La visite en Israël, lundi dernier, d’une délégation d’« imams d’Europe » menée par Hassan Chalghoumi a provoqué une vague d’indignation au delà des sphères religieuses et militantes. Le politologue François Burgat voit dans la fabrication du personnage « l’imam Chalghoumi » une « une supercherie persistante » portant atteinte « aux mécanismes de représentations des musulmans en France ». Billet.
Le personnage de l’imam Chalghoumi est l’expression de la continuité des pratiques coloniales dans la France contemporaine. Chalghoumi apparait en effet comme le descendant direct, la reproduction à l’identique de ces fausses élites musulmanes fabriquées de toutes pièces en Algérie par les autorités coloniales pour pervertir la représentation des populations dominées. On les surnommait alors par dérision les “Beni Oui oui”.
Dans le cas de Chalghoumi ce ne sont pas toutefois les autorités françaises qui ont été directement à l’initiative de cette grossière manipulation mais les milieux franco-israéliens sionistes qui ont, avec l’assentiment manifeste des pouvoirs publics, littéralement fabriqué son personnage, en le plaçant à la tête d’une “Association des Imams de France “ fabriquée spécialement pour lui.
Ils lui assurent depuis lors à ses déclarations d’allégeance diverses et variées, dont bien sur celle qu’il rend régulièrement aux dirigeants israéliens, ou à ses attaques contre les représentants légitimes des musulmans de France dès lors qu’ils optent pour une posture moindrement oppositionnelle une médiatisation totalement déconnectée avec sa véritable représentativité – proche de zéro -) l’égard de la communauté musulmane française.
J’avais et d’autres avec moi coutume de dire que lorsque Chalghoumi organise une manifestation, il y a plus de caméras de télévision que de participants. Cette supercherie persistante représente ainsi l’une des plus graves atteintes aux mécanismes de représentation des musulmans de France.
François Burgat
