La pauvreté s’installe durablement dans le quotidien des Français et affecte tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours populaire français (SPF). L’association publie son baromètre annuel qui met en lumière une situation jugée alarmante. Selon cette étude, près d’un tiers des Français déclarent rencontrer des difficultés pour se nourrir correctement. Récap.
Dans son 19e baromètre annuel publié jeudi, le Secours populaire français (SPF) révèle qu’un tiers des Français (31 %) peinent financièrement à accéder à une alimentation saine permettant trois repas quotidiens. L’association décrit « une situation sociale toujours très préoccupante » et souligne la dégradation des conditions de vie touchant surtout les plus vulnérables.
Un Français sur cinq se dit en situation de précarité
Malgré un recul de l’inflation, le tableau demeure sombre : un Français sur cinq se dit en situation de précarité (22%), un niveau toujours très élevé. Les causes sont multiples, allant de revenus insuffisants aux charges imprévues, en passant par un endettement persistant.
Les restrictions concernent aussi bien l’alimentation que les loisirs ou les déplacements, creusant les fractures sociales. « La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs ou la vie familiale », souligne Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.
Selon l’enquête, près de 40 % des personnes interrogées ont des difficultés à payer leurs factures d’énergie, tandis que la moitié renoncent à partir en vacances, même une fois par an. Ces chiffres illustrent un appauvrissement qui dépasse le simple pouvoir d’achat et affecte l’ensemble du quotidien.
Le désespoir des moins de 35 ans
57 % des Français connaissent aujourd’hui une personne de leur entourage vivant dans la pauvreté, et plus d’un sur cinq (22 %) dit être directement concerné au sein de sa famille. 34 % jugent réel le risque de basculer dans la précarité dans les prochains mois, et 59 % déclarent craindre de ne pas pouvoir faire face à un imprévu.
Par ailleurs, 64 % affirment ne pas pouvoir se permettre de sorties ou d’activités en famille (contre 28 % en 2010). Le rapport consacre cette année un focus aux moins de 35 ans. « Quinze ans après une première enquête, le constat est alarmant : les conditions de vie des jeunes se sont nettement dégradées », indique le SPF. La moitié des 18-34 ans interrogés disent ressentir de l’angoisse, 22 % du désespoir et 17 % de la colère face au présent comme à l’avenir.
« Particulièrement touchés, les jeunes voient leurs perspectives d’avenir freinées par l’urgence sociale », alerte encore l’association. Dans le détail, 40 % se disent insatisfaits de leur accès aux soins, 48 % rencontrent des difficultés à s’alimenter correctement (contre 29 % en 2010), et 56 % à accéder à des activités de loisirs ou culturelles (contre 44 % en 2010).
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La pauvreté ne se limite pas à des contraintes financières
Du côté des parents, 49 % disent avoir honte de ne pas pouvoir offrir ce qu’ils souhaitent à leurs enfants. Et 31 % des Français déclarent ne pas pouvoir acheter des produits sains pour faire trois repas par jour (contre 7 % en 2010). Réalisée par Ipsos en ligne entre le 26 mai et le 6 juillet 2025, l’étude a porté sur 1 000 adultes en France.
Les associations plaident pour une mobilisation collective afin d’endiguer ce phénomène. Elles rappellent que la pauvreté ne se limite pas à des contraintes financières, mais concerne aussi la santé, l’isolement social et l’accès à la culture. À l’échelle européenne, le constat est semblable.
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