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Jean-Luc Mélenchon : « C’est l’État qui est laïc en France, ce n’est pas la rue »

La commission d’enquête parlementaire sur des liens supposés entre partis politiques et « réseaux » islamistes auditionnait, ce samedi, le chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon. Durant l’audition, dans un réquisitoire teinté de références historiques et philosophiques, le leader politique a balayé les multiples accusations formulées par la commission.

Auditionné par la commission d’enquête sur « l’entrisme islamiste », le chef de file de LFI était très attendu. Mais la séance s’est transformée en véritable bourbier pour les membres de la commission, ayant suivi la fausse bonne idée de Laurent Wauquiez, chef de file des Républicains (LR) à l’Assemblée nationale. Jean-Luc Mélenchon a calmement balayé toutes les accusations d’antisémitisme et de supposée complaisance avec des réseaux « islamistes ».

« Il n’ y a aucun lien entre nous et les islamistes »

Le fondateur de La France insoumise (LFI) était au centre de l’attention. La commission d’enquête, créée à l’initiative des députés LR, visait de façon à peine voilée à discréditer La France insoumise, accusée de « draguer » l’électorat musulman, de dénoncer le génocide à Gaza et de minimiser l’antisémitisme.

D’entrée, Jean-Luc Mélenchon plante le décor. « Nous avions décidé de vous boycotter. D’abord parce que l’intitulé de la commission était insupportable, on y mettait en cause notre parti ». Il rappelle, dénonçant la création même de la commission, que celle-ci « a déjà produit les documents qui nous innocentent absolument. Aucun responsable des services de renseignement ne dit qu’il y a un lien entre nous et les islamistes ».

Face à lui, le président de la commission, Xavier Breton (LR), et le rapporteur, Matthieu Bloch (LR), assurent que celle-ci « ne vise pas un parti politique en particulier ». Son objectif serait seulement de combattre « l’entrisme islamiste » en France. Mais qu’est-ce que l’entrisme islamiste ? Même le ministre de la justice, Gérald Darmanin, auditionné après Mélenchon, n’a pas été capable d’en donner une définition claire.

« La loi de 1905 n’est pas un athéisme d’État »

Déterminé à « démonter » les accusations répétées de la commission et soucieux de défendre « la laïcité républicaine », le chef de file de LFI a réaffirmé que son parti n’acceptera jamais « l’entrisme religieux ». À travers de longues digressions historiques, Jean-Luc Mélenchon martèle quelques principes : LFI est « laïque », mais « la loi de 1905 n’est pas un athéisme d’État », elle garantit à chacun la liberté de pratiquer son culte dans le respect d’autrui.

Selon lui, l’islamophobie – un terme qu’il revendique – a gagné du terrain en France, créant un climat délétère. Il alerte sur la confusion croissante entre islam, islamisme et terrorisme islamiste, alors que des millions de musulmans vivent en France. « Je reconnais l’existence d’une menace terroriste et il faut tout faire pour la combattre […]. Mais pourquoi ne s’inquiéter que des Frères musulmans ? », lance-t-il, s’étonnant que personne ne dénonce « l’ingérence extérieure » des Émirats arabes unis.

Jean-Luc Mélenchon reconnaît volontiers avoir évolué : sur la laïcité, sur le voile, et sur l’usage du mot « islamophobie ». Il affirme que le cheminement vers plus de tolérance qu’il a effectué envers le catholicisme s’est appliqué aussi à l’islam. À propos du voile, il estime qu’il relève de la liberté individuelle, et pour les mineures, de la liberté parentale. Réglementer la foi serait voué à l’échec : « Si vous voulez vous disputer avec Dieu, c’est perdu d’avance », prévient-il, visant la droite et l’extrême droite qui souhaitent encadrer le port du voile et le jeûne du ramadan.

Face aux « inquisiteurs de circonstance »

Au fil des échanges, la faiblesse des questions et des arguments de la commission apparaît de plus en plus clairement. Balayant les accusations d’antisémitisme contre LFI, Mélenchon affirme : « Je veux que chaque juif du plus modeste village de ce pays sache que, s’il a un problème, les Insoumis seront à ses côtés pour le défendre ».

Interpellé par la députée Renaissance Prisca Thévenot, il dit son « agacement de devoir sans cesse montrer patte blanche devant des inquisiteurs de circonstance ». Et ajoute : « Vous n’étiez pas née, j’étais en train d’aider des juifs à quitter l’URSS ». Il rappelle enfin que les membres de droite de la commission ont eux-mêmes côtoyé des intégristes religieux lors des manifestations contre le mariage pour tous, sans que personne ne le leur reproche.

« Si vous voulez interroger des gens qui ont des liens avec les terroristes, interrogez des membres du Rassemblement national », conclut-il, citant certaines auditions passées de responsables du renseignement.

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