Le maire de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, proche du parti Reconquête d’Éric Zemmour, a annoncé dimanche l’interdiction du drapeau palestinien dans sa commune. Il justifie cette décision par un lien, selon lui, du drapeau avec les « émeutes » survenues après la victoire du PSG samedi soir, qu’il voit opportunément comme un « signe de ralliement » aux violences urbaines. Explications.
« Le drapeau palestinien est devenu le symbole des émeutiers », a affirmé Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône, pour justifier sa décision d’interdire ce drapeau dans sa commune, au lendemain d’incidents survenus après la victoire du PSG en Ligue des champions. Un arrêté municipal devrait ainsi interdire l’affichage du drapeau palestinien sur la voie publique, ainsi que sa commercialisation sur les marchés de cette ville de 45 000 habitants.
Une justification mince et opportuniste
Dans un communiqué, publié ce dimanche 1er juin, l’élu explique que des troubles ont éclaté après des « manifestations de joie légitime des supporters de l’équipe parisienne ». Selon lui, « des individus, venant des quartiers périphériques de notre ville, ont choisi de saisir l’occasion pour créer du désordre sur une base politique. ».
Quel lien avec le drapeau palestinien ? Selon Gilles Platret, un homme interpellé arborait ostensiblement ce drapeau, ce qui constituerait selon lui « un signe de ralliement », révélateur d’une intention politique derrière les heurts. Une justification mince, mais suffisante aux yeux de la municipalité pour étendre l’interdiction non seulement au drapeau, mais aussi aux rassemblements de soutien à la cause palestinienne.
⚡️🇫🇷|🇵🇸FLASH – Le maire Gilles #Platret, ex-LR, un temps tenté par le parti d’extrême droite d’Eric Zemmour, annonce « l’interdiction » du drapeau #palestinien [et sa vente] dans sa ville de Chalon-sur-Saône, évoquant « un signe de ralliement de bandes islamistes ». (déclaration) pic.twitter.com/83IdBhvHHI
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) June 1, 2025
Une interdiction « fallacieuse et indigne »
Ces décisions ont immédiatement fait réagir l’Association France Palestine Solidarité 71, qui exprime son « effroi et sa stupeur » face à cette mesure. Elle rappelle que cette décision intervient alors que, « partout dans le monde, y compris en France, des figures de tous bords, y compris juives, dénoncent le génocide en cours et appellent à un cessez-le-feu immédiat ».
L’association dénonce une interdiction fondée sur un « prétexte fallacieux et indigne », en précisant que « depuis sa création en janvier 2024, elle a organisé 11 manifestations pacifiques à Chalon, sans aucun débordement ». En réponse, elle appelle « tous les démocrates et pacifistes » à se mobiliser lors du festival Festi’Palestine, prévu à Morlay le 8 juin.
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Connu pour ses propos islamophobes
Ce n’est pas la première fois qu’un arrêté municipal de ce genre fait polémique. En 2014, la justice avait suspendu un arrêté du maire de Nice, Christian Estrosi, qui visait à interdire les drapeaux étrangers pendant la Coupe du monde, estimant cette mesure « disproportionnée ». Elle avait été perçue comme visant explicitement les supporters algériens.
Gilles Platret, ex-vice-président des Républicains, désormais proche de Reconquête, s’est déjà plusieurs fois illustré par des propos islamophobes. Il s’était notamment déclaré comme défenseur du « peuple français » contre « l’épuration ethnique » que pratiqueraient des « blocs musulmans ». Maire de Chalon depuis 2014, il devrait se représenter aux municipales de 2026.
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