Actuellement en Afrique du Sud, Francesca Albanese a qualifié les sanctions américaines, prises à son encontre, de « techniques mafieuses » visant à « salir » sa réputation. La rapporteuse spéciale de l’ONU y voit une tentative de discréditer son travail et ses critiques envers la politique des États-Unis dans le génocide à Gaza.
En juillet dernier, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a annoncé des sanctions contre Francesca Albanese, qualifiant de « partiales et malveillantes » ses critiques publiques à l’égard d’Israël et des États-Unis. De passage en Afrique du Sud, la rapporteuse spéciale a affirmé que les mesures prises par Washington visent à entacher sa réputation et l’empêchent de présenter son rapport sur Gaza au siège des Nations unies.
Les sanctions américaines sont un véritable affront
Francesca Albanese se trouve actuellement en Afrique du Sud – pays qui a déposé une requête pour génocide contre Israël devant la Cour internationale de Justice – afin d’assister à la conférence annuelle Nelson Mandela, prévue le 25 octobre. L’experte de l’ONU a déclaré, lors d’un entretien avec l’AFP, qu’elle présenterait son rapport à l’Assemblée générale des Nations unies depuis ce pays dans les prochains jours, les sanctions de Washington l’empêchant de se rendre à New York.
« Les sanctions que les États-Unis m’ont imposées constituent un véritable affront, non seulement pour moi mais aussi pour les Nations unies », a-t-elle estimé, les comparant à des « techniques mafieuses ». « Salir quelqu’un… pour le ou la dissuader de continuer à s’engager sur les questions de justice » a t-elle ajouté.
“I am the first UN official to be sanctioned. For what? For exposing a genocide?”
— sarah (@sahouraxo) July 12, 2025
—Francesca Albanese pic.twitter.com/002fw1DV9i
Défendre les victimes d’un génocide
« Je ne peux pas me rendre aux États-Unis », a déploré Francesca Albanese. « Mes avoirs ont été gelés. J’ai une fille américaine, mon mari travaille pour une organisation basée aux États-Unis et toute la famille en subit les conséquences », a poursuivi l’avocate italienne.
« Je me répète sans cesse qu’il ne s’agit pas de moi. (…) Il s’agit de défendre des gens qui sont victimes d’un génocide maintenant, et j’espère sincèrement que ce message continuera d’être entendu. »
Francesca Albanese, mandatée par l’ONU mais ne s’exprimant pas en son nom, fait l’objet de vives critiques d’Israël et de plusieurs de ses alliés pour avoir accusé l’état israélien de commettre un génocide à Gaza. « Je ne pense pas être clivante, mais il y a évidemment des gens très bien équipés et motivés pour ruiner ma réputation afin que ce message ne soit pas transmis », a t-elle souligné.
La complicité des États occidentaux
Dans une version préliminaire de son rapport, intitulée « Génocide à Gaza : un crime collectif » et publiée sur le site de l’ONU, Francesca Albanese dénonce ce qu’elle décrit comme « un système de complicité mondiale » des États occidentaux dans le drame gazaoui.
« Même lorsque la violence génocidaire est devenue visible, les États, principalement occidentaux, ont fourni et continuent de fournir à Israël un soutien militaire, diplomatique, économique et idéologique », écrit-elle. Ces États « pourraient et devraient être tenus pour responsables d’avoir aidé, assisté ou participé à des actes » illicites, ajoute l’experte des droits de l’homme dans ce texte.
Alors qu’une trêve fragile est actuellement en vigueur dans le cadre d’un accord visant à mettre fin à deux ans de génocide, Francesca Albanese estime que la communauté internationale et l’ordre multilatéral sont « mis à l’épreuve » : « Israël a poussé le monde à s’interroger sur sa capacité à prévenir un génocide, et jusqu’à présent, nous avons échoué ».
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