Dans une autobiographie intitulée De La Haine à Hollywood, parue au Cherche Midi, l’acteur français naturalisé américain revient sur sa carrière, son rapport à la France et à l’identité française.
Découvert par le film culte de Mathieu Kassovitz, La Haine, en 1995, Saïd Taghmaoui nous livre une autobiographie singulière dans laquelle il explique son ressentiment envers le cinéma français .
Paru au Cherche Midi, son livre nous dévoile une personnalité sensible et déterminée.
Après une enfance passée dans la Cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois, l’acteur franco-américain commence une carrière dans la boxe anglaise, où il devient vice-champion de France en 1990.
Suite à cela, il fait ses premiers pas dans le groupe de hip-hop Assassin et se fait remarquer par Mathieu Kassovitz qui lui offre une chance de jouer dans son film.
La suite se corse, puisque malgré son César du meilleur jeune espoir masculin obtenu grâce à son rôle dans La Haine, sa carrière restera au même point, en France. Dans son livre, il exprime son regret face aux grandes choses qu’il aurait voulu réalisées pour le cinéma français.
“Longtemps, j’en ai terriblement voulu à la France de m’avoir autant ignoré. J’avais tant à lui donner. “
A l’instar de Vincent Cassel, ni Saïd Taghmaoui, ni Hubert Koundé n’ont eu le succès escompté malgré le retentissement considérable du film de Mathieu Kassovitz.
L’acteur explique son expérience minée par des discriminations raciales.
“ Pour des raisons qui tiennent autant à mes origines sociales qu’à des déterminants raciaux, à tout un héritage colonial qui, quoi qu’on en dise, continue à hanter nos consciences, j’ai été répudié sans ménagement. Mis à l’écart. “
La revanche américaine de Saïd Taghamoui
Laissé de côté par les réalisateurs français, Saïd Taghamoui connaît un succès franc aux Etats-Unis où on le croise notamment dans Les Rois du désert, Wonder Woman, G.I Joe : le réveil du cobra ou encore la série Lost.
Naturalisé américain en 2008, l’acteur précise tout de même qu’il n’avait, à l’origine, “ aucun désir d’Amérique, aucune fascination particulière. Pourquoi en aurais-je eu d’ailleurs ? J’avais la France comme terrain de jeux et pour moi, c’était le plus beau décor qui puisse exister. Alors, parce qu’il fallait bien vivre, que je ne pouvais pas rester à macérer dans mon ressentiment, j’ai pris le chemin de l’exil, la route de l’Amérique. “
L’acteur va plus loin en analysant, selon lui, le “ mythe du français de souche “, selon lui une “ construction de l’esprit qui repose sur des fantasmes de pureté totalement déconnectés de la réalité telle que nous l’a transmise l’histoire. Comment croire à cette fable quand pendant des siècles et des siècles, nos rois et reines se mariaient avec des régents espagnols, des monarques autrichiens, des princesses prussiennes, autant de sang étranger et d’enfants aux origines mêlées. “ « Ceux qui rêvent à une France uniforme, identique dans toutes ses singularités, ne l’aiment pas vraiment; ce sont en fait les fossoyeurs de l’identité française qu’ils prétendent vouloir préserver », ajoute-t-il.
Il est important pour lui de déconstruire certaines idées françaises qui perpétuent un “ système de caste qui étouffe le cinéma français et la société française en général “.
Saïd Taghmaoui confirme les leçons tirées de ses expériences et l’amour qu’il entretient toujours pour son pays de cœur, la France.
“Il n’y a aucune aigreur en moi, et s’il y a eu longtemps de la colère, avec l’âge elle tend à s’apaiser : ce livre en est la preuve. “