Le conflit yéménite entre dans une phase décisive avec l’avancée récente des sécessionnistes du Conseil de transition du Sud (CTS), soutenus par les Émirats arabes unis, qui ont pris le contrôle de larges zones du pays, au détriment du gouvernement « légitimiste » soutenu par l’Arabie saoudite et des Houthis, faisant craindre une partition de fait du Yémen.
La guerre au Yémen entre dans une phase charnière, caractérisée par la consolidation de l’emprise territoriale des différents acteurs armés sur des zones bien distinctes du pays. Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où le Conseil de transition du Sud (CTS) a renforcé et structuré, avec le soutien des Émirats arabes unis, ses opérations militaires dans le sud et l’est du territoire, ravivant les craintes d’une fragmentation politique durable du Yémen.
Des évolutions majeures dans le sud du Yémen
Dans le sud du pays, région historiquement opposée aux Houthis, des évolutions majeures sont à l’œuvre, notamment la prise de contrôle de vastes étendues par les forces du Conseil de transition du Sud, appuyées par Abou Dhabi. Pour la première fois depuis plusieurs années, le camp sécessionniste gagne nettement en puissance, en concurrence directe avec la ligne défendue par le gouvernement dit légitimiste, soutenu par l’Arabie saoudite.
Selon des estimations publiées par le média Independent Arabia, la répartition du contrôle territorial serait désormais la suivante : 52 % du territoire sous domination du CTS, 33 % sous celle des Houthis, 10 % relevant du gouvernement reconnu internationalement, et 5 % contrôlés par les forces dirigées par Tareq Saleh.
Principale formation séparatiste, le CTS affirme exercer son autorité sur la quasi-totalité des gouvernorats du sud et de l’est. Il a récemment étendu son influence à des zones stratégiques comme l’Hadramaout et Al-Mahra, lui ouvrant l’accès à d’importantes ressources pétrolières.
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— GeoRossignol (@GeoRossignol) December 17, 2025
Yemen:Le Conseil de transition du Sud soutenu par les Émirats a informé les diplomates occidentaux que sera proclamé l'indépendance du Yémen du Sud.
Le Conseil a aussi contacté des responsables israéliens, s’engageant à reconnaître Israël et soulignant les intérêts communs.… pic.twitter.com/kwkOiXhKs7
Les émirats et Israël sous les radars
Le quotidien britannique The Times a par ailleurs rapporté que le Conseil de transition du Sud, qui revendique l’indépendance du sud du Yémen, aurait dépêché des émissaires pour rencontrer des responsables israéliens, leur indiquant que les deux parties partageraient un intérêt commun dans la lutte contre les Houthis.
Si le CTS se distingue par l’ampleur de son contrôle territorial, les rebelles houthis conservent toutefois la domination sur le cœur démographique du pays. Leur zone d’influence, estimée à 33 % du territoire, inclut la capitale Sanaa, des provinces densément peuplées comme Ibb et Dhamar, ainsi qu’une grande partie d’Al-Hudaydah, sur la côte de la mer Rouge.
Bien que plus restreinte géographiquement, cette région concentre l’essentiel de la population yéménite, ainsi que les principales institutions politiques et économiques. Le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale n’exerce, quant à lui, qu’une autorité morcelée sur environ 10 % du territoire situé dans le nord-est, ainsi que certaines zones du sud-ouest, comme Marib et de vastes secteurs de Taïz.
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Vers une recomposition des alliances internes ?
À l’ouest du pays, les forces de Tareq Saleh, alignées avec la coalition anti-houthie, contrôlent plusieurs portions du littoral de la mer Rouge. Malgré leur superficie limitée (5%) ces zones revêtent une importance stratégique considérable en raison de leur proximité avec le détroit de Bab el-Mandeb, passage clé du commerce maritime mondial.
Pour de nombreux analystes, la configuration actuelle constitue un tournant majeur du conflit. Selon plusieurs experts, ces évolutions pourraient remodeler en profondeur les équilibres internes et régionaux, voire conduire à une recomposition des alliances existantes.
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