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Celui qui a la foi et ceux qui ne l’ont pas

Celui qui a la foi et ceux qui ne l’ont pas

Plongée au cœur de l’ésotérisme islamique avec cette halte n°79 de l’émir Abd al Kader sur la triple typologie de la foi religieuse décrite dans les sources musulmanes.

Un enseignement spirituel, retenu par At-Tirmidhî1, nous dit : « Celui que sa bonne action réjouit et que sa mauvaise action afflige, celui-là a la foi. » Il s’agit ici d’une formule de définition exclusive par laquelle le Prophète – qu’Allâh répande sur lui la Bénédiction unitive et la Paix ! – a caractérisé la foi par le biais de celui à qui est attribuée cette qualité.

Mis à part ce dernier, l’homme est donc, soit un négateur incrédule, soit un connaissant, contemplant par dévoilement direct, pour lequel ce qui était caché est devenu évident, de telle sorte qu’on ne peut plus dire à son propos qu’“il a la foi”, si ce n’est par façon de parler.

Il s’agit donc d’indiquer ce qu’est l’homme de foi, et celui qui correspond à ce critère en est un : il adhère à quelque chose qu’il ne voit pas et dont l’informe le Législateur qui, à première vue, attribue les actes au serviteur les produisant, avec leurs récompenses et leurs châtiments propres. Celui qui n’a pas la foi, comme nous l’avons dit plus haut, est soit le négateur, soit le connaissant bénéficiant d’un dévoilement initiatique.

Le connaissant est celui à qui Allâh a dévoilé la réalité profonde des choses : il connaît son âme et, de ce fait, connaît son Seigneur2. Sa bonne action ne le réjouit pas ; sa transgression ne l’afflige pas. Si sa destinée l’obligeait à tuer mille Prophètes, cela ne l’altérerait pas ni ne l’affligerait, bien que le prix du sang reste à la charge du meurtrier. Si, à l’inverse, on lui annonçait la bonne nouvelle de son investiture à la fonction suprême de Pôle, il n’en serait pas réjoui ou altéré pour autant. Il sait bien qu’il n’a aucun pouvoir.

On pourrait l’assimiler à l’homme de foi pour son adhésion sans réserve aux enseignements transmis par le Législateur sur les choses cachées ; il a cependant quelque chose de plus que ce qu’on appelle “foi”, puisque ce qui était caché est devenu pour lui évident.

Au connaissant, il n’apparaît ni bien ni mal, si ce n’est par rapport à la Loi sacrée qui dépend de raisons tenant à la Sagesse et connues seulement d’Allâh, ou de l’élite des serviteurs auxquels Allâh – qu’Il soit exalté ! – a fait connaître ce secret. La Loi sacrée réunit le noyau et l’écorce, la réalité essentielle n’étant que le noyau3.

Abd al Kader

Notes :

1 – Célèbre compilateur de Traditions (209/824-279/892), connu, entre autres, pour sa Somme du Hadîth, Al-Jâmî‘.

2 – Référence à un hadîth célèbre ; à ce propos, cf. t. II, Haltes 36 et 48.

3 – Dans les Aperçus sur l’ésotérisme islamique, René Guénon écrit que le sage parfait, qui est placé au centre de la roue cosmique, « la meut invisiblement, par sa seule présence, sans participer à son mouvement, et sans avoir à se préoccuper d’exercer une action quelconque ; son détachement absolu le rend maître de toutes choses, parce qu’il ne peut plus être affecté par rien ». Il poursuit, citant Tchoang-tseu : « Il a atteint l’impassibilité parfaite ; la vie et la mort lui étant également indifférentes, l’effondrement de l’univers ne lui causerait aucune émotion. À force de scruter, il est arrivé à la vérité immuable, la connaissance du Principe universel unique. Il laisse évoluer les êtres selon leurs destinées, et se tient, lui, au centre immobile de toutes les destinées… Le signe extérieur de cet état intérieur, c’est l’imperturbabilité ; non pas celle du brave qui fonce seul, pour l’amour de la gloire, sur une armée rangée en bataille ; mais celle de l’esprit qui, supérieur au ciel, à la terre, à tous les êtres, habite dans un corps auquel il ne tient pas, ne fait aucun cas des images que ses sens lui fournissent, connaît tout par connaissance globale dans son unité immobile. Cet esprit-là, absolument indépendant, est maître des hommes ; s’il lui plaisait de les convoquer en masse, au jour fixé tous accourraient ; mais il ne veut pas se faire servir » (pp. 115-116). L’idée de “scruter” « pour arriver à la vérité immuable » est d’autant plus remarquable quand on la rapproche du hadîth relatif aux quatre aspects des versets du Coran qui a été cité par l’émîr dans la première Halte (cf. tome I) : « “En vérité le Coran a un “dos”, un “ventre”, une “limite” et un “mirador”, ainsi que l’a rapporté Ibn Hibbân dans son recueil de traditions authentifiées. » Muttala‘, “le plus haut degré”, traduit ici par “mirador”, comporte aussi l’idée de “scruter”, “chercher à connaître le fond d’une affaire” (pour la traduction et l’exégèse d’une variante de ce hadîth, voir la « Préface » de Michel Vâlsan aux Interprétations ésotériques du Coran, de Qâshânî, p. 6, éd. Koutoubia, Paris, 2009.)

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