La conférence sur la question palestinienne, co-organisée par la France et l’Arabie Saoudite à l’ONU, s’est conclue après deux jours de débats. Quatorze pays, dont la France, le Canada et l’Australie, ont appelé « les pays du monde » à reconnaître un État palestinien. Malgré l’enthousiasme suscité par la position du Royaume-Uni, le sommet s’est terminé sur un bilan mitigé, sans avancée concrète pour les Palestiniens. Récap.
La conférence sur la question palestinienne et la solution à deux États s’est clôturée au siège de l’ONU à New York, après deux jours d’échanges. Co-présidée par la France et l’Arabie saoudite, elle n’a abouti qu’à des déclarations de principe, jugées par certains comme « porteuses d’un élan positif », mais restées purement symboliques, sans effets concrets pour les Palestiniens.
La reconnaissance sous condition du Royaume-Uni
La déclaration du Royaume-Uni reste le point central de ces deux jours de discussions. Le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, a déclaré que son pays reconnaîtrait un État palestinien dès septembre, à moins qu’Israël ne mette fin à sa guerre génocidaire à Gaza. Le bureau du Premier ministre britannique, Keir Starmer, a confirmé : « Le Royaume-Uni va reconnaître l’État de Palestine en septembre, sauf si Israël prend trois engagements ».
Londres « reconnaîtra l’État de Palestine en septembre (…), à moins que le gouvernement israélien ne décrète un cessez-le-feu, ne renonce à l’annexion de la Cisjordanie et ne s’engage dans un processus durable pour une solution à deux États », a précisé Keir Starmer. Des exigences peu réalistes, pour Israël, qui devrait consolider la décision britannique.
« J’ai toujours affirmé que nous reconnaîtrions un État palestinien comme une contribution à un véritable processus de paix, au moment où cela aurait le plus d’impact pour une solution à deux États. Maintenant que cette solution est en péril, il faut agir », a expliqué Keir Starmer, ajoutant que cette reconnaissance devait s’accompagner d’une « démilitarisation totale du Hamas » afin que ce dernier « ne joue plus aucun rôle-clé dans les territoires palestiniens ».
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi 29 juillet que le Royaume-Uni reconnaîtrait l’État de Palestine en septembre prochain, sauf si Israël accepte un cessez-le-feu à Gaza, autorise l’aide humanitaire, renonce aux annexions en Cisjordanie occupée et engage… pic.twitter.com/Rqsd8guzg8
— AJ+ français (@ajplusfrancais) July 30, 2025
Un appel collectif au goût amer
Cette déclaration a été saluée par la France. Malte a également rejoint la démarche britannique en annonçant sa reconnaissance de l’État palestinien. Dans cet esprit, Paris a fait signer une déclaration baptisée « l’appel de New York », au côté de 14 pays, dont le Canada et le Portugal, qui ne reconnaissent pas encore officiellement la Palestine.
Le texte encourage cette reconnaissance, tout en soulignant la nécessité de normaliser les relations avec Israël et d’œuvrer à la démilitarisation du Hamas – des conditions que plusieurs pays jugent pourtant contre-productives. Le texte aborde notamment la condamnation des crimes de guerre israéliens, l’appel à une aide humanitaire massive, la critique de la colonisation mais aussi l’exclusion du Hamas, l’organisation d’élections sous un an, ainsi qu’une démilitarisation du futur État palestinien.
Dix-neuf pays, dont l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Égypte, ont signé cette déclaration. « C’est la première fois que des pays arabes majeurs appellent clairement au désarmement du Hamas et à son exclusion de la gouvernance », souligne une source diplomatique française. La suite devrait se jouer lors de l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre.
« Un État dont le peuple est occupé et colonisé, ça n’est pas un État »
Mais d’ici là, la situation à Gaza continue de se détériorer. Le diplomate algérien Amar Bendjama a exprimé sa frustration : « Ça peut paraître futile voire irréel de parler de tout cela. Comment parler d’un État quand Gaza est détruit et affamé, quand la Cisjordanie saigne ? » En effet, malgré les longues discussions tenues à New York, aucune mesure immédiate n’a été prise pour soulager la population palestinienne.
🇺🇳 ONU | Déclaration
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🔴 Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU :
« La création d’un État palestinien n’est pas une récompense, c’est un droit. »#ONU #Palestine #KronikInsights pic.twitter.com/QXZR1vohZ7
Les États-Unis, absents du sommet, ont même qualifié la rencontre de « conférence improductive et inopportune ». La déception est renforcée par l’absence de sanctions envers Israël, alors que plusieurs pistes étaient envisageables : embargo sur les armes, sanctions ciblées contre des ministres extrémistes, ou interdiction des produits issus des colonies. En écartant ces options, la France s’est privée d’un levier d’action majeur.
Enfin, des interrogations demeurent : que vaudra un État palestinien fragmenté par les colonies israéliennes ? Les réfugiés auront-ils un droit au retour ? La Palestine pourra-t-elle disposer d’une armée ou de forces de sécurité face aux agressions successives d’Israël ? Anne Tuaillon, présidente de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), reste lucide : « La reconnaissance de la Palestine, on la réclamait depuis longtemps mais elle est fictive », dit-elle.
« Si tout cela ne s’accompagne pas de la fin de l’occupation, de sanctions contre Israël, ça ne restera que des paroles. Des paroles qui font du bien, certes, mais des paroles qui n’apportent rien. Un État dont le peuple est occupé et colonisé, ça n’est pas un État ».
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