Pistolets, fusils d’assaut ou mitraillettes : ces armes prolifèrent massivement, avec plus d’un milliard d’unités en circulation dans le monde. Ce constat alarmant a été révélé par l’ONU, ce lundi, lors d’un débat au Conseil de sécurité. L’organisation dénonce un « fléau planétaire ».
Elles ne font pas toujours la une des journaux, mais les armes légères tuent plus que les bombes. Plus d’un milliard d’armes légères circulent dans le monde, selon l’ONU, alimentant les crises sécuritaires qui ravagent plusieurs régions. Adedeji Ebo, haut représentant adjoint de l’ONU pour le désarmement, tire la sonnette d’alarme.
Un symptôme des crises de sécurité que traverse notre monde
« Leur prolifération est à la fois un symptôme et un moteur des multiples crises de sécurité que traverse notre monde », a déclaré lundi Adedeji Ebo. Derrière ces armes, c’est une économie florissante qui entretient les conflits : en 2023, les 100 plus grands groupes d’armement ont généré 632 milliards de dollars de revenus, tandis que les dépenses militaires mondiales ont grimpé à 2 700 milliards, en hausse de 37 % depuis 2015.
Les violations d’embargos, elles, continuent d’attiser les foyers de guerre — de la Libye au Yémen, en passant par le Soudan et Haïti. « Le fait qu’elles soient largement disponibles souligne la nécessité urgente de s’attaquer aux conséquences des armes légères et de petit calibre illicites, qui sont d’une portée considérable », a ajouté le responsable onusien.
🔴 #Sécurité : l'@ONU_fr alerte sur la prolifération des armes légères à travers le monde. Pistolets, fusils d'assaut, mitraillettes, plus d'un milliard d'armes légères sont en circulation. Conséquences: elles prolongent les guerres, nourrissent le crime organisé et rongent les… pic.twitter.com/3dQq4RYLTR
— AlterNews (@AlterNewsOnline) November 12, 2025
500 000 armes circulent en Haïti
En Haïti, territoire caribéen frappé de plein fouet, jusqu’à 500 000 armes circulent, dont moins de 10 % sont enregistrées. « Le trafic massif d’armes illégales constitue une source de grande préoccupation, malgré l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2022 », alerte Arnoux Descardes, directeur de l’ONG Volontariat pour le Développement d’Haïti (VDH).
Selon un récent rapport du Secrétaire général, un milliard d’armes à feu circulent aujourd’hui dans le monde. En 2024, elles ont été responsables d’un tiers des morts civiles dans les conflits, et 88 % des violences sexuelles liées à la guerre impliquaient une arme à feu.
Le constat est similaire sur le continent africain. Alors que le sénateur américain Marco Rubio vient de demander l’arrêt des livraisons d’armes aux Forces de soutien rapide, accusées de génocide au Soudan. Mohamed Ibn Chambas, haut représentant de l’Union africaine, dénonce des armes « utilisées pour déchaîner une violence et des souffrances horrifiques dans la région du Darfour ».
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Un manque de moyens et de volonté politique
Du Sahel aux Grands Lacs, la prolifération incontrôlée des armes continue d’alimenter les groupes armés et les trafics transfrontaliers. « Contrôler la prolifération des armes est une condition préalable à la paix durable et au développement. Notre responsabilité est claire : prévenir la fabrication illicite des armes, ou faire face aux conséquences d’une insécurité qui s’enracine », insiste Adedeji Ebo.
Malgré des initiatives internationales comme les opérations « Trigger » menées par Interpol, les violations d’embargos persistent. L’ONU appelle à renforcer la traçabilité des armes grâce à de nouvelles technologies, comme les traceurs chimiques. Certes, des solutions existent, mais elles manquent cruellement de moyens et de volonté politique.
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