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Ousmane Timera : se rassembler pour Aboubacar Cissé, pour la Nation

« C’est par deux fois que l’on tue quelqu’un : par les armes et par le silence. » A la veille de la manifestation contre l’islamophobie, dimanche 11 mai à 14h Place de la Bastille jusqu’à Nation, Ousmane Timera partage avec nous un cri de conscience. A lire sur Mizane.info.

Aboubakar Cissé fut tué en raison de sa religion musulmane. C’est de l’Islamophobie. Et c’est pour éviter son second « meurtre » (celui du silence) que nous nous rassemblons ce dimanche 11 mai 2025. C’est de l’humanité.

Nous nous prenons la main, pour que nous fassions Nation, là où d’autres rêvent d’exclusion. Nous croyons en l’unité de la famille humaine et en la dignité partagée entre tous les enfants d’Adam. Mais l’indifférence et le silence, face à de tels crimes, préparent le retour d’un cauchemar que la France connaît trop bien : celui de sa propre trahison face à l’histoire.

On invoque 1940 et son « étrange défaite » comme un totem, sans voir qu’un mal semblable se répand aujourd’hui dans les veines de notre société. Le meurtre d’Aboubakar Cissé, en pleine prière, en prosternation dans une mosquée, révèle l’état avancé d’un cancer social : l’islamophobie.

Mais la feuille, disait le poète, ne tombe qu’avec le consentement de tout l’arbre. Et c’est pour sauver l’arbre de notre Nation que nous nous dressons aujourd’hui — comme un dernier rempart face aux eaux montantes du racisme et de la haine.

Hier comme aujourd’hui, c’est la nation toute entière, en ses fondements, qui est mise à l’épreuve. Et tout nous montre l’envie irrépressible d’une partie de l’élite politique, intellectuelle et médiatique française, de recommencer la même erreur fatale de 1940.

Il s’agit pour nous de déjouer un tel scénario. Nous, filles et fils de l’humanité qui respire ; nous filles et fils de la Résistance venue d’au-delà des mers et des frontières, pour sauver ce pays de ses vieux démons. Ces démons qui reprennent aujourd’hui des couleurs.

Nous crions le nom d’Aboubacar Cissé pour qu’il ne soit pas enterré deux fois. Nous crions pour que les « autres », qu’on tente d’exclure, sachent qu’ils sont pleinement des nôtres, dans ce pays qui a besoin de tous ceux qui y vivent. N’en déplaise aux nostalgiques de la colonisation et aux semeurs de rejet.

Eux n’ont de projet que l’exclusion. Nous avons, nous, un projet d’union. Et c’est là, dans ce choix, que l’Histoire et l’avenir de nos enfants nous regardent : l’Empire ou l’Humanité qui respire ? Tel est l’enjeu véritable.

Il est temps de sortir des chaînes coloniales qui empoisonnent nos regards. Il est temps de rompre avec les carcans identitaires qui nous rendent sourds à la souffrance des nôtres

Aboubacar Cissé n’était pas un simple « individu ». Son assassinat n’est pas un banal « fait divers ». Ce n’est pas une exception : c’est un symptôme. Celui de la banalisation du racisme, de l’islamophobie, et de toutes les logiques de déshumanisation qui tuent, peu à peu, l’uni-diversité de notre société.

Face à cela, l’indifférence est une complicité. La neutralité est une trahison. Ce rassemblement n’est pas le cri d’une seule communauté, c’est une alerte collective pour notre avenir à tous.

Cette mobilisation est un appel commun, une vigie dressée pour tous, même pour ceux qui ne se sentent pas encore concernés, comme pour les violences policières, avant — jusqu’à ce que le feu atteigne leur propre maison.

Nous nous rassemblons en tant qu’humainsen tant que citoyensen tant que consciences vivantes, porteuses de valeurs universelles, autour d’Aboubacar Cissé, assassiné par la haine, pour dire « plus jamais ça »pour changer le monde et la France, pour que l’humanité à nouveau respire.

Ousmane TIMERA

Philosophe, Islamologue,

Ancien chef de projet politique de la ville

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