Un ancien employé de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), Anthony Aguilar, a pour la première fois pris publiquement la parole pour accuser l’organisation israélo-américaine de complicité dans des « crimes de guerre » à Gaza. Il affirme, dans plusieurs médias, avoir été témoin direct de telles violations durant sa mission dans l’enclave Palestinienne. Focus.
Anthony Aguilar est un agent de sécurité américain. Pendant six semaines, il a travaillé pour UG Solutions, un sous-traitant de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), l’organisation – soutenue par les États-Unis et Israël – chargée de la distribution de l’aide alimentaire dans l’enclave palestinienne. Dans un témoignage exclusif, donné dans plusieurs médias dont France 24, il dénonce la « complicité » de son ancien employeur dans des « crimes de guerre » à Gaza.
« Je n’ai jamais vu un tel niveau de brutalité »
La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), chargée ces dernières mois de la distribution de l’aide alimentaire dans l’enclave, est au cœur de vives critiques, après la mort de plus de 1 000 Palestiniens à proximité de ses sites de distribution. Anthony Aguilar, ancien lieutenant-colonel dans l’armée américaine, a travaillé six semaines pour UG Solutions, un sous-traitant de la GHF.
À la BBC, mercredi dernier, il a affirmé avoir assisté, « sans aucun doute possible », à des « crimes de guerre » commis par les forces israéliennes. « Je (les) ai vu tirer sur une foule de Palestiniens, détruire une voiture remplie de civils » :
« Je n’ai jamais vu un tel niveau de brutalité et d’utilisation indiscriminée et non nécessaire de la force contre une population civile non armée et affamée. J’ai été déployé dans différents endroits dans le monde mais je n’ai jamais vu ça ailleurs qu’à Gaza, commis par l’armée israélienne et des contractuels américains. »
“Amir walked 12 kilometres to get food, got nothing but scraps, thanked us for it, and died.”
— Middle East Eye (@MiddleEastEye) July 30, 2025
Anthony Aguilar, former US soldier who worked for the GHF, explains that a Palestinian boy kissed his hands, thanking him for aid, and then was killed by Israeli forces moments later pic.twitter.com/pqFgryvmGw
L’histoire dramatique du petit Amir
Des sanglots dans la voix, il évoque l’histoire d’Amir, un enfant ayant parcouru 12 kilomètres pour récolter « des miettes » de nourriture, tué peu après par l’armée israélienne selon lui.« Il nous a remerciés pour les miettes qu’il avait reçues », raconte Aguilar. « Il a posé ses affaires par terre et ses mains émaciées, squelettiques et frêles sur mon visage, et il m’a embrassé et m’a dit thank you. Il a ensuite repris ses affaires, il est reparti dans la foule, et on leur a tiré dessus, à coups de gaz lacrymogène, de grenades et de balles ».
« Il s’est enfui, terrorisé. Et au moment où ils s’enfuyaient, j’ai entendu des mitraillettes. J’ai vu l’armée israélienne qui tirait sur la foule, et les corps qui tombaient par terre. Et j’ai vu Amir mourir », ajoute-t-il. À France 24, il affirme : « Des employés d’UG Solutions à Gaza utilisent des munitions non létales et létales de façon non autorisée. Et des gens sont blessés… Des Palestiniens sont blessés ». Des accusations que l’entreprise UG Solutions dément.

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« Les activités de la Fondation humanitaire de Gaza doivent cesser »
De son côté, l’ONU a récemment accusé l’armée israélienne d’avoir tué à Gaza, depuis fin mai, plus de 1 000 personnes tentant d’obtenir de l’aide, principalement à proximité des sites de la fondation GHF. En déplacement à Chypre, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré ce jeudi 31 juillet :
« Le système de distribution militarisé de l’aide humanitaire (…) a généré un bain de sang dans les points de distribution à Gaza, ce qui est un scandale, une honte et qui doit cesser ». Il a appelé à « la cessation des activités de la Fondation humanitaire de Gaza ».