Les visites humaines sur Wikipédia sont en baisse. L’encyclopédie en ligne enregistre une diminution croissante du nombre de pages vues, un recul attribué à la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux, selon le directeur de la Fondation Wikimédia, qui héberge l’encyclopédie en ligne.
Le nombre de visites sur Wikipédia est en forte baisse. Cette tendance, observée depuis plusieurs mois par la fondation Wikimédia, inquiète ses dirigeants. En cause : la montée en puissance de l’intelligence artificielle et des modèles comme ChatGPT, explique un cadre de la fondation hébergeant l’encyclopédie en ligne, dans une note de blog publiée vendredi.
Une nouvelle manière de rechercher l’information
Ce déclin illustre un bouleversement dans nos façons d’accéder à la connaissance. « Les utilisateurs passent davantage de temps sur les moteurs de recherche, les chatbots IA et les réseaux sociaux pour trouver des informations », analyse Marshall Miller, directeur principal des produits chez Wikimédia.
Outre l’intelligence artificielle, Marshall Miller pointe également les « moteurs de recherche qui fournissent des réponses directes aux internautes, souvent basées sur le contenu de Wikipédia », sans rediriger vers l’encyclopédie collaborative.
Cette situation n’est pas sans conséquence : « Moins de visites sur le site signifient que moins de bénévoles vont pouvoir développer et enrichir le contenu, et moins de donateurs privés vont pouvoir soutenir ce travail », déplore-t-il. Un déséquilibre qui menace le modèle économique du site.
Le trafic de Wikipédia est en baisse : voici les 2 raisons.
— Jonathan Chan 💡📣 (@ChanPerco) October 20, 2025
En un an, le trafic de Wikipédia a baissé de 8 %. La raison : les gens utilisent de plus en plus les réponses fournies directement par l’IA, ainsi que les réseaux sociaux, pour obtenir une information. pic.twitter.com/x8QmKradZh
Les chatbots « s’entraînent sur les données de Wikipédia »
Toutefois, « même si certains utilisateurs ne consultent plus directement Wikipédia, cette plateforme reste l’une des bases de données les plus précieuses sur lesquelles s’appuient ces nouveaux formats de diffusion des connaissances », rappelle Marshall Miller. Problème : ces outils exploitent son contenu « sans toujours créditer ou renvoyer vers la page d’origine ».
Sans compensation, les IA et moteurs de recherche « s’entraînent sur les données de Wikipédia » et « privilégient ses informations pour répondre aux questions de leurs utilisateurs », poursuit Miller. Or, « le savoir humain est précieux », insiste-t-il. Mais la pérennité d’une « source d’information neutre, précise et hautement fiable comme Wikipédia » est aujourd’hui menacée par ces usages.
Face à ce constat, le dirigeant appelle les acteurs du numérique à « encourager davantage de visiteurs à se rendre sur Wikipédia ». « Les plateformes doivent indiquer clairement leurs sources et multiplier les liens vers celles-ci », martèle-t-il. Pour tenter d’enrayer cette baisse, la fondation a annoncé en juillet l’intégration de l’intelligence artificielle pour « soutenir les modérateurs de Wikipédia avec des flux de travail assistés par l’IA et faciliter la traduction et l’adaptation de sujets courants ».