Depuis la chute de Bachar al-Assad, l’armée israélienne s’est installée dans la zone tampon du plateau du Golan, en Syrie, en « violation » de l’accord de désengagement signé en 1974. « Israël a pris le contrôle d’environ 600 kilomètres carrés dans le sud de la Syrie », rapportent plusieurs médias locaux. Explications.
Quelques heures après le renversement du régime d’al-Assad, début décembre, des troupes israéliennes ont investi la zone tampon du Golan en Syrie. Ce territoire s’étend sur 500 km², soit une superficie équivalente à 150 % de la bande de Gaza. Actuellement, Israël semble décidé à s’établir durablement sur ce territoire, au grand désarroi des populations locales et dans l’indifférence de la communauté internationale.
Occupation temporaire ou éternelle ?
Selon le gouvernement israélien, la chute du régime Assad a laissé « un vide sécuritaire à la frontière israélienne et dans la zone tampon ». Il affirme que cette présence militaire est temporaire, en attendant des garanties de stabilité. Pourtant, le 9 décembre, le Premier ministre Benyamin Netanyahu déclarait que le plateau du Golan annexé faisait partie d’Israël « pour l’éternité ».
Le 13 décembre, le ministre de la Défense, Israël Katz, annonçait avoir ordonné à l’armée de « se préparer à rester » dans cette zone pendant tout l’hiver. Le 15 décembre, la Knesset a validé un projet visant à doubler le nombre de ces colons dans les secteurs sous contrôle israélien. L’ONU a dénoncé cette occupation de la zone tampon comme une « violation » de l’accord de 1974. Thomas Vescovi, doctorant en études politiques, explique :
« Pour Israël, aucun compromis n’est envisageable tant que ses opposants ne sont pas affaiblis, voire neutralisés. La stratégie consiste à frapper durement et à démontrer sa supériorité »
13 bases militaires israéliennes installées
D’après les médias régionaux, Israël a établi 13 bases militaires dans les zones occupées du sud de la Syrie. Par exemple, le village de Rasm Al-Rawadi, vidé de ses habitants, a été transformé en une forteresse inaccessible, sous peine de tirs israéliens. Les résidents d’Al-Hamidiyah, un village voisin, racontent des incidents similaires.
« Le premier jour, les soldats israéliens ont encerclé le village en criant dans des mégaphones : “Partez à Damas, votre pays est libéré par la Turquie” », relate Radwa Yehya, une agricultrice. Le 20 décembre, l’armée israélienne a indiqué avoir tiré sur les jambes d’un Syrien participant à une manifestation contre son occupation dans le village de Maariya.
Les Casques bleus absents
Les habitants syriens du Golan craignent que cette présence militaire ouvre la voie à une nouvelle phase de colonisation dans la région. Ahmad El-Shabib, un habitant proche des zones sous contrôle israélien, témoigne : « Ils ont bloqué les routes, détruit un puit, coupé les tuyaux d’eau et arraché les poteaux électriques. Ils ne comptent pas partir. »
Il s’interroge également sur l’absence des Casques bleus : « Cela fait deux semaines qu’on ne les a pas vus », déplore-t-il à propos de la Force des Nations unies chargée de faire respecter l’accord de désengagement de 1974.
Israël considère cet accord comme obsolète depuis le retrait des troupes syriennes des postes frontaliers. Il justifie son occupation par la nécessité de prévenir l’installation de « forces hostiles » le long des 80 kilomètres de frontière commune avec la Syrie.
A lire aussi :