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lundi 29 avril 2024

Les joueurs doivent refuser le règlement antimusulman de la FFF

Le nouveau règlement établi par la Fédération française de football (FFF) interdit aux joueurs de confession musulmane de jeûner le mois de Ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam. Ce règlement inique doit être rejeté par les joueurs. Un éditorial de Fouad Bahri.

La France durcit le ton et confirme plus que jamais son orientation antireligieuse et antimusulmane. Sur le plan sportif cette fois-ci. La Fédération française de football (FFF) vient donc d’établir un nouveau règlement obligeant les joueurs sélectionnés en équipe de France à rompre leur jeûne au nom de la laïcité.

La communication inexacte de Philippe Diallo

Le président de la FFF Philippe Diallo s’en est expliqué au Figaro en ces termes. « Je suis à la tête d’une fédération qui a des statuts, et l’article 1 veille au respect du principe de neutralité, c’est-à-dire de faire en sorte que la religion n’interfère pas sur le sportif », explique-t-il. « On a été attaqué pour ça par des collectifs, et il se trouve que le Conseil d’État nous a donné raison, confirmant le bien-fondé de notre démarche. »

« Concrètement, ça veut dire que nous ne modifions pas les conditions d’exercice de nos sélections pour des critères religieux. Ce message, je l’ai passé à toutes les sélections et je souhaite qu’il soit respecté. Ce qui est le cas jusqu’à présent, avec ce principe, reconnu y compris par les autorités religieuses, qui consiste à dire que lorsque vous êtes en sélection nationale et en compétition, il est possible de décaler votre pratique ». Et de conclure : « Donc il n’y a dans mon approche aucune stigmatisation de qui que ce soit, il y a un respect absolu des convictions de chacun. Mais quand on est en équipe de France, on doit respecter un cadre. »

La sortie de la laïcité

Cette communication du président de la FFF est mensongère de bout en bout. Lorsque Philippe Diallo explique que « la religion ne doit pas interférer sur le sportif », il ment sciemment car les joueurs de confession musulmane retenus par la sélection nationale n’ont jamais refusé de s’entraîner ou de jouer. Ils réclament seulement la possibilité de rompre leur jeûne brièvement et de pouvoir s’alimenter après.

Même chose, lorsque le président de la FFF commente cette décision d’un « il y a un respect absolu des convictions de chacun« . Qui peut le croire lorsque tous les messages envoyés par lé Fédération sur les problématiques liées à la religion sont des messages hostiles, des messages d’interdiction et d’exclusion.

Ce fonctionnement d’aménagement ne pose pourtant aucun problème dans tous les pays du monde, sauf en France. Pourquoi ? Parce que, malheureusement, une fuite en avant laïciste et antireligieuse dicte la conduite de nos dirigeants qui n’acceptent pas symboliquement cette nouvelle France musulmane qui monte, qui remporte des victoires pour l’équipe nationale et qui fait vivre et exister sa spiritualité et ses valeurs.

La France ne peut pas être musulmane !

La France ne peut pas être musulmane, voilà le message lancée par les dirigeants de la FFF dans la lignée du gouvernement et des instances nationales. Ce problème ne concerne pas seulement le football, d’autres sports et sportifs ont été confrontés à cette intolérance à l’islam dans le cadre de sportives portant un bandana ou un hijab.

Les joueurs de l’équipe de France, qu’ils soient musulmans ou non, doivent donc refuser catégoriquement ce règlement et s’y opposer. Il y va de leur liberté et de leur dignité. S’ils acceptent aujourd’hui ce règlement islamophobe, demain ils subiront d’autres atteintes à leur dignité et à leur liberté. La constitution française garantit la liberté de conscience. Justifier cette interdiction du jeûne au nom de la laïcité est un autre mensonge.

Mahamadou Diawara (à gauche).

En réalité, il faut tirer les conséquences de la politique menée par les institutions françaises. Soit la France n’est plus un pays laïque, et les citoyens ne sont donc plus tenus à un quelconque droit de réserve public en la matière, soit la laïcité, dont l’article 1 de la loi de 1905 garantit pourtant la liberté de conscience, est abrogée, caduque et la liberté religieuse officiellement proscrite au nom d’une religion laïque agnostique ou athée.

Un combat pour la liberté et la dignité

Si la France ne respecte plus et ne garantit plus la liberté de conscience, comme sa trajectoire politique des trente dernières années nous permet de l’établir à la lumière des lois, décrets et arrêtés en tout genre interdisant le voile, le burkini et aujourd’hui le jeûne, alors la France n’est non seulement pas un pays laïque mais a fortiori n’est pas un pays de libertés religieuses. Il faut alors prendre la mesure de la réalité politique de ce pays et mener un combat résolument citoyen pour défendre ces libertés qui sont fondamentales pour les croyants de toutes confessions.

Ce combat, les joueurs de confession musulmane ne doivent pas le mener seuls mais doivent pouvoir compter sur le soutien de leurs compatriotes de toutes obédiences. Les joueurs de l’équipe nationale n’ont pas besoin de leur sélection nationale pour vivre. Ce sont leurs clubs qui leur permettent de vivre financièrement de leur pratique sportive.

Mahamadou Diawara, un exemple à suivre

En revanche, la FFF a besoin de ses joueurs musulmans pour faire briller la sélection nationale. Les joueurs sont en donc en position de force contrairement à ce qu’ils peuvent penser. Tout se joue sur le plan psychologique. Seule une arrogance et une intolérance débridée ont mené les instances actuelles à s’arroger le droit de dicter ce que doit être le contenu de la conscience des joueurs musulmans.

Si les joueurs se laissent faire, ils mériteront leur traitement et les traitements futurs qu’ils subiront et que leurs successeurs subiront aussi car le mépris et l’indignité ne s’arrêtent jamais en cours de route. Ces derniers prennent tout ce qu’ils peuvent prendre. A l’approche des J.O, une grève des joueurs suffira à renvoyer définitivement ce règlement dans les oubliettes de l’histoire d’une honte nationale qui n’en finit plus de ronger la conscience nationale.

Mahamadou Diawara a montré le chemin et l’exemple. A lui seul, il a redoré le blason de la dignité musulmane et de la dignité humaine de son équipe en disant NON à l’intolérable. Que son exemple soit suivi pour qu’une nouvelle ère du sport français émancipé du racisme et de l’islamophobie ne soit plus un rêve mais devienne une réalité.

Fouad Bahri

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