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Khadîja, la meilleure femme de la oumma

Suite de notre série de portraits des figures fondatrices de l’islam post-prophétique. Qui était Khadija, la première épouse du Prophète ﷺ ? La réponse détaillée à lire dans cette chronique de Vanessa, publiée sur Mizane.info.

Khadîja, la noble, la pure

Khadîja était la fille de Khuwaylid ibn Asad et de Fatima bint Zayida, tous deux Quraychites ; Khadîja était ainsi d’ascendance noble et belle, elle avait hérité sa fortune de son père jusqu’à devenir une riche commerçante et de haute réputation à la Mecque. Elle épousa deux hommes avant le Prophète Muhammad ﷺ de qui elle eut deux ou trois enfants. Devenue veuve elle avait éconduit plusieurs hommes qui l’avait demandé en mariage et était surnommée « At-Tahira » la pure, avant même l’islam.

Rencontre avec le Prophète

Khadîja avait l’habitude d’employer des hommes pour s’occuper de sa caravane, qui ainsi voyageaient et vendaient la marchandise sous la direction de son serviteur personnel Maysara, tandis qu’elle restait à La Mecque superviser ces affaires et payer les employés, jusqu’au jour où elle embaucha le Prophète Muhammad ﷺ. Elle lui dit quand elle souhaita l’employer dans son commerce : « Il m’a appelée à t’envoyer, car on m’a parlé de la véracité de tes propos, de l’ampleur de ta confiance et de la noblesse de tes mœurs », comme le mentionne Ibn Ishaq.

Celui-ci vendit les marchandises avec un bénéfice double par rapport à d’habitude et elle le paya en conséquence deux fois plus, mais son attention se porta surtout sur des signes extraordinaires et une moralité éminente que lui rapporta Maysara au sujet de celui qui allait devenir le prophète de l’humanité toute entière. Elle fit part à son amie Nufaysa de son envie de l’épouser, qui agit en tant qu’intermédiaire avec le plus grand tact sans révéler cet attachement.

Ainsi le mariage fut célébré quinze avant avant le début de la prophétie, alors que le Prophète ﷺ avait vingt-cinq ans et Khadîjah quarante. La vie du couple fut très tendre, heureuse et paisible avant le début de la révélation et de cette union bénie naquirent six enfants, deux garçons qui moururent en bas âge puis quatre filles qui vécurent jusqu’à l’âge adulte.

L’épouse au soutien indéfectible dans la quête spirituelle de son mari

Khadîja fut la première femme et personne à croire en la Révélation descendue à Muhammad l’Envoyé d’Allâh ﷺ et embrassa spontanément l’Islam. Elle fut le premier soutien dans sa mission prophétique durant les moments les plus durs et lui apporta une aide considérable, elle se sacrifia pour la cause d’Allah tout le long de sa vie. On peut dire qu’avec elle le proverbe « derrière chaque grand homme il y a une grande femme » prend tout son sens.

Il faut méditer sur les différentes façons dont se manifestait ce soutien envers le Prophète ﷺ, et comment le fait de lui avoir destiné en premier cette femme est une véritable sagesse de la part d’Allâh : en effet la période mecquoise fut la plus éprouvante psychologiquement et face aux persécutions grandissantes des Qoraych avoir des soutiens de poids et de riches mécènes comme Abu Bakr ou Khadîja était la meilleure assistance qu’Allâh pouvait octroyer au Prophète ﷺ ; plus tard lors de la période médinoise où les commandements divins furent nombreux, Allâh a destiné des épouses savantes au Prophète ﷺ comme Aïcha, Hafsa et Umm Salama qui ont mémorisé le Coran, ont transmis nombre de hadith et ont fait l’ijtihad ; puis il a épousé des filles de chefs de clans ennemis comme Safiyya et Juwayriyya ce qui permit de consolider des alliances politiques et a même été la cause de conversion de la tribu de Juwayriyya ; ainsi tous ces mariages font parti d’un plan divin ayant amené énormément de bienfaits pour tous les musulmans.

Quant à Khadîja, premièrement elle le soutint lors de sa quête spirituelle peu de temps avant la première révélation lorsqu’il faisait ses retraites dans une grotte aux alentours de la Mecque, puis lors de ses moments de doute lors de la première révélation, en le rassurant sur sa moralité éminente, et sur la véracité du message divin qu’il reçut notamment en l’amenant chez son cousin chrétien Waraqa spécialiste des révélations divines.

L’éminence spirituelle et morale de Khadîja

Les paroles que Khadîja a prononcé pour rassurer le Prophète ﷺ dans son angoisse suite aux premiers versets que Djibril révéla dans la grotte de Hira sont emblématiques des hautes valeurs qui étaient celles de Khadîja avant même la Révélation :

D’après ‘Aïcha, le Messager d’Allâh revint en tremblant [après la première Révélation] auprès de Khadîja et s’exclama : « Couvrez-moi ! Couvrez-moi ! » On le couvrit jusqu’à ce qu’il se calma de son effroi. Il dit alors à Khadîja : « Khadîja ! j’ai eu très peur pour ma personne. » Et il lui raconta l’événement. Khadîja le réconforta en lui disant : « Mais non ne t’inquiète pas ! Par Allâh, jamais Il ne t’humiliera. Par Allah, tu maintiens les liens de parenté, tu dis la vérité, tu es endurant, tu enrichis les indigents, tu offres l’hospitalité et tu aides en ce qui est juste. » (Sahih al Boukhârî).

Le témoignage de l’Envoyé d’Allâh ﷺ lui-même résume ses qualités : « Par Allah, (…) elle a cru en moi quand les gens mécroyaient. Elle m’a secouru avec ses biens quand les gens m’en privaient. Et Allah m’a béni avec les enfants que j’ai eu d’elle alors que je n’ai pas eu d’enfant d’autres femmes. »

Sous inspiration divine il l’a qualifié de la meilleure des femmes (de son temps) dans ce hadîth : « La meilleure des femmes (de son temps) a été Marie ; la meilleure des femmes (de son temps) a été Khadîja. »

Souvenir et amour éternel

Victime du boycott implacable des dirigeants mecquois, les musulmans furent relégués près de trois ans durant dans une vallée désertique sans subsistance, ce qui laissa des séquelles indélébiles. Ainsi à peu de temps d’intervalle elle y mourut de même qu’Abu Talib durant la dixième année de la mission prophétique : cette année fut surnommée l’année de la tristesse. Elle fut enterrée à al-Hujun et le Prophète ﷺ descendit dans sa tombe, car à ce moment-là, la prière sur les défunts n’avait pas encore été instituée, non plus que les cinq prières canoniques : ces dernières furent en effet révélées lors de l’Ascension nocturne qui eut lieu peu après, et fut un prodige divin majestueux qui raffermit aussi le Prophète ﷺ suite à la perte de ses deux êtres chers.

Son amour a perduré de manière intense même après sa mort, même en présence de ses autres épouses comme Aïcha, qui a rapporté : « Le Messager d’Allah ne sortait presque jamais de la maison sans mentionner Khadîja et faire des éloges à son sujet.» Un jour cette dernière s’exclama : « On dirait qu’il n’existe pas de femmes dans le monde en dehors de Khadîja ! »

Le Prophète ﷺ perpétuait le souvenir de Khadîja non seulement en mentionnant ses sentiments – « Il m’a été donné son amour » disait-il – mais également en maintenant les liens avec ses proches après son décès. En effet il est mentionné dans un hadith authentique que lorsqu’il égorgeait un mouton, il disait : « Envoyez à ses amis, les amis de Khadija ». Un jour, il dit : « J’aime ceux qu’elle aimait. »

Annonce terrestre du paradis promis

La conclusion la plus magnifique est que Khadîja reçut des faveurs divines exceptionnelles.

A deux reprises l’ange Djibril est descendu spécialement pour elle, une fois pour lui transmettre la salutation d’Allâh le Majestueux et de sa part, une autre fois pour lui annoncer un palais grandiose au paradis.

L’Envoyé d’Allah ﷺ a dit : « Djibril m’a dit : Ô Messager d’Allah, voici Khadija qui vient à toi avec un plat de nourriture et de boisson. Lorsqu’elle viendra, transmets-lui le salut de son Seigneur et de ma part… »

J’ai demandé à Abdullah bin Abi Aufa : « Le Prophète (ﷺ) a-t-il annoncé de bonnes nouvelles à Khadija ? » Il répondit : « Oui, d’un palais en nacre (au Paradis) où il n’y aura ni bruit ni fatigue. »

Khadîjah fut sans doute divinement inspirée pour vouer au Prophète ﷺ un amour profond basé sur sa haute moralité et les signes avant coureur de sa prophétie, pour demeurer pour lui un pilier, un refuge et un soutien indéfectible dans toute sa vie mecquoise, allant jusqu’au sacrifice de toute sa fortune et de sa vie pour la cause d’Allah et de Son Messager.

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