Selon un rapport publié ce mardi par Reporters sans frontières (RSF), l’année 2025 a enregistré une nette hausse des journalistes tués dans le monde. Soixante-sept reporters ont été assassinés en un an, dont près de la moitié dans la bande de Gaza, « sous le feu des forces armées israéliennes ».
L’armée israélienne est responsable de près de la moitié des journalistes tués dans le monde en 2025, selon un rapport de RSF rendu public mardi. Le document recense 67 professionnels des médias tués en un an, et affirme qu’au moins 53 d’entre eux ont été victimes de « pratiques criminelles de groupes militaires et du crime organisé ».
« Les journalistes ne meurent pas, ils sont tués »
« Le nombre de journalistes tués (du 1er décembre 2024 au 1er décembre 2025, NDLR) est reparti à la hausse » en raison « des pratiques criminelles de forces armées régulières ou non et du crime organisé », explique RSF, qui rappelle que « les journalistes ne meurent pas, ils sont tués ».
« Près de la moitié (43 %) des journalistes tués au cours des 12 derniers mois l’ont été à Gaza par les forces armées israéliennes », précise l’organisation. Depuis octobre 2023, environ 220 journalistes ont été tués par l’armée israélienne, dont 65 spécifiquement pris pour cible en raison de leur métier ou pendant leur couverture du conflit, poursuit le rapport.
Selon le Bureau des médias du gouvernement de Gaza, au moins 257 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza par l’armée israélienne depuis le début de la guerre génocidaire. Le rapport mentionne également 20 journalistes palestiniens emprisonnés en 2025, auxquels s’ajoutent 16 autres arrêtés à Gaza et en Cisjordanie occupée au cours des deux années précédentes.
🇵🇸🇮🇱 29 journalistes tués à Gaza en un an — presque la moitié des 67.
— MediaRadar (@med_ia_fr) December 9, 2025
RSF : 67 journalistes tués dans le monde (1er déc. 2024–1er déc. 2025). Au moins 29 à Gaza « sous le feu des forces armées israéliennes ». RSF dénonce un ciblage et l’impunité. Mexique 9, Ukraine 3.
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Le Mexique, la Chine et le Soudan sont parmi les pays les plus meurtriers
Le Mexique est classé comme « le deuxième pays le plus dangereux au monde pour les journalistes », avec neuf morts, tandis que la Chine reste « la plus grande prison au monde pour les journalistes », avec 121 reporters détenus. Les journalistes courent davantage de risques dans leur propre pays, souligne RSF : tous les reporters tués, sauf deux, ont perdu la vie alors qu’ils couvraient l’actualité dans leur pays d’origine.
« Au Soudan, les journalistes sont victimes de graves abus alors que le conflit continue de faire rage », rappelle le rapport, précisant que les Forces de soutien rapide, une milice paramilitaire, ont tué quatre journalistes en 2025, dont deux auparavant enlevés par le groupe.
L’Ukraine (trois journalistes tués, dont le Français Antoni Lallican) et le Soudan (quatre morts) figurent aussi parmi les pays les plus meurtriers pour la profession. « Il y a aujourd’hui un vrai enjeu, c’est que les gouvernements se réinvestissent dans la question de la protection des journalistes et ne fassent pas au contraire d’eux des cibles », avertit Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF.
Lire sur le sujet : La cri d’alerte de l’AFP sur le sort de ses journalistes à Gaza
« Les journalistes sont devenus progressivement des témoins gênants »
Six jours après la condamnation à sept ans de prison en appel du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, pour apologie du terrorisme, RSF recense par ailleurs 503 journalistes détenus dans 47 pays (dont 121 en Chine, 48 en Russie, 47 en Birmanie), 135 disparus — certains depuis plus de trente ans — et 20 otages, principalement en Syrie et au Yémen.
Thibaut Bruttin, directeur général de RSF, conclut le rapport 2025 ainsi : « De témoins privilégiés de l’histoire, les journalistes sont devenus progressivement des victimes collatérales, des témoins gênants, des monnaies d’échanges, des pions dans des jeux diplomatiques, des hommes et des femmes à abattre. Méfions-nous des facilités journalistiques : on ne donne pas sa vie pour le journalisme, on vous la vole ; les journalistes ne meurent pas, ils sont tués ».
