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Sa’d Ibn Abi Waqqas, premier archer et dernier des émigrants

Converti à l’Islam dès l’âge de 17 ans, Sa’d Ibn Abi Waqqas fut considéré comme un commandant militaire hors pair, stratégique, et maître de soi, même durant les batailles les plus difficiles. Conseiller puis gouverneur, il déserta finalement l’ensemble de ses fonctions durant les grandes discordes.

Son nom est Sa’d Ibn Malik (Abi Waqqas) Ibn Wouhayb Ibn ‘Abd Manaf Ibn Zouhrah Ibn Kilab. Il est né à La Mecque en l’an 594. Sa’d Ibn Abi Waqqas était issu d’une famille noble et respectée. Son père, Malik ibn Wouhayb, était un homme influent de la tribu des Banou Zouhrah. Sa mère, Hamnah bint Sufyan, appartenait également à une famille aisée et honorable.  

Grâce à son milieu familial, il a grandi dans un environnement éducatif favorable mais la religion polythéiste des arabes Qoraichites et leur mode de vie ne le satisfaisait pas. Il estimait que leurs croyances étaient corrompues et leurs pratiques déplaisantes. Un matin, Abou Bakr vint à lui et lui expliqua que Mohammad Ibn ʿAbd Allah, le fils de sa défunte cousine Amina Bint Wahb, avait reçu une révélation divine et avait été proclamé Messager de la religion de la guidée et de la vérité.  

Ravi par cette nouvelle, Sa’d accompagna Abou Bakr jusqu’au Prophète ﷺ dans une des vallées de La Mecque. Saʿd Ibn Abi Waqqas répondit, avec enthousiasme, à l’appel de l’islam. Il fut parmi les sept premiers à se convertir alors qu’il n’était âgé que de 17 ans. Il fut également l’un des dix compagnons promis, du vivant du Prophète ﷺ, au Paradis. 

La foi inébranlable de Sa’d

Alors que le Prophète se réjouissait de l’entrée de Saʿd dans l’islam, il n’en allait pas de même pour certains de ses proches. Saʿd ibn Abi Waqqas raconte que sa mère, furieuse de le voir embrasser l’islam, tenta de le faire revenir sur sa décision en menaçant de se laisser mourir de faim et de soif. Malgré son amour pour elle, Saʿd refusa catégoriquement d’abandonner sa foi :

« Ô Mère ! Malgré tout l’amour que je te porte, mon amour pour Dieu et pour son Messager est encore plus fort. Par Dieu, même si tu avais cent âmes et que chaque âme devait s’éteindre l’une après l’autre, je ne délaisserais pas ma religion pour autant », répondit Sa’d à sa mère. Voyant qu’il restait ferme, malgré la mise à exécution de ses menaces, elle fini par céder et recommença à s’alimenter.

Son frère ‘Amir embrassa également l’Islam et prit part à la première émigration en Abyssinie tandis que Sa‘d préféra rester auprès du Messager de Dieu ﷺ pour faire face aux persécutions des Qoraichites. Il fut confiné avec la tribu des Banou Hachim, durant trente mois, au moment où ils furent éprouvés par la faim. Il émigra, par la suite, à Médine avec Bilal Ibn Rabah et ‘Ammar Ibn Yassir.

Fort attachement avec le Prophète ﷺ

Saʿd Ibn Abi Waqqas joua un grand rôle dans les batailles, au sein de l’armée musulmane, du temps du Prophète ﷺ comme après sa mort. Il combattit à Badr avec son petit frère ‘Oumayr qui tomba en martyr, dans cette bataille, avec treize autres musulmans. Lors de la bataille d’Ouhoud, Saʿd faisait partie de la minorité des compagnons qui défendirent le Prophète quand d’autres musulmans avaient déserté leur position.

Pour l’encourager, le Prophète ﷺ lui disait : « Tire Saʿd ! Que mon père et ma mère soient ta rançon ! ». A ce sujet, ʿAli Ibn Abi Talib rapporta qu’il n’avait jamais entendu le Prophète promettre une telle rançon à quelqu’un d’autre. Saʿd fut aussi le premier compagnon à avoir tiré une flèche pour défendre l’islam. A cet effet, le Prophète ﷺ pria pour lui : « Ô Seigneur ! Dirige ce tir et répond à sa prière ».

On rapporte que le Prophète ﷺ était heureux des liens de parentés qui l’unissaient avec Saʿd. Un jour, alors qu’il était assis avec ses compagnons, il le vit s’approcher et dit : « Voici mon oncle maternel ! Laissez un homme voir son oncle maternel ». L’amour du Prophète pour lui était tel qu’il lui rendit visite lorsque S’ad tomba malade durant le pèlerinage d’adieu.

L’arc de Sa’d ibn Abi Waqqas, exposé à Médine

Commandant hors pair de l’armée musulmane

Après le décès du messager de Dieu ﷺ, Sa’d fit parti de ceux qui épaulèrent Abou Bakr dans sa campagne militaire contre les tribus qui refusèrent de verser la Zakat. Abou Bakr l’engagea par la suite pour collecter l’ensemble des aumônes. Durant le califat de ‘Omar, Sa’d fut nommé commandant en chef de la puissante armée musulmane envoyé pour contrer les Perses à Qadisiyya.

Lorsque les soldats furent tous rassemblés à Médine, en vue de cette bataille décisive, ʿOmar consulta les chefs musulmans pour la nomination d’un commandant en chef qui dirigerait l’armée. Saʿd fut alors désigné et le grand compagnon, ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf, approuva cette décision en faisant son éloge : « Tu as bien choisi ! Qui est comparable à Saʿd ? ».

Le jour j, Sa’d tomba malade et conduisit la bataille, malgré la maladie, sur le toit d’un fort en ruine qui se trouvait sur les lieux de la confrontation. Les musulmans dépendaient totalement de lui, parce qu’il était de coutume de voir leur chef les mener. Durant la bataille, Sa’d confirma son habileté d’organisation de l’armée qui comptait trente-trois mille hommes contre cent-vingt-mille Perses.

Illustration de la bataille d’Al Qadisiyya

La bataille de Qadisiyya fut l’une des grandes batailles épiques de l’Histoire musulmane. Après la conquête de l’Irak, le Calife ‘Omar garda Sa’d auprès de lui comme conseiller à Médine puis l’envoya à la tête d’un groupe de compagnons, en Egypte, pour épauler ‘Amr Ibn Al ‘As.

Gouverneur de Koufa en Irak

Après la victoire de l’armée musulmane en Egypte, Sa’d Ibn Abi Waqqas fut nommé gouverneur de Koufa en Irak. Quelques années plus tard, les habitants d’Al-Koufa se plaignirent de lui auprès du calife ‘Omar pour une supposée méconnaissance dans la conduite des prières. ‘Omar le convoqua donc à Médine.

Dans un récit, S’ad répondit à la convocation et s’expliqua devant le calife : « Par Dieu ! je ne leur fais que la prière du Messager de Dieu. Je fais durer les deux premières rakâs et j’écourte les deux dernières », souligna t-il. ‘Omar approuva l’attitude de son compagnon et décida de le renvoyer à Koufa. « M’ordonnes-tu de retourner à un peuple qui prétendent que je ne sais pas bien diriger la prière ? » déclara alors amèrement Sa’d face à cette brimade populaire. Il préféra donc rester à Médine.

En l’an 23 de l’hégire, le Calife ‘Omar subi une attaque mortelle. Les gens lui demandèrent donc, dans la précipitation, de nommer le prochain calife. Sur ce, ‘Omar forma un comité restreint, composé des grands compagnons du Prophète ﷺ, pour élire son successeur. On compta parmi ce comité : ‘Othman Ibn ‘Affan, ’Ali Ibn Abi Talib, ‘Abdarrahman Ibn ‘Awf, Sa’d Ibn Abi Waqqas, Zoubayr Ibn Al-‘Awwam et Talha Ibn ‘Oubaydillah.   

Grande mosquée de Koufa en Irak, 1915

Quand ‘Othman devint Calife, il nomma de nouveau Sa’d comme gouverneur de Koufa. Il occupa ce poste pendant trois ans. Ensuite, après un différend avec ‘Abd Allah Ibn Mas’oud concernant la gestion du Bayt al-Mal (trésor public), il sera démis de ses fonctions. De retour à Médine, Sa’d décida de se retirer des affaires de ce monde. Il resta reclus dans sa maison d’Al-‘Aqiq, une zone située à l’ouest de Médine.

La mise en retrait de Sa’d durant les troubles

Lorsque les troubles éclatèrent contre le 3e calife, Sa’d ne sortit pas de son isolement. Selon une tradition, rapporté dans les Sounnan d’Al Timirdhi, Sa’d déclara au sujet des troubles de l’époque d’Othman : « Je témoigne que Mohammad ﷺ avait prévenu qu’il y aurait certes des troubles. Il a dit [à ce sujet] : Celui qui sera assis en ce temps-là sera meilleur que celui qui sera debout. Celui qui sera debout sera meilleur que celui qui marchera [lors de ces troubles]. Et celui qui marchera sera meilleur que celui qui courra ».

Après l’élection d’Ali comme calife après ‘Othman, Sa’d continua à vivre dans la solitude. Il alla jusqu’à ordonner à sa femme et ses enfants de ne rien lui rapporter sur les évènements qui secouèrent la communauté. Dans une tradition, Sa’d aurait déclaré : « Apportez une épée qui possède des yeux et une langue et qui m’informera qu’untel est un croyant et un autre un incroyant. Je me suis battu uniquement contre les négateurs jusqu’aujourd’hui ».

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Autres portraits de compagnons à lire :

‘Abdarrahman Ibn ‘Awf, une générosité sans limite au service de Dieu

Khadîja, la meilleure femme de la oumma

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Durant l’opposition entre le 4e calife ‘Ali et Mou’awiya, ce dernier envoya une lettre à Sa’d Ibn Abi Waqqas pour le convaincre de rejoindre ses rangs. Sa’d lui adressa alors cette réponse : « Je ne suis pas celui qui combattra un homme auquel le Messager de Dieu a dit : « Tu occupes vis-à-vis de moi le rang qu’Haroun occupait vis-à-vis de Moussa, sauf qu’il n’y a pas de prophète après moi » ».

Quand les combats prirent de l’ampleur entre l’imam‘Ali et Mou’awiya, les compagnons se scindèrent en trois groupes autour de cette opposition historique pour la communauté musulmane. Le premier groupe prit le parti d’Ali, le second celui de Mouʿawiya et un troisième groupe, composé notamment de Saʿd Ibn Abi Waqqas, ‘Abd Allah Ibn ‘Omar, Mohammad ibn Maslama et Oussama Ibn Zayd, optèrent pour la neutralité considérant que Mouʿawiya s’était trompé en refusant de reconnaître le califat d’Ali, mais qu’Ali s’était aussi trompé en levant ses armées contre Mouʿawiya. 

Un choix coûteux pour Sa’d qui aura des conséquences directes sur sa descendance notamment sur son fils ‘Umar Ibn Sa’d qui combattra, en l’an 67 de l’hégire, dans l’armée du gouverneur de la Syrie contre le petit fils du Prophète , l’Imam Al-Husayn Ibn ‘Ali, à Karbala.

Isolement de Sa’d durant les troubles

Les derniers instants de Sa’d Ibn Abi Waqqas

Sa’d Ibn Abi Waqqas décéda, en l’an 55 de l’hégire, isolé dans sa maison d’Al-‘Aqiq près de Médine. Sa prière funéraire fut accomplie dans la mosquée du Prophète et dirigée par Marwan Bin Hakam alors gouverneur de la ville. Les épouses du Prophète participèrent également à sa prière funèbre et il fut enterré au cimetière d’Al Baqi.

‘Abd Allah Ibn Zoubayr rapporte, au sujet de cet évènement, une anecdote relatée par ‘Aïcha qui indique la considération que portait la famille du Prophète pour Sa’d malgré sa neutralité durant les dissensions :

« Après le décès de Sa’d Ibn Abi Waqqas, les épouses du Prophète ﷺ demandèrent qu’on apporte sa dépouille à l’intérieur de la mosquée afin qu’elles puissent accomplir leur prière funéraire sur lui. Leur demande fut autorisé. On déposa donc la dépouille mortuaire devant les chambres des épouses du Prophète afin qu’elles puissent participer à la prière funèbre. » 

Saʿd vécut jusqu’à l’âge de quatre-vingt ans. Il fut le dernier parmi les émigrants mecquois (mouhajiroun) à rendre l’âme. Il disposait d’une grande influence ainsi que d’une grande richesse. Il fut considéré comme un commandant habile, calme, stratégique, et maître de soi, même dans les batailles les plus difficiles. Au moment de sa mort, il demanda à l’un de ses fils d’ouvrir une boîte dans laquelle il avait gardé une longue tunique de laine et dit : « Enveloppe-moi dedans. Je portais cette tunique le jour où j’ai rencontré les négateurs à Badr et c’est ainsi que je veux rencontrer Dieu Le Tout Puissant. »

Ibrahim Madras

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