La solitude extrême des personnes âgées a bondi de 150 % en huit ans en France, touchant désormais près de 750 000 séniors en situation de « mort sociale ». L’association Les Petits Frères des Pauvres a alerté, mardi, sur la progression continue du nombre de plus de 60 ans privés de tout contact physique avec leur famille ou leur entourage.
Les personnes âgées sont de plus en plus isolées en France, alertent Les Petits Frères des pauvres dans une étude publiée ce mardi 30 septembre. En quatre ans, le nombre de seniors vivant en situation de « mort sociale » a progressé de 42 %, atteignant un record de 750 000 personnes en 2025, révèle l’association dans son troisième baromètre sur la solitude et l’isolement des plus de 60 ans.
Tous les indicateurs d’isolement social sont en hausse
C’est un constat préoccupant dressé par Les Petits Frères des pauvres dans un rapport. Deux millions d’aînés sont aujourd’hui privés de leur entourage proche, soit une hausse de 120 % en huit ans. Et 1,5 million déclare ne jamais voir, ou presque jamais, leurs enfants ou petits-enfants, contre “seulement” 470 000 en 2017.
Une personne âgée sur deux, soit neuf millions de Français, ne sort pas chaque jour de chez elle, surtout en zone rurale, observe l’association. Plus de quatre millions expliquent que leur solitude dure depuis plusieurs années, et un tiers disent n’avoir personne pour se promener ou parler de sujets personnels.
Les chiffres sont sans appel : presque tous les indicateurs d’isolement social sont en hausse depuis la première édition du baromètre en 2017. « On pensait que l’aggravation constatée en 2021 était un accident lié au Covid, qui avait replié les gens sur eux-mêmes, mais ce n’est pas le cas. On n’est pas revenu aux niveaux d’avant-crise », s’alarme Anne Géneau, présidente des Petits Frères des pauvres.
❗ Une situation alarmante : c’est ce que dévoile le 3e baromètre des Petits Frères des Pauvres sur la solitude et l'isolement des personnes âgées.
— Petits Frères des Pauvres (@PFPauvres) September 30, 2025
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Un lien social au point mort
Les liens avec les commerçants de proximité et les professionnels à domicile (soignants, aide-ménagères, facteurs) s’effritent aussi, avec moins d’un contact par mois pour 30 % des seniors (+2 points depuis 2017). En huit ans, la part des personnes âgées en « mort sociale » a doublé, passant de 2 à 4 % des plus de 60 ans, selon l’étude menée avec l’institut CSA.
Cette progression tiendrait à la croissance de la population âgée, mais aussi à l’impact « durable » du Covid-19 sur les relations sociales et à la montée de la pauvreté des seniors, avance l’association. « Une personne en “mort sociale” est coupée – ou quasiment coupée – de quatre principaux cercles de sociabilité : la famille, les amis, les voisins et les activités associatives, culturelles, sportives », détaille Yann Lasnier, délégué général des Petits Frères des pauvres.
« À part au cimetière, je n’ai plus personne »
Même l’isolement numérique, qui avait reculé pendant la pandémie, repart à la hausse. « Si l’épisode du Covid a pu favoriser et parfois même ‘forcer’ l’usage des outils numériques chez nos aînés, le taux de personnes âgées n’utilisant jamais internet est repassé de 20 % en 2021 à 27 % aujourd’hui », souligne Quentin Llewellyn de l’institut CSA.
« Ça fait un an et demi que je n’ai pas de nouvelles de mes enfants. S’il m’arrive quelque chose, qui va les prévenir ? À part au cimetière, je n’ai plus personne », témoigne Francine, 68 ans, dont la situation illustre parfaitement cette notion de “mort sociale”. En tenant compte du vieillissement de la population et sans mesures correctives, l’organisation redoute qu’un million de seniors ne se retrouvent dans ce cas d’ici 2030.