La mission de maintien de la paix de l’ONU au Liban annonce suspendre temporairement ses patrouilles dans la zone frontalière avec Israël en raison du danger accru pour son personnel. Face à l’escalade des tensions dans la région, la pertinence et l’utilité de leur présence suscitent aujourd’hui de nombreuses questions. Le retour de la rédaction.
Les bombardements menés par Israël lundi sur le Liban ont causé la mort de plus de 500 personnes, dont 35 enfants, et blessé 1 645 autres, a annoncé le ministère libanais de la Santé lundi soir. Ces frappes constituent l’attaque la plus meurtrière au Liban depuis le début, il y a près d’un an, de la guerre entamée à Gaza.
La force de maintien de la paix au Liban (Finul) estime que le risque de bombardements intensifs de l’armée israélienne est trop élevé et a décidé, par précaution, que les casques bleus resteront dorénavant dans leur base.
Maintenir la paix en temps de guerre
Stationnée dans le sud du Liban depuis 1978 pour faire tampon avec Israël, la Finul est composée d’environ 10 000 soldats et 800 civils. En août, trois casques bleus avaient été légèrement blessés par une explosion à proximité de leur véhicule.
Le vendredi 20 septembre, un raid israélien à Beyrouth a coûté la vie à douze personnes, poussant l’Organisation des Nations unies à exprimer sa « profonde inquiétude » quant à la situation au Liban. Un colonel français explique le rôle de la Finul malgré « le contexte sécuritaire dégradé » :
« Malgré le contexte sécuritaire dégradé depuis octobre 2023, la Finul maintient la présence la plus visible et la plus active possible à travers les patrouilles et auprès de nos partenaires, au sein de la Finul, des Forces armées libanaises [FAL] et de la population libanaise »
« Ces militaires sont les garants de l’application de la résolution 1701. Ils jouent un rôle d’observateurs, ils sont les yeux du monde », explique une source militaire. Face à la recrudescence des tensions sur place et la suspension des patrouilles de la Finul, beaucoup s’interrogent sur son efficacité voir son utilité réel.
« Si Israël attaque, la Finul ne pourra pas l’arrêter »
En novembre 2023, alors que des échanges d’artillerie entre le Hezbollah et Israël avaient déjà secoué la frontière, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, rappelait que « la stabilité du Liban est une priorité absolue », en grande partie grâce au rôle de la Finul.
Toutefois, l’efficacité de cette force est questionnée en cas d’incursion israélienne, une menace fréquemment brandie par les autorités israéliennes. « Les soldats ne sont pas là pour s’opposer à quiconque, mais pour vérifier que la résolution de paix est bien respectée » explique une source militaire :
« Dans les faits, si Israël attaque, la Finul ne pourra pas l’arrêter, mais politiquement, Israël ne peut pas s’en prendre directement ou indirectement à une force de l’Onu »
Le bataillon français, composé de 700 hommes, dispose de capacités de surveillance de l’espace aérien et participe, par le biais des patrouilles aujourd’hui suspendu, à la mission d’interposition de la Finul, en vertu de la résolution 1701 depuis la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006.
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