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jeudi 02 mai 2024

Consumérisme et valeurs de l’islam

Sur Mizane.info, suites des chroniques culturelles signées Amara Bamba qui nous fait découvrir quelques-uns de ses coups de cœurs littéraires. Aujourd’hui, focus sur le livre « Consumérisme et valeurs de l’islam » (édition Albouraq) d’Ismaïl Mounir.

Ce livre est une petite surprise. À peine une centaines de pages pour traiter un sujet important. Un sujet où l’on n’attend pas nos imams. Et pourtant, en refermant le livre, on a bien un goût d’achevé. L’impression que l’auteur a fini de se prononcer sur la relation entre islam et consommation.

J’avais quelques préjugés en ouvrant le livre parce que je connais un peu l’auteur. Imam de France, très médiatique et qui parle beaucoup. Des origines maghrébines et parfaitement francophone.

Ismaïl Mounir est la génération nouvelle d’imams de France. Ils sont des self made imams, pleins de qualités et de talents. Ils ont leurs cercles de fans, mais sont méchamment critiqués pour ceux qui ne les connaissent pas. Dénigrer les jeunes imams paraît un sport normal de musulmans.

J’ai de l’admiration de voir un jeune imam plein d’avenir s’attaquer à une idole pleine d’avenir aussi. Il n’y a pas de doute : l’imam va dégommer le consumérisme et l’enterrer définitivement. Le contraire est inimaginable. Il y a un refrain pour cela : « Dounia est éphémère et Lakhira est éternel ».

Tout est joué d’avance. Le consumérisme est contraire à l’islam et l’islam ne tolère pas cette religion matérialiste qui invite au culte du dieu Consommation. Ismaïl Mounir finit son livre comme ceci :

« L’élévation humaine est avant tout une élévation spirituelle qui s’accompagne d’une élévation intellectuelle et morale. C’est à la fois nécessaire pour une vie terrestre heureuse mais également comme nous le dit clairement le Coran pour une vie heureuse après notre mort… »

Tout au long du livre, ce type de propos est appuyé, justifié ou fondé sur des versets coraniques qui sont cités et référencés en notes de bas de page. Dans notre exemple, la note indique Coran S.26 V.88-89. Précis pour montrer que l’auteur n’invente pas, que son propos est fondé et sourcé.

Les études montrent que peu de gens lisent ces citations coraniques qui émaillent les livres religieux sur l’islam. On prête attention à ce que raconte l’auteur et on survole ce qu’il cite du Coran. Pourtant elles sont écrites pour être lue entre guillemets, en italique et en caractères gras.

En contexte, ces versets coraniques sont ennuyeux et le lecteur y prête peu d’attention. Son intention n’est pas de lire des morceaux choisis du Coran, ni d’essuyer les angoisses d’un auteur peu sûr de lui. On lit un tel livre pour avoir le regard musulman sur le sujet annoncé, le consumérisme.

Puisque la chute est inéluctablement la même, la question se déplace. Le cheminement de l’auteur, ses arguments, son niveau de culture et ses références prennent un ton particulier. La surprise de ce livre arrive quand l’auteur se met à parler du cœur sans se planquer derrière les versets du Coran.

Il aborde les principes éthiques islamiques dans leur universalité et c’est un autre style, un autre flot et une autre gamme de références et de citations qui abondent. Et cela dure toute la deuxième partie du livre consacrée à la critique de la société moderne.

L’imam disparaît devant l’intellectuel pour écrire cette partie du livre. Il sort des données pour faire ressortir leur sens à la lumière de l’éthique et des principe de l’islam. « En France, de 2010 à 2014, c’est 610 dossiers de surendettement, en moyenne, déposés chaque jour, selon la Banque de France, avec une moyenne de 35 000 Euros de dettes par dossier. » C’est ça que donne le système.

Comment en est-on arrivé là ? C’est le cœur de cet essai. La thèse de l’auteur questionne et remet en cause la société moderne où la quête de profit enivre les rapports humains. Les forts et les puissants imposent leurs règles qui menacent le système d’autodestruction.

Pour Ismaïl Mounir, il est clair que « Le système dominant, pour préserver son pouvoir, ne souhaite pas l’autonomie mais plutôt la soumission des masses populaires. La technologie n’est pas utilisée dans le sens de libération de l’homme. Toute la production actuelle est conçue à travers une idéologie qui cherche à nous dominer et nous enfermer dans le consumérisme. »

De la part d’un imam, c’est un appel. Un appel à prendre conscience de la dérive matérialiste dans laquelle le système s’est installé. La masse en souffre de ce système sans le comprendre. Tandis que les oligarques, une minorité, en profitent. A moins d’une prise de conscience collective, un sursaut spirituel, il y a des chances que le système perdure encore et encore !

Amara Bamba

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