Les résultats d’une étude du journal La Croix, publiés ce lundi et menés par l’Ifop, dressent le portrait des 46 % de Français qui se disent catholiques, soit près de 30,5 millions de personnes. L’enquête met en évidence une différence nette entre les pratiquants réguliers et ceux engagés de manière occasionnelle.
Dans une vaste étude publiée ce lundi et menée par l’Ifop, La Croix examine en détail les pratiques des 46 % de Français se déclarant catholiques, soit près de 30,5 millions de personnes.
Les 46 % de Français qui se disent catholiques confirment la poursuite du recul de l’appartenance religieuse, même si le catholicisme demeure la première identité déclarée. Les pratiquants réguliers représentent 5,5 % des adultes, et 13 % de ces catholiques pratiquants proviennent de familles non pratiquantes.
6.5 millions de catholiques « engagés »
L’enquête Bayard–La Croix dresse un constat net : la majorité des Français se réclamant du catholicisme s’éloignent de l’institution ecclésiastique. Elle distingue ainsi les catholiques « irréguliers » des catholiques « engagés ». Les premiers héritent surtout de cette identité par leur famille et privilégient une pratique plutôt individuelle. Chez les seconds, la foi structure un engagement présent au quotidien.
On compte environ 6,3 millions d’adultes identifiés comme catholiques engagés, soit 12 % de la population. Parmi eux, 3 millions assistent à la messe au moins une fois par mois, illustrant une pratique qui « résiste à la sécularisation », observe Arnaud Bevilacqua, chef adjoint du service religion du quotidien La Croix. Au sein de ce groupe, les engagés « occasionnels » expriment en partie leur défiance : un tiers juge que la priorité du pontificat devrait être de « se réformer en profondeur pour regagner la confiance des fidèles ».
Une résistance politique au vote RN
Un tiers des « engagés réguliers » se disent proches de la gauche ou de l’extrême-gauche, tandis que quatre sur dix se reconnaissent dans la droite ou l’extrême-droite. « Il n’existe pas un ‘vote catholique’ unique mais des catholiques qui votent parfois très différemment », analyse le quotidien, qui note aussi « une relative résistance au vote RN » chez les réguliers.
« À mesure qu’il continue de reculer dans la société, (le catholicisme) se recompose autour d’un noyau de catholiques extrêmement engagés », explique Yann Raison du Cleuziou. Il décrit un « noyau dur » marqué par des pratiques plus traditionnelles, comme la messe en latin.
« Leur survie passe par l’opposé, poursuit le sociologue. D’où ce retour à une liturgie plus solennelle, à des pratiques spirituelles plus exigeantes, à une affirmation plus nette de leur identité catholique. » En conséquence, « la tendance est de rechercher des ‘safe spaces’ (…) comme une école hors contrat. »
Respect des croyants musulmans, inquiétude face à l’Islam
Les « engagés réguliers » se montrent aussi particulièrement actifs : 60 % ont déjà manifesté ou milité pour une cause soutenue par l’Église – un ratio inversé chez les engagés « occasionnels ». Ils affichent également des convictions plus tranchées : pour 40 %, être catholique signifie « rechercher la sainteté et lutter contre le péché » tandis que la majorité culturelle privilégie des valeurs de paix ou de partage.
Arnaud Bevilacqua relève enfin « un rapport ambivalent avec l’islam » parmi les répondants. Les résultats révèlent à la fois « un respect à l’égard des croyants musulmans » mais aussi « une sorte d’inquiétude sur le développement de l’islam en France ». Plus de huit sondés sur dix estiment qu’il « ne faut pas confondre la majorité des musulmans pacifiques avec quelques extrémistes ».
Les deux groupes interrogés s’accordent d’ailleurs sur un point essentiel : la conscience d’être devenus, en tant que catholiques, une minorité dans la société. Ce rapport à l’islam peut « réveiller la volonté de rendre plus visible la religion catholique » et de « vivre la foi d’une manière plus démonstrative ».
