Dans le livre « La Sicile musulmane », paru aux éditions Albouraq, l’auteur Abderrahim Bouzelmate jette un nouveau pont entre l’Orient et l’Occident. Il explore le passé islamique de l’île et la richesse d’un héritage culturel souvent ignoré. L’auteur présentera son ouvrage, ce samedi 15 novembre, à la Grande Mosquée de Paris.
Sicile… Sicile… Le nom de ce petit bout de terre, à portée de coup de la botte italienne, charrie son lot d’évocations pittoresques. De l’Etna qui gronde aux collines de Corleone, l’imaginaire sicilien semble fait du rouge de la lave comme du sang des vendettas mafieuses. Un Parrain et un Volcan ? C’est tout ?
Et voilà qu’arrive Abderrahim Bouzelmate, professeur de lettres et passionné d’histoire. Après Al-Andalus, c’est sur la Sicile qu’il jette son dévolu pour rappeler aux lecteurs d’Orient et d’Occident, une nouvelle fois, leur trésor commun. « Sicile musulmane », oui. N’en déplaise à Madame Méloni, la Siqilîa chère à son cœur fut bien, au premier millénaire, nourrie par l’esprit de l’Islam.

L’ère des émirs de Sicile
En pleine mer méditerranée, les Aghlabides font de cette terre quasi promise leur royaume en 827. Elle devient vite carrefour fécond où se croisent savants, commerçants, voyageurs, mystiques et étudiants venus du Maghreb, d’Ifriqiya, d’Égypte, du monde latin et du Levant. Tous les ingrédients d’un âge d’or sicilien sont réunis. Et ce sont les musulmans qui passent en cuisine.
C’est l’ère des émirs de Sicile, les parrains d’une époque unique marquant l’essor de l’île : révolutions agricoles, découvertes et dialogues scientifiques, circulation de manuscrits et raffinement artistique. Parmi ces joyaux, le plus brillant est sans doute le cosmopolitisme d’une société vibrante de sa diversité : Arabes, Berbères, Grecs, Latins et Juifs tissent ensemble un héritage encore visible aujourd’hui.
Si Abderrahim Bouzelmate nous transmet, par le détail, les raisons d’un tel éclat sicilien aux reflets d’Islam, il montre aussi le processus qui mène à l’effacement progressif de cette mémoire musulmane. Une triste perte, si ce n’est une injustice pour l’histoire. Et l’auteur, par cet ouvrage, réveille tous ces souvenirs endormis, leur donne vie au passé et au présent.

Un livre qui bouleverse les aprioris figés
Avec Bouzelmate, l’histoire est vivante, reconnecte les cultures entre elles, bouleverse sans cesse les aprioris figés. Tout est dans le titre : « Sicile » ET « Musulmane ». Qui l’eut cru ? Encore une fois, pas Méloni ! Surtout, cette histoire déconstruit le mythe d’une Europe judéo-chrétienne où l’Islam n’est qu’immigrée tardive. Elle ravive la réalité d’un Occident frère (si ce n’est fils) de l’Orient, dont la culture et les idées ne pourront jamais se revendiquer sérieusement comme étrangères à l’Islam. Qui en doute jette un œil en Sicile…
Et pour que vive encore un peu plus la Sicile à l’heure de l’Islam, Abderrahim Bouzelmate sera ce samedi 15 novembre 2025 à 14h à la Grande Mosquée de Paris, pour présenter son ouvrage et faire découvrir au public son amour pour une île aux mille visages. L’entrée est gratuite sur inscription via ce lien.
