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Soumayya Bint Khayyat, martyre et résistante de la première heure

Place, dans cet article, au portrait de l’une des femmes « parmi les plus prestigieuses de l’Islam » : Soumayya Bint Khayyat. Convertie à l’Islam, sous l’impulsion de son fils ‘Ammar Ibn Yassir, Soumayya fut un exemple de courage et d’abnégation face aux terribles sévices du tortionnaire, Abou Jahl. Son martyr, le premier dans l’histoire de l’Islam, laissa aux générations successives des musulmans un souvenir émouvant impérissable.

Elle est Soumayya, fille de Khayyat, mère du grand compagnon ‘Ammar Ibn Yasir. Selon certaines sources, Soumayya serait originaire d’Abyssinie (Éthiopie) Elle est née environ 20 ans avant le prophète Mohammad ﷺ.

Le mari de Soumayya, Yassir Ibn Amir était originaire du Yémen. Il séjourna à la Mecque à la recherche d’un frère disparu puis s’y installa sous la protection d’Abou Houdhayfa Ibn al-Moughira, chef alors de la tribu des Banou Makhzoum. En ce temps, Soumayya “appartenait” déjà au notable mecquois qui la donna en mariage à Yassir. De cette union, les deux époux eurent ‘Ammar et ‘Abd Allah. 

 ‘Ammar fut l’un des tout premiers mecquois à embrasser l’islam, lorsque la prédication du prophète Moḥammad était encore à ses balbutiements et que les conversion se faisaient en secret. Sa famille (parents et frère) ne tarda pas à le suivre dans cette nouvelle voie. 

Première famille convertie à l’Islam

Le prestige de la tribu arabe des Banou Makhzoum se fondait principalement sur la négoce de produits venant du Yémen ce qui explique pourquoi son chef Abou Houdhayfa accorda crédit et protection à Yassir, issu de cette contrée, tout en le mariant à Soumayya, l’une de ses esclaves.  

Ce puissant clan mecquois comptait parmi ses membres l’un des premiers convertis à l’islam, Al-Arqam Ibn Abi Al-Arqam (chez lequel le Prophète ﷺ se réunissait secrètement avec ses compagnons), autant qu’il comptait d’illustres farouches opposants comme le chef du clan, Abou Al Hakam ‘Amr Ibn Hisham, plus connu ultérieurement sous le nom d’« Abou Jahl ». 

Après la naissance de ‘Ammar, Abou Houdayfa procéda à l’affranchissement de son père, Yassir. Malgré sa libération, il demeura chez son ancien maitre. ’Ammar Ibn Yassir fut, rapidement, l’un des premiers mecquois à embrasser l’Islam. Ses parents, Yassir et Soumayya, se convertirent également le même jour en raison d’un rêve que Yassir avait fait la nuit précédente. Le père avait rêvé que son épouse et son fils l’appelaient d’une vallée, au loin, et qu’ils étaient séparés par un feu.  

La famille de Yassir est donc la première famille de la Mecque à avoir accepter l’Islam et rendu cette conversion publique tout comme Abou Bakr, Souhayb Ar-Roumi, Bilal Ibn Rabah, Khabab Ibn Harith et Miqdad. Dès cette annonce, Soumayya et les siens, eurent à subir les pires persécutions réservées aux plus faibles parmi les musulmans par les notables arabes quoraichites, et ce, d’autant plus qu’ils ne bénéficiaient d’aucune protection. 

Tortures, foi et abnégation

Les premières années de la révélation, à La Mecque, furent difficile pour les musulmans. On sait par exemple que le Prophète ﷺ  était sous la protection de son oncle Abou Talib. Quant à Abou Bakr, il était protégé par son clan. Mais les autres convertis, surtout les plus faibles, n’avaient aucun protecteur et étaient injustement persécutés par leurs maîtres. 

C’est ainsi que Yassir, Soumayya, et leurs fils ‘Ammar et ‘Abd Allah subirent des tortures infligées par des Mecquois polythéistes en vue de les forcer à abjurer leur foi. Cette famille était attachée aux troncs d’arbres, tous à vue les uns des autres. Soumayya fut dans un premier temps battue par son maître, Abou Houdayfa Ibn al-Moughira,, exposée des jours entiers en plein soleil, sans eau ni nourriture.

Tous résistèrent à ceux qui les torturaient pour leur faire abjurer leur foi, ce qui contribua à exaspérer les tortionnaires qui s’acharnaient sur leurs pauvres corps, sans parvenir à atteindre leur objectif. Devant son impuissance, Abou Houdayfa finit par remettre Soumayya et les siens entre les mains du terrible Abou Jahl qui multiplia les tortures, physiques et morales. Mais Soumayya et Yassir résistèrent sans faiblir.

Illustration des sévices infligées à Soumayya

Chaque fois que le Prophète ﷺ passait devant eux, le cœur plein de compassion pour ce qu’ils enduraient, mais impuissant à les sauver des griffes de leurs bourreaux, il leur disait des paroles de réconfort. Un jour, il leur dit : « Patience, ô famille de Yassir ! Le Paradis sera votre rendez-vous. ». Malgré les sévices, Soumayya refusait d’abjurer le prophète et de donner cette satisfaction à Abou Jahl. Elle savait que d’autres musulmans pouvaient être intimidés par le spectacle et donc enclins à renier leur foi.

La première martyre de l’Islam

Après des séances de tortures intensives, pendant des jours, Yassir fut sur le point de rendre l’âme. C’est alors que, dans une démarche vicieuse, Abou Jahl se tourna vers Soumayya et lui dit: « Votre mari va mourir avant vous. Vous serez probablement heureuse quand il le fera car vous aimez tant Mohammed. Vous souhaitez l’épouser après la mort de votre mari ».

À cette insulte, Soumayya cracha au visage d’Abou Jahl et lui déclara : « Que Dieu vous humilie ! Quel vulgaire et mauvais homme vous êtes. Tu es plus petit pour moi à mes yeux qu’un coléoptère sur lequel je marcherais dans le sol ». Entendant cela, Abu Jahl entra dans un tel état d’exaspération et de surexcitation qu’il prit sa lance et poignarda Soumayya dans son abdomen, la tuant sur le coup. 

Elle fut ainsi la première femme martyre de l’Islam. Ces événements tragiques eurent lieu en l’an 7 avant l’Hégire. Par la suite, Abou Jahl et ses acolytes torturèrent et tuèrent son mari Yassir puis son fils, ‘Abd Allah. 

Un souvenir impérissable pour la Oumma

Quant à son autre fils, ‘Ammar, il ne supporta plus les tortures et, un jour, épuisé par les souffrances qui lui étaient imposées, il finit par dire ce que voulaient entendre ses tortionnaires. C’est alors qu’Abou Jahl le relâcha. Une fois libéré, ‘Ammar partit en pleurs voir le Prophète en lui disant qu’il avait dû trahir sa religion. Le Prophète  lui demanda alors : « Comment était ton cœur quand tu as désavoué ta religion ? », ʿAmmar répondit : « Il était plein de sérénité dans sa foi ».

Tombe de Soumayya Bint Khayyat à La Mecque

Le Prophète lui dit ensuite : « S’ils te torturent à nouveau, désavoue ta religion à nouveau ». C’est dans ce contexte que Dieu révéla ce verset, reçu comme une consolation pour les musulmans éprouvés : {Quiconque a renié Dieu après avoir cru… – sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi – mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la négation, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un châtiment terrible.} S.16 – V.106

Au moment de son martyr, Soumayya Bint Khayyat était une femme frêle d’environ 60 ans. L’imam Al Dhahabi dit d’elle, dans son ouvrage Siyyar Al Nubala, qu’elle fut une « femme parmi les plus prestigieuses de l’Islam ». On rapporte que le Prophète l’a portait en haute considération et qu’il le manifesta en appelant son fils ‘Ammar « Ibn Soumayya » (le fils de Soumayya). Le jour de la bataille de Badr, après la victoire des musulmans, il appela ‘Ammar et lui dit : « Dieu a tué l’assassin de ta mère ! » En effet, Abou Jahl avait été tué lors de cette bataille.

La courageuse et pieuse Soumayya laissa aux générations successives des musulmans un souvenir émouvant impérissable. Son martyr contribua à renforcer la foi des musulmans éprouvés durant la période mecquoise et au-delà. Il continu, aujourd’hui, à servir de modèle d’abnégation pour l’ensemble de la communauté musulmane et pour l’humanité, le symbole d’une femme qui se bat jusqu’au bout pour défendre ses convictions légitimes.

Ibrahim Madras

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