Dans un entretien publié jeudi par l’Agence Anadolu, Alexis Argyroglo, cofondateur de la librairie Petite Égypte, dénonce le gel de 500 000 euros de subventions municipales visant 40 librairies parisiennes. Cette décision, affirme-t-il, est intervenue après la mise en vitrine d’ouvrages consacrés à la Palestine. Plusieurs professionnels du secteur dénoncent une pression politique.
Le cofondateur de la librairie Petite Égypte, Alexis Argyroglo, affirme, dans un entretien accordé à l’Agence Anadolu, que le gel de 500 000 euros de subventions municipales, visant 40 librairies parisiennes, est une sanction politique pour avoir mis en avant des vitrines consacrées à la Palestine.
Dégradations et censure politique
Malgré plusieurs nettoyages, la vitrine de la Petite Égypte porte encore les marques de l’attaque du 15 novembre dernier. Ce jour-là, alors qu’une rencontre avec Francesca Albanese, rapporteuse de l’ONU, doit avoir lieu le soir même, Alexis Argyroglo découvre sa devanture maculée d’un message : « Albanese la putain du Hamas », accompagné d’une étoile de David.
« Le tout réalisé avec une peinture contenant une substance corrosive qui ronge le verre », déplore le propriétaire de cette librairie parisienne. Privé de soutien municipal, tout comme 40 autres librairies de la capitale, Alexis Argyroglo dénonce une censure politique liée, selon lui, à la mise en avant d’ouvrages sur la Palestine. Il assure que l’interprétation trompeuse du slogan « From the River to the Sea » alimente des accusations infondées.
Paris: des librairies dénoncent une #censure politique pour avoir mis en avant des livres sur la #Palestine. pic.twitter.com/u9f9NjsYqV
— Nouvelle Aube – Yeni Şafak Français (@nouvelleaubefr) December 11, 2025
Une quarantaine de librairies sanctionnées
Il alerte aussi sur une dérive plus large où des enjeux idéologiques fragilisent l’indépendance éditoriale. « Ça va du rachat d’un groupe de presse ou d’édition au vandalisme d’une vitrine… », insiste-t-il. Ce climat tendu concernerait aussi bien les petites librairies que les grandes maisons d’édition.
Une quarantaine de librairies indépendantes d’Île-de-France ont été privées de subventions, à la fois par le Conseil de Paris et par le Conseil Régional, après avoir mis en avant des livres traitant de la Palestine. C’est notamment le cas de la librairie Violette and Co., épinglée pour avoir exposé un livre de coloriages intitulé « From the River to the Sea ».
En juin, la boutique de Corisande Jover, les Jours heureux, à Rosny-sous-Bois, a été visée deux fois. Une première fois, ses serrures ont été bouchées à la colle, la veille d’un événement avec le photographe Martin Barzilai autour de son livre « Nous refusons. Dire non à l’armée israélienne ». La seconde fois, la façade a été marquée de l’inscription « Hamas violeur », réalisée avec la même peinture corrosive que celle utilisée contre la Petite Égypte.
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La prise en main de l’empire Bolloré
Dans un climat déjà sous tension, la prise de contrôle d’un des grands groupes d’édition français par Vincent Bolloré apparaît comme un signal d’alerte pour beaucoup de libraires. Cette concentration accroît les craintes d’une uniformisation éditoriale et d’une pression idéologique dans toute la chaîne du livre.
Pour Alexis Argyroglo, ces évolutions montrent qu’une inquiétude profonde s’installe dans le secteur. Il appelle les institutions à préserver une liberté éditoriale indispensable au pluralisme culturel.
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