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Kamel Kabtane : « Il y a une véritable ségrégation qui se met en place »

Dans un long entretien accordé à Mediapart, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, livre son désarroi face à la stigmatisation croissante de la communauté musulmane en France. « On est en train de nous exclure de la société, de faire de nous des parias », déplore le président du Conseil des mosquées du Rhône. Extraits.

Dans un entretien avec Mediapart, Kamal Kabtane, 81 ans, fait part de ses inquiétudes et de son désarroi face à une politique d’exclusion des citoyens français de confession musulmane. « Qu’est-ce que je peux faire de plus ? » se demande le recteur de la Grande Mosquée de Lyon.

« On est en train de nous exclure de la société »

Il y a quelques semaines, le président du Conseil des mosquées du Rhône s’était engagé pour défendre le groupe scolaire privé Al-Kindi, après la rupture de son contrat d’association avec l’État. Son intervention, pourtant importante, n’a pas reçu l’écho attendu.

« Quand j’ai plaidé pour le lycée Al-Kindi, je pensais qu’on allait prendre un minimum en compte ce que j’avais à dire. Un minimum de respect, de considération. J’ai l’impression de servir simplement de faire-valoir. »

Kamel Kabtane estime que la parole des représentant du culte musulmans « n’est plus audible, ni entendue ». « On est en train de nous exclure de la société, de faire de nous des parias. Il y a une véritable ségrégation qui se met en place », ajoute le recteur.

Grande Mosquée de Lyon

La politique du soupçon

Depuis plusieurs années, en France, les musulmans constatent l’essor d’une véritable « politique du soupçon ». Les fermetures de mosquées et d’établissements scolaires (Averroès en 2023 ou Al-Kindi en 2025) sont banalisées tandis que les actes islamophobes continuent de se multiplier. Kamel Kabtane analyse les éléments de bascule :

« Il y a eu des moments très difficiles [attentats], pendant lesquels nous avons subi et souffert. Est-ce que c’est une raison de mettre la communauté musulmane, dans sa globalité, au ban de la société ? Personne ne s’est dit qu’il fallait travailler pour faire société ensemble ? Vous avez entendu le ministre de l’intérieur : ses premières déclarations, c’est « rétablir l’ordre » et s’attaquer aux femmes voilées. »

« Tout le monde a peur »

Pour le président du Conseil des mosquées du Rhône, aujourd’hui « les voix musulmanes sont peu entendues car, aujourd’hui, tout le monde a peur ».

« Même nos responsables ont peur ! La moindre parole, le moindre écrit, peuvent être utilisés contre eux ou leurs institutions. On ferme des mosquées, on ferme des collèges, des lycées… Les gens se disent : « Il vaut mieux qu’on se taise et qu’on laisse le mauvais temps passer. »

Il pose notamment son regard sur les conséquences de la déliquescence politique actuelle vis à vis de l’Islam et des musulmans français :

« Je vois les choses se diluer. Que vous ayez un discours d’ouverture ou de fraternité, ça ne compte pas. Vous êtes musulman. Et le fait d’être musulman aujourd’hui, ça a une connotation. »

Il faut un cessez le feu

Un changement est-il encore possible ? Kamel Kabtane y croit à condition « qu’on nous fasse confiance ». Pour le moment, il estime que les personnalités musulmanes sont « surveillés comme le lait sur le feu » et plaide pour « un cessez-le-feu » face à une France divisée, dans « un grand mal-être ».

Des mots forts du recteur de la Grande Mosquée de Lyon, engagé maintenant depuis une cinquantaine d’année.

Une réponse

  1. Je vous en supplie, faites en sorte que la parole de cet homme soit entendue, accueillie et méditée; c’est un véritable appel à un indispensable changement de mentalité.

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