Le gouvernement syrien a décidé de retirer ses forces de la ville de Souweïda et de confier la sécurité aux dirigeants locaux druzes, après des affrontements ayant causé plus de 370 morts. Le président Ahmed Al-Charaa a affirmé, ce mercredi, vouloir « donner la priorité à l’intérêt national » et éviter « une guerre ouverte avec Israël ». Explications.
Le président syrien, Ahmed Al-Charaa, a annoncé, hier soir, le transfert « à des factions locales et cheikhs » druzes de la responsabilité du maintien de la sécurité à Souweïda. Ce retrait des forces gouvernementales a lieu après un accord de cessez-le-feu, ce mercredi, afin de mettre un terme aux affrontements.
L’intérêt national plutôt que la guerre ?
Dans une allocution télévisée, le chef de l’État syrien a justifié sa décision par « la nécessité d’éviter de sombrer dans une nouvelle guerre de grande ampleur ».
« Nous avions deux options : une guerre ouverte avec l’entité israélienne aux dépens de notre peuple druze, de sa sécurité et de la stabilité de la Syrie et de la région tout entière, ou bien donner aux anciens et aux cheikhs druzes la possibilité de revenir à la raison et de donner la priorité à l’intérêt national. »
Selon l’AFP, l’ordre de se retirer a été reçu peu avant minuit, et les forces gouvernementales ont achevé leur retrait de la ville à l’aube. Les forces de sécurité syriennes ont été accusées, par des ONG, d’exécutions sommaires lors du conflit, tandis que certains témoignages sur place évoquent des tortures et des humiliations des combattants druzes envers les Bédouins sunnites de la région.
L’ingérence volontaire d’Israël
Des affrontements entre des tribus bédouines et des combattants druzes ont éclaté, dimanche, dans la province de Souweïda à la suite de l’enlèvement d’un marchand de légumes druze. Le gouvernement syrien a déployé mardi des forces dans la région dans l’objectif affiché de rétablir l’ordre.
Le déploiement s’est rapidement transformé en affrontement qui a fait plus de 370 morts, selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme. En outre, une quinzaine de soldats et membres des forces de l’ordre ont été bombardés dans des frappes israéliennes.
Prétendant vouloir défendre les Druzes, Israël a frappé Damas, la capitale syrienne, mercredi, ainsi que les forces gouvernementales dans la ville de Souweïda. Dans son discours de jeudi, Ahmed Al-Charaa a accusé Israël d’avoir contribué à « l’escalade » et salué au contraire « l’intervention efficace de la médiation américaine, arabe et turque, qui a sauvé la région d’un sort inconnu ».
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« La véritable protection réside dans l’unité nationale »
Le chef druze libanais Walid Joumblatt a déclaré ce jeudi qu’Israël « se sert des Druzes pour disloquer la Syrie », ajoutant que « les attaques israéliennes à Damas ne protègent pas les Druzes, mais exploitent les divisions. La véritable protection réside dans l’unité nationale et le dialogue ».
La province de Souweïda abrite la plus importante communauté druze de Syrie, forte de quelque 700.000 membres avant la guerre civile. La région se trouve à proximité du plateau du Golan, convoité par les autorités israéliennes. Des témoignages récents indiquent que les tribus bédouines de la ville sont désormais chassées par les combattants Druzes et leurs maisons confisquées.
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