À Paris, le collectif chrétien Lutte et contemplation a organisé ce mercredi 5 novembre un cercle de silence devant la maison d’édition Fayard pour s’ériger pacifiquement face à l’évènement inaugurant la parution du livre La Messe n’est pas dite d’Éric Zemmour et « l’instrumentalisation de la foi chrétienne à des fins d’extrême droite ».
Le collectif Lutte et contemplation, se présentant comme des chrétiens engagés dans les luttes sociales, a revendiqué une action non violente, ce mercredi devant la maison d’édition Fayard, contre « l’instrumentalisation du christianisme par l’extrême droite » incarnée par Éric Zemmour et son récent ouvrage La Messe n’est pas dite.
Des marque-pages pour « dénoncer un dévoiement »
Lutte et Contemplation, créé il y a un peu plus de deux ans, veut « porter une voix chrétienne dans les luttes écologiques et sociales de notre époque » en ciblant aussi « les idées d’extrême droite ». Il se présente à la fois comme « un espace de prière et de fraternité » mais aussi comme un « espace de mobilisation ».
Réunis en cercle autour de quelques bougies allumées, une cinquantaine de personnes ont répondu à l’appel du collectif mercredi 5 novembre 2025. Ils se sont rassemblés pacifiquement devant la maison d’édition Fayard, dans le VIe arrondissement de Paris, pour protester contre la parution du nouvel essai du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour, La messe n’est pas dite, paru en octobre 2025.
L’action consiste à glisser des marque-pages dans l’ouvrage afin de « dénoncer ce dévoiement ». Le 26 octobre dernier, 2 300 marque-pages ont été distribués dans 15 villes mobilisées, avec « des membres et sympathisants surmotivés », et « de nombreuses librairies engagées qui refusent de vendre son livre ».
« Nous refusons de laisser Éric Zemmour instrumentaliser notre religion »
Le collectif dénonce la vision d’une Europe homogène fondée sur une « civilisation judéo-chrétienne » érigée en bloc exclusif. Selon eux, « Éric Zemmour déforme l’histoire », rappelant qu’« elle est le fruit d’un brassage culturel pluriel ». Ils estiment que cette « confusion entre identité et religion » nourrit la déchristianisation, puisqu’« une Église obsédée par l’identité ne peut toucher les cœurs » et « manque à sa mission : la prédication de l’Évangile pour la libération de toute oppression ».
« En tant que chrétiens et chrétiennes, nous refusons de laisser Éric Zemmour instrumentaliser notre religion, le christianisme. Pour nous, cette foi est une religion d’amour, loin de la division, de la méfiance et de la haine prônées par son idéologie. »
Un « judéo-christianisme maurrassien »
Ils critiquent aussi ce qu’ils nomment un « christianisme civilisationnel » réduit à un symbole culturel. Ils écrivent que « là où Éric Zemmour dit être “pour l’Église et contre le Christ”, nous refusons que ce “judéo-christianisme” maurrassien prenne en otage la foi » et ajoutent qu’« on ne peut invoquer le christianisme en effaçant Celui qui en est le cœur ».
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« Dans son livre, la foi et le christianisme lui servent de prétexte pour appeler à un sursaut autour de ses idées xénophobes et identitaires. Or notre collectif veut montrer un autre visage de l’Église, rarement visible dans les grands médias », explique Flora, 26 ans, coorganisatrice de l’événement de ce mercredi.
