Des membres du Forum de l’islam de France (Forif) ont été reçus ce mercredi par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Lors de cet échange, la délégation a exprimé l’inquiétude des musulmans vis à vis des déclarations « discriminatoires » du ministre notamment sur le voile. La rencontre s’est déroulée dans un climat tendu, quelques jours après le meurtre d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard. Récapitulatif.
Le ministre de l’Intérieur et des Cultes, Bruno Retailleau, a reçu mercredi en entretien « privé » plusieurs représentants du Forum de l’islam de France (FORIF). Cette entrevue avait été sollicitée il y a près d’un mois, à la suite des propos controversés tenus par le ministre lors du meeting contre l’islamisme à Paris, au cours duquel il avait lancé un retentissant « À bas le voile ! », face à un public acquis à sa cause.
Un dialogue « franc et sincère »
D’après un communiqué du FORIF, cette rencontre a été l’occasion d’initier un dialogue « franc et sincère » destiné notamment à faire remonter « la vive préoccupation » des musulmans face aux déclarations du ministre, notamment sur le voile, ainsi qu’à un sentiment croissant d’exclusion et à une fragilisation du travail de terrain. La délégation précise :
« La tension sur le terrain est telle qu’il devient indispensable et urgent de tenir un discours rassurant envers l’ensemble de la communauté musulmane, et pas uniquement à destination des quelques représentants du FORIF que nous sommes. »
Cette réunion s’est déroulée dans un climat particulièrement tendu, après l’assassinat d’Aboubakar Cissé vendredi dernier, dans une mosquée du Gard. Les représentants du FORIF ont relayé à Bruno Retailleau les critiques, exprimées par leurs coreligionnaires, au sujet de la réponse jugée insuffisante du gouvernement après ce drame.

Plusieurs requêtes formulées
Les délégués du FORIF indiquent, dans leur communiqué, « la grande écoute » du ministre ainsi que « l’attention sincère » portée aux inquiétudes exprimées. « Monsieur Retailleau a pris le temps de répondre aux critiques qui lui ont été adressées publiquement. Il s’est également intéressé aux attentes concrètes de la communauté musulmane », ont-ils précisé.
À l’issue de cette rencontre, plusieurs requêtes ont été formulées, telles que la condamnation claire de tout discours antimusulman, le renforcement de la sécurité autour des mosquées, et le respect de la laïcité, « en laissant aux théologiens musulmans l’interprétation de leur foi ».
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Le ministre a, selon les dires du FORIF, identifié plusieurs « chantiers prioritaires » : renforcer les outils de lutte contre les actes antimusulmans, améliorer la protection des mosquées, poser les bases d’un « statut de l’imam en France » et faciliter les conditions d’inhumation des personnes de confession musulmane.

Une lettre ministérielle aux recteurs
Dans une lettre datée du 2 mai et adressée aux « présidents et recteurs » d’instances musulmanes, Bruno Retailleau a renouvelé ses condoléances et assuré de « la solidarité du gouvernement à l’égard de nos compatriotes de confession musulmane » après l’assassinat d’Aboubakar Cissé.
Il a ajouté avoir « demandé à l’ensemble des préfets de redoubler d’efforts pour sécuriser les lieux de culte, en particulier les mosquées ». Il a également apporté son soutien à l’Association de défense contre les discriminations et les actes antimusulmans (ADDAM), qui « travaille en lien avec les services de l’État sur ces enjeux cruciaux pour notre cohésion nationale ».
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