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vendredi 26 avril 2024

Tout ce qui est enterré finira par repousser

Le destin est-il une fatalité ? Quelle est la marge de manœuvre de l’humain dans le grand plan divin ? Dans un plaidoyer sur la liberté et la responsabilité de l’Homme, le shaykh Hamdi Ben Aissa nous adresse cette interpellation solennelle : « N’enterre pas avec toi des doutes, des douleurs, des remords, des rancœurs, des erreurs que tu n’as pas assumées, car c’est ta descendance qui finira par en hériter. »

Noun. Dans le premier verset de la sourate 68 : « Noun. Par la plume et ce qu’ils écrivent », la lettre Noun symbolise la Certitude, la Confiance absolue en Dieu. Ainsi, nous pouvons lire et comprendre de cela que certes les Anges écrivent, mais cela ne doit pas nous faire penser que rien ne peut être changé. Nous savons que Dieu est Capable de tout, et même de changer le futur. Notre Doux Seigneur est le Dieu du moment présent. La religion, c’est Vivre le moment présent. C’est ici et maintenant que Dieu vous invite à agir et construire une relation avec Lui.

Qu’est ce que le fatalisme, si ce n’est le fait de croire que le destin est déjà écrit, et que vous ne pouvez donc finalement rien changer au futur ? Ce qui est complètement faux et à l’opposé des enseignements de notre Bien-Aimé (que Dieu continue de nourrir son être, sa lumière et notre connexion à lui).

« La religion, c’est vivre le moment présent. C’est ici et maintenant que Dieu vous invite à agir et construire une relation avec Lui. »

Ce dont le verset parle en réalité, c’est du caractère dont vous aurez hérité. Car nous savons que le caractère est en grande partie génétique. Il ne s’agit alors finalement que d’un contexte avec lequel vous devez composer. Avoir un caractère heureux ou mélancolique est un contexte dans lequel Dieu vous a placé mais qui n’est pas irréversible. Tu peux travailler à transformer ton caractère.

La prédestination ?

Il existe une nouvelle prophétique très mal comprise qui dit que lorsque l’être humain est dans le ventre de sa mère, un Ange vient et écrit « son destin ». Nous serions donc tous condamnés dès la naissance à un destin que nul ne peut changer, figés dans les écrits de notre livre… Un livre, une histoire déjà clôturée avant même qu’elle ne commence…

Qu’écrit cet Ange en réalité ? Il écrit trois choses : premièrement, notre âge, c’est-à-dire le nombre d’années que nous allons vivre, ensuite, notre provision, c’est-à-dire si nous allons être riche ou pauvre, et enfin si nous allons être “sa`id am chaqi”, qui veut dire littéralement “joyeux ou mélancolique”. Je ne sais pas pourquoi ni comment certains ont voulu comprendre par là que, dès la naissance, les Anges viennent écrire si nous allons finir en enfer ou au paradis. Ce n’est absolument pas cela.

Tout ce qui est écrit ne concerne en réalité que le contexte. Rien de déterminant pour mon futur et ma fin. Car ni mon âge, ni le nombre d’années que je vais vivre sur Terre, ni même ma nature (c’est à cela que renvoie « joyeux ou mélancolique ») ne détermineront ma fin. Certains Prophètes qui ont accompli leur mission à l’âge de 33 ans, d’autres à l’âge de 83 ans. Au Paradis, se trouveront des gens qui ont vécu toute leur vie sans avoir vraiment pu prendre de position ou de posture, car leur contexte les en empêchait. Certains auront vécu toute leur vie dans l’insouciance la plus complète et à un moment donné de leur vie, ils auront pu vivre quelques minutes de réveil durant lesquelles ils auront pu prendre la bonne décision.

La marge de manœuvre 

Dieu détermine la marge dans laquelle tu vas pouvoir écrire ton texte, une marge plus ou moins large qu’Il choisit de nous donner selon Sa Volonté et Sa Sagesse mais qu’Il donne à chacun. En effet, il y a des gens qui sont limités par leur contexte. Mais, parfois, il est préférable d’avoir une marge qui te laisse à peine la place d’écrire deux ou trois mots qui ont du sens, plutôt qu’une marge de 80 pages que tu laisses vide et dans laquelle, juste avant ta mort, le diable vient et finit lui-même par écrire la fin de ton histoire. Que Dieu nous protège.

« Ton attitude par rapport à ton contexte va déterminer l’altitude de ton texte. »

Alors, oui il est possible que Dieu crée pour toi un contexte très, très limité où la marge dans laquelle tu peux écrire ton texte est presque inexistante. De ton réveil, le matin jusqu’au coucher, la nuit, tout est déjà écrit, tu ne peux même pas écrire une lettre. Tu es presque condamné. Mais, tu auras un moment, aussi court soit-il où tu devras faire un choix. Et c’est à ce moment là que ton attitude par rapport à ton contexte va déterminer l’altitude de ton texte.

Le contexte ne t’appartient pas, cela n’est pas ton affaire. Dieu le place comme un corps. Et ce qui est le plus important c’est ce qu’il y a à l’intérieur. Le contexte est un monde de formes et d’images, et dans lequel tu dois jouer ton rôle. Tu connais ta mission maintenant, alors adapte-toi à ce contexte et fait ce que tu peux avec.

Stop au déterminisme

Il faut donc faire attention au fatalisme et plus précisément à ce fatalisme moderne qu’on appelle déterminisme. Les gens aujourd’hui s’enferment dans une histoire, une situation. Ils font de leur situation le résultat de conditions sociales, économiques ou autre, et ne voient aucune autre solution que de s’y résigner. Ils se tournent alors vers différentes méthodes pour trouver le moyen de dépasser tout cela : réflexologie, sophrologie, hypnose, constellations familiales, etc.

C’est bien, je ne dis pas le contraire. Cela peut aider. Tout ce qui peut te rapprocher de Dieu est bon, mais il ne faut faire de ces disciplines ni une obsession ni une distraction. Gardez en tête que ce sont juste des instruments. Sois bien conscient du fait que ce sont des instruments et que le génie humain ne provient en réalité que d’une inspiration divine. Les plus grands miracles de l’être humain ne sont en réalité que des inspirations divines.

« L’histoire de nos pères et ancêtres est un héritage que l’on reçoit, aussi douloureux soit-il. »

Nos situations personnelles, familiales, sociales etc., ne sont que des contextes. Être fils d’immigré, être né dans une banlieue, avoir un père qui a toujours été dans une situation de chômage, avoir des grands-parents qui sont morts torturés pendant la guerre, etc… Bien évidemment il s’agit de situations difficiles.

L’histoire de nos pères et ancêtres est un héritage que l’on reçoit, aussi douloureux soit-il. Cette souffrance, cette humiliation s’inscrit dans nos gênes dès la naissance. Mais, en soi, de quoi s’agit-il réellement si ce n’est d’un contexte dans lequel Dieu vous a placé et dans lequel Il souhaite nous voir évoluer et grandir ?

« Un péché non pardonné, une erreur non assumée, une peine pour laquelle tu n’as pas fait le deuil, tout cela va être enterré avec toi. Et tout ce qui est enterré avec toi repoussera dans ta progéniture, dans ta descendance. C’est pour cela que tu dois apprendre à pardonner. »

Cela ne veut pas dire que tu y es condamné et que tu dois vivre toute ta vie dans le prisme de ce contexte. Au contraire, il s’agit d’apprendre à les dépasser et les transcender. Rien n’est irréversible, tout peut changer par la Grâce de Dieu. Aujourd’hui, même la science affirme que nous pouvons modifier nos gènes par notre environnement, notre comportement, nos expériences, nos choix.

Ce qui est important et primordial de retenir dans cela, c’est l’idée de cet héritage que nous laissons aux générations futures. Un péché non pardonné, une erreur non assumée, une peine pour laquelle tu n’as pas fait le deuil, tout cela va être enterré avec toi. Et tout ce qui est enterré avec toi repoussera dans ta progéniture, dans ta descendance. C’est pour cela que tu dois apprendre à pardonner. Le pardon préserve la vie et protège de la souffrance de la mort.

Alors comment assumer une faute, me demanderont certains. Tout d’abord en la reconnaissant et en l’assumant. Puis, en tournant son visage vers Celui qui pardonne en lui demandant de nous couvrir de Son Pardon : “Mon Seigneur, plus Proche de moi que moi-même, j’ai été injuste envers moi-même, pardonne-moi, car il n’y a personne qui pardonne si ce n’est Toi”.

« N’enterre pas avec toi des doutes, des douleurs, des remords, des rancœurs, des erreurs que tu n’as pas assumées ou que tu n’as pas pardonnées à d’autres, car si tu ne fais pas ce travail, c’est ta descendance qui finira par en hériter. »

Mais une faute non-reconnue, non-assumée, un projet non-fini, commencer quelque chose alors que le fichier précédent est toujours ouvert, c’est comme avoir cent pages ouvertes sur un ordinateur tout en essayant de télécharger des nouveaux documents : cela va certainement alourdir et ralentir le travail. Ouvrir ou fermer l’ordinateur va devenir presque impossible.

Alors oui, le contexte peut-être difficile, voire même très difficile. Oui, il existe un contexte génétique qui nous conditionne dès la naissance et nous prédispose à un certain état mental et une certaine nature. Oui, il existe des lois naturelles qui peuvent être plus compliquées pour certains que pour d’autres. Mais ce sur quoi tu dois rester conscient, c’est que tu as toujours un contrôle sur ton texte.

Retiens et enracine en toi l’idée que le fatalisme et le déterminisme n’existent pas. N’enterre pas avec toi des doutes, des douleurs, des remords, des rancœurs, des erreurs que tu n’as pas assumées ou que tu n’as pas pardonnées à d’autres, car si tu ne fais pas ce travail, c’est ta descendance qui finira par en hériter. Parce que tout ce qui est enterré finira par repousser, c’est une loi.

C’est d’ailleurs pour cela que nous pratiquons le rite de cérémonie sacrée d’accompagnement du passage de la vie d’ici-bas à celle de l’au-delà (janaza) qui commence avant la mort, avec cette présence au chevet du mourant qui se prolonge jusqu’à ce qu’il quitte ce monde en paix. Il est important et nécessaire de préserver cet art d’accompagner les personnes avant leur mort afin qu’elles puissent mourir en paix et éviter qu’après leur départ des ronces ne poussent de leur tombeau, des ondes spirituelles négatives qui pollueraient et affaibliraient notre environnement spirituel. Il est préférable pour tous, autant pour le défunt que pour ceux qui restent, qu’il meure en paix.

Ferme le dossier !

Sachez que c’est en honorant la création qu’on parvient à s’en détacher. Sinon, elle finit par rester toujours attaché à toi. Honore-la en lui pardonnant. Il faut s’exercer à cela et arriver à un résultat, ne serait-ce que mentalement. Un mari qui t’a tourmentée, une épouse qui t’a blessé et que tu as fini par quitter, quel que soit l’épreuve à laquelle tu as fait face, projette-toi dans le futur, ne serait-ce que mentalement. Et, avant-même qu’il te donne ton droit, ou qu’elle vienne te demander pardon, projette-toi dans le futur et libère-toi.

« Pourquoi garder un dossier ouvert qui t’épuise au niveau de ton énergie ? Par Dieu, tu es une création comme toutes les créations alors dis Bismillah et sors de toi-même ! »

Ferme le dossier. Pourquoi garder un fichier ouvert qui te tourmente ? Ferme le dossier dès maintenant émotionnellement même si le tribunal idiot et stupide ne veut pas le fermer et décide de le garder ouvert légalement parfois pour 2 ans, 3 ans, 5 ans… Un contexte difficile, médiocre ou contradictoire ne doit pas t’empêcher de tourner la page et de vivre cette situation en paix. Même si le dossier légal n’est malheureusement pas fermé, sache que tu as la capacité et le choix de fermer le dossier émotionnel.

Pourquoi garder un dossier ouvert qui t’épuise au niveau de ton énergie ? Par Dieu, tu es une création comme toutes les créations alors dis Bismillah et sors de toi-même ! C’est en sortant de toi-même que tu finiras enfin par découvrir qui tu es vraiment et que tu pourras vivre une nouvelle étape dans ta vie.

Hamdi Ben Aissa

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