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Nabil Ennasri doit être libéré !

Nabil Ennasri doit être libéré ! Mizane.info

Des intellectuels, universitaires, historiens, sociologues et politologues dénoncent dans une tribune exclusive publiée par Mizane.info la détention actuelle de Nabil Ennasri, seul protagoniste d’une affaire, qui n’a pas encore été jugée, à avoir été incarcéré en préventive depuis le 4 octobre 2023.

Voilà maintenant plus d’un an que Nabil Ennasri est emprisonné pour des faits relevant d’infraction économique. Depuis le 4 octobre 2023, son quotidien se résume à une cellule de 9 mètres carrés au sein de la maison d’arrêt de Villepinte (93), un des établissements pénitentiaires les plus surchargés de France présentant une surpopulation carcérale de près de 200%.

S’il ne nous appartient pas de nous exprimer sur le fond du dossier par respect du secret de l’instruction (disposition passablement violée de manière quasi régulière avec des fuites qui semblent « savamment » orchestrées dans la presse), le traitement infligé à M. Ennasri nous semble partial et loin de répondre à l’exigence d’égalité de traitement à laquelle devrait avoir droit tout justiciable.

Pourquoi en effet, est-il le seul à être incarcéré alors que tous les autres protagonistes de cette même affaire sont en liberté ? Pourquoi le priver de liberté, lui qui reste présumé innocent, père de trois enfants et qui, à la différence d’autres personnes impliquées, dispose d’un casier judiciaire vierge ? Pourquoi, alors que le placement en bracelet électronique avait donné lieu à un rapport positif dès le mois de mars, est-il toujours incarcéré alors que ce dispositif lui aurait permis de répondre à ses obligations judiciaires tout en assumant ses responsabilités familiales ?

Depuis son incarcération, Nabil Ennasri n’a eu de cesse d’alerter sur l’état de santé de sa mère dont la santé se dégradait de façon dramatique. En décembre dernier, il avait même entamé une grève de la faim pour dénoncer le régime d’exception qu’il disait subir tout en insistant sur le fait qu’il craignait plus que tout de voir sa mère quitter ce monde alors qu’il restait en détention. Ses craintes ont malheureusement pris forme puisque sa mère est décédée il y a quelques jours.

Nabil Ennasri a appris cette triste nouvelle alors qu’il était en pleine audition, la troisième devant le juge d’instruction.

Malgré l’ampleur de la dévastation qui a été la sienne, l’administration pénitentiaire a refusé son extraction afin qu’il puisse se recueillir au chevet de sa mère défunte. Preuve de l’intransigeance d’un système dont on peine à comprendre la logique et la cohérence, le Juge des libertés et de la détention a décidé de prolonger sa détention.

Alors que notre système judiciaire se fonde sur le principe fondamental que la liberté est le principe et que l’incarcération reste l’exception, cette décision de prolongation a été rendue la veille des obsèques de sa mère.

Il est à cet égard sidérant de constater combien la justice peut sur le cas de M. Ennasri faire preuve d’une sourde sévérité quand dans d’autres situations objectivement bien plus graves, les personnes impliquées restent en liberté sous simple contrôle judiciaire.

Du procès du viol de Mazan en passant par les sulfureuses affaires politico-financières impliquant certains ministres ou chefs d’entreprise, les cas sont légion où en dépit de charges accablantes, le passage par la case prison est rarement de mise.

Présumé innocent, détenu depuis plus d’un an, bouleversé par une situation familiale déchirante et soumis à un différentiel de traitement aussi inexplicable qu’abusif, le cas judiciaire de Nabil Ennasri interroge lourdement. Qu’est-ce qui explique un tel acharnement ? Serait-ce son profil, ses engagements passés, son origine de classe voire sa confession qui poseraient problème ?

Le simple fait de soulever ce genre de questions que de plus en plus de citoyens se posent suffit à démontrer combien l’institution judiciaire présente des failles qu’il faut d’urgence combler. Et ce, afin de garantir véritablement l’état de droit et l’égalité de traitement pour tous.

Premiers signataires :

Alain Bertho, Professeur émérite d’anthropologie 

Faiza Ben Mohamed, Journaliste 

Saïd Bouamama, Sociologue

Houria Bouteldja, Militante politique QG Décolonial, essayiste

François Burgat, politologue et ancien directeur de recherches au CNRS 

Ismahane Chouder, Enseignante et formatrice 

Olivier Da Lage, Journaliste

Elias d’Imzalene, Urgence Palestine

Samy Debah, Enseignant 

Karima Direche, Historienne, directrice de recherche CNRS 

Baudouin Dupret, Universitaire, directeur de recherches CNRS

Georges Franco, Artiste, peintre

Rayan Freschi, Chercheur CAGE International

Vincent Geisser, Universitaire, directeur de l’IREMAM

Alain Gresh, Journaliste 

Rachid Id Yassine, Sociologue

Fateh Kimouche, Journaliste, fondateur du site Al Kanz 

Olivier Le Cour Grandmaison, Universitaire

Ziad Majed, Politologue, universitaire franco-libanais

Nadia Meziane, Collectif Lignes de Crêtes

Marwan Muhammad, Statisticien, écrivain

Saïdi Nordine, Membre de Bruxelles Panthères

Christophe Oberlin, Chirurgien, écrivain 

Thomas Pierret, Politiste, chargé de recherches CNRS

Ali Rahni, Militant associatif et politique 

Geneviève Rail, Professeure émérite, Montréal, Canada

Jocelyne Rajnchapel-Messaï, Membre de l’UJFP (Union juive française pour la paix)

Fabrice Riceputi, Historien 

Catherine Samary, Chercheuse en économie politique 

Pierre Stambul, Enseignant retraité, porte-parole de l’UJFP

Daniel Vanhove, Auteur, militant pour la cause palestinienne – Bruxelles

Dominique Vidal, Journaliste, essayiste

Sofiane Meziani, écrivain, professeur, doctorant en philosophie 

Gabriel Hagaï, rabbin

6 réponses

  1. Qu’Allah fasse miséricorde à la mère de Nabil et qui déverse les torrents de la patience sur lui.

  2. Il n’est pas acceptable que Nabil continue d’être le seul incarcéré alors même qu’il est présumé innocent. C’est abjecte et cela soulève des questions sur l’impartialité de la justice française.

  3. Il serait bien d’avoir sur cette affaire l’avis des nombreux soutiens médiatico-politiques à Boualem Sansal arrêté et incarcéré en Algérie depuis le 16 novembre 2024 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ».

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