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lundi 29 avril 2024

Prières dans des écoles à Nice : Lorsque des jeux d’enfants deviennent un enjeu politique

Cour de récréation Nice

Une semaine après l’alerte ultra médiatisée du maire de Nice Christian Estrosi, sur des imitations de prières musulmane dans des cours d’écoles élémentaires azuréennes, syndicats et parents d’élèves sont montés au créneau pour dénoncer une instrumentalisation qui « nuit à la vie en société ». Récit d’un nouvel emballement médiatique.

Les propos du maire de Nice puis des différents ministres du gouvernement sonnaient comme une alerte nationale et solennelle d’une nouvelle « dérive séparatiste ».

La dérive ? Une imitation de prière musulmane effectuée par une dizaine d’enfants, entre 8 et 9 ans, et une minute silence d’un enfant de 10 ans – en l’honneur du prophète de l’islam – dans trois écoles élémentaires publiques de Nice.

Des faits qui ont suffit pour déclencher une levée de bouclier politique et médiatique contre une dangereuse « tentative d’intrusion du religieux au sein des sanctuaires de la République ».

Radicalisation, séparatisme, Syrie…

Le 15 juin, dans une lettre publiée sur Twitter, Christian Estrosi écrit avoir été informé par l’inspecteur d’académie de « faits extrêmement graves ». Des enfants scolarisés en CM1 et CM2 auraient effectué une prière musulmane dans la cour de leur établissement durant leurs temps de pause.

L’un des élèves aurait, entre autre, organisé une minute de silence pour le prophète Mohammed. Un sacrilège qui vaudra d’ailleurs, à cet enfant de dix ans, une signalisation aux services de la préfecture pour suspicion de radicalisation. 

Pour ajouter à la dramaturgie, le maire de Nice évoquera la scolarisation des enfants de familles revenant de Syrie alors qu’aucun des enfants impliqués dans les faits rapportés ne sont concernés.

Pap Ndiaye, le ministre de l’Education, saupoudre l’affaire, dès le lendemain, en soulignant des actes « intolérable » survenus dans trois écoles primaires de Nice. L’emballement médiatique est lancé.

Une instrumentalisation de la laïcité

Quelques jours plus tard, plusieurs syndicats du corps enseignant dont, la CGT Educ’Action 06, la FCPE 06 et Sud Éducation 06, organisent une conférence de presse commune. Ils dénoncent à l’unanimité une « instrumentalisation de la laïcité à Nice ».

« Tout acte de prosélytisme à l’école et ce, quelle que soit la religion concernée est condamnable nous mettons en garde contre tout dévoiement et toute instrumentalisation de la laïcité visant à stigmatiser les populations de culture musulmane. »

Ils dénoncent notamment l’attitude dangereuse des politiques en exposant « les enfants, leurs parents et l’ensemble des communautés éducatives de ces établissements à un battage médiatique délétère qui les met en danger dans un contexte où les affaires de ce type sont régulièrement montées en épingle ».

Dans un communiqué commun, les organisations syndicales appellent à agir avec « apaisement et de stabilité » sans polémiques inutiles destinées à « alimenter un buzz politicien obscène sur le dos d’une partie de la population ».

Un jeu d’enfant présenté comme une infraction

Pour les représentants des parents d’élèves « un pas a été franchi ». Ils ont fait part de leur inquiétude face à un « un jeu d’enfant qui a été présenté comme une infraction ».

Les parents d’élèves confirment qu’une partie des faits relèvent bien du jeu et non d’une provocation religieuse « car à 8 ou 9 ans, en primaire, les enfants sont dans l’imitation, ils n’ont pas conscience de la portée de leur geste ».

Un témoignage recueilli récemment, sur BFM Côte d’Azur, de la grand-mère d’un des enfants (non musulmane) ayant participé à la prière collective vient corroborer les dires des parents d’élèves.

« Mon petit-fils faisait partie du groupe qui faisait une imitation de la prière. Il n’y avait intention, aucune religion au milieu. Avant que le maire ne tienne ses propos, il aurait mieux fait de vérifier ses sources. Stigmatiser des enfants, c’est lamentable. On n’a plus confiance dans les hommes politiques car tout est monté en épingle, tout prend des proportions incroyables et cela nuit à la vie en société ».

Beaucoup de bruits pour pas grand chose, conclut le témoignage. Effectivement, en fin de compte, ce fut un énième emballement médiatique « monté en épingle » aux conséquences désastreuses sur des enfants innocents et sur la cohésion nationale que, paradoxalement, nos incendiaires du monde politique prétendent vouloir préserver.

Ibrahim Madras

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