En 2024, les exportations d’armes françaises ont atteint 21,6 milliards d’euros, affichant une progression de 163 %. C’est la « deuxième meilleure performance historique » pour les exportations françaises d’armements, après celle de 2022. Les ventes d’armes vers Israël ont parallèlement atteint un pic inédit depuis huit ans, ce malgré le génocide en cours à Gaza.
L’année 2024 s’est révélée fleurissante pour l’industrie française de l’armement : avec 21,6 milliards d’euros de prises de commandes, Paris signe sa deuxième meilleure performance historique, derrière le record de 2022 (27 milliards). Le « pays des Droits de l’Homme » s’impose ainsi comme deuxième exportateur mondial d’armes, derrière les États-Unis.
Fournisseur d’armes vers des pays en guerre ?
Cette « bonne santé du secteur » repose sur plusieurs contrats stratégiques : les ventes de Rafale à l’Indonésie et à la Serbie, ainsi que la commande de sous-marins par les Pays-Bas. Dans un rapport publié cette semaine, le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu salue « une grande année européenne pour la France », rappelant que le continent représente à lui seul 60 % du carnet de commandes.
« Le besoin de certains pays européens de compenser des décennies de sous-investissement et de remplacer les matériels cédés à l’Ukraine offre à la France l’opportunité de nouer de nouveaux partenariats en matière d’armement », explique-t-il. La France est signataire de traités interdisant la livraison d’armes risquant de servir à des crimes de guerre ou à des attaques contre des civils. Malgré cet engagement, elle continue pourtant de fournir des équipements à des pays en guerre.
En mai 2019, le Quai d’Orsay qualifiait le conflit au Yémen de « sale guerre » et assurait ne pas livrer d’armes aux belligérants. Le rapport montre pourtant l’ampleur des ventes : 718 millions d’euros pour les Émirats arabes unis et 170 millions pour l’Arabie saoudite.
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— Rima Hassan (@RimaHas) September 5, 2025
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Les exportations vers Israël au plus haut niveau
Plus marquant encore : les exportations vers Israël atteignent en 2024 leur plus haut niveau depuis huit ans, soit 27,1 millions d’euros. « En 2024, six licences représentant 6,4 millions d’euros ont été délivrées pour du matériel ML5 (conduite de tir, surveillance et avertissement) et trois licences, soit 5 millions, pour la catégorie ML15 (imagerie ou contre-mesures) », détaille le rapport.
Selon Aymeric Elluin, responsable « Armes et peine de mort » à Amnesty International France, « ces éléments d’imagerie et de conduite de tirs sont indispensables à la conduite d’opérations terrestres ». Si le nombre de licences vers Israël diminue (75 en 2023, 50 en 2024), les montants explosent : 176,2 millions en 2023, 387,8 millions en 2024.
Entre 2013 et 2023, la France a vendu pour 200 millions d’euros d’armes à Israël. Sous Emmanuel Macron (2017-2023), les exportations atteignaient déjà 111 millions. La France reste ainsi le premier fournisseur européen d’armes à Israël.
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La révolte populaire des dockers
En juin 2025, un rapport de Disclose révélait que la France préparait une livraison d’équipements pour mitrailleuses destinés à Israël. Les dockers de Fos-sur-Mer avaient bloqué l’expédition de 14 tonnes de pièces détachées, produites par la société Eurolinks, basée à Marseille. La CGT avait également refusé de charger deux autres conteneurs remplis de tubes de canons, eux aussi à destination d’Israël.
L’ex-ministre des Armées Sébastien Lecornu assurait pourtant, le 6 juin dernier, que « la position de la France est on ne peut plus claire. Il n’y a pas d’armes vendues à Israël ».