux sports dénonce des « propos dégoûtants »

Contactée par Mizane.info, l’adjointe aux sports, Virginie Escalier dément formellement toutes ces accusations. « Ce n’est pas un licenciement, je le connais (Mohamed Ben Haddou , ndlr) depuis des années. Il a bénéficié d’un contrat de vacation renouvelable au maximum six fois pour son poste de gardien des équipements sportifs. Au bout de six années, les municipalités sont obligées de mettre un terme à ce contrat en raison de contraintes budgétaires et fiscales. Si cela n’était pas le cas, on aurait pu le garder. Il a été traité comme les autres agents dans la même situation. Le poste d’entraîneur, lui, ne relève pas de la municipalité mais de la gestion du club qui est sous régime associatif. Les deux situations ont été amalgamées dans cette affaire. Nous aurions pu l’accompagner vers d’autres postes similaires et vers d’autres collectivités. Mais Mohamed Ben Haddou a choisi la voie judiciaire dans le cadre du tribunal administratif pour abus de pouvoir ou d’autorité. Il est dans une position de refus. »

Virginie Escalier prenant la parole à une rencontre sportive.

Virginie Escalier nie par ailleurs catégoriquement toute forme de racisme dans cette affaire. « La municipalité dément la totalité des accusations. Le club de football est à l’image de la commune, avec un mélange social et culturel. Pourquoi aurait-on laisser M. Ben Haddou en poste ces six dernières années si nous étions racistes ? Ils arrivent à bout d’argument sur le plan du travail, du logement. Nous ne sommes pas racistes, aucune consigne en ce sens n’a été donnée. A bout d’arguments, l’ancien président agite le torchon dégoûtant du racisme. » Des accusations très mal vécues par l’adjointe aux sports qui les juge insupportables et irresponsables.

Des contacts rompus entre le club et la ville

Selon Mme Escalier, l’un des ressorts expliquant la colère des soutiens de M. Ben Haddou serait la frustration que le manque de ressources budgétaires entraînait pour l’avenir et l’évolution du club. « La ville verse au club une subvention de 26000 euros. Nous avons demandé un équilibre budgétaire entre les enfants trinitaires et les enfants hors commune pour que la subvention soit utilisée à cette fin. Or le club comporte 20 % de trinitaires pour 80 % d’enfants non trinitaires.

Le monastère de Notre-Dame de Laguet à Trinité.

M. Caristo prenait lui d’autres orientations avec des ambitions que nous ne pouvions accompagner financièrement. Nous ne souhaitions pas dépasser un certain volume de joueurs au club car il faut des sponsors, une mise en conformité des équipements, des ajustements sur les infrastructures des stades, tout cela nécessite des fonds que nous n’avons pas ». En 2017, 21000 des 27000 euros de la subvention ont été alloués au club. Le reste a été bloqué en raison de la divergence (stratégique) entre le club et la municipalité. L’adjointe aux sports confirme que la subvention sera reconduite en 2018 et que la ville souhaite maintenir le club de football. Mais, depuis, les contacts ont été rompus entre ce dernier et la municipalité.

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