Depuis début novembre, huit militants britanniques pro-palestiniens emprisonnés mènent une grève de la faim au Royaume-Uni ; certains en sont à près de 50 jours de protestation. Leurs avocats alertent sur un risque de décès imminent sans intervention du ministre de la Justice, David Lammy.
Au Royaume-Uni, 24 militants pro-palestiniens sont incarcérés depuis près d’un an à la suite d’une action menée contre un site de l’entreprise d’armement israélienne Elbit Systems à Filton, près de Bristol. Certains observent une grève de la faim depuis 52 jours. Deux d’entre eux ont été hospitalisés, les vendredi 19 et samedi 20 décembre, en raison de la dégradation de leurs conditions de détention.
Une détention provisoire sans procès
Les huit prisonniers concernés sont tous placés en détention provisoire, sans avoir été jugés. La majorité est impliquée dans l’affaire dite des « Filton 24 », accusés d’avoir participé à une action menée en août 2024 contre une usine d’Elbit Systems à Filton, où des dégâts estimés à plus d’un million de livres sterling auraient été causés.
Trois autres détenus sont poursuivis pour leur participation présumée à une manifestation organisée en juin 2025 sur la base aérienne de Brize Norton, au cours de laquelle des avions de ravitaillement militaire auraient été aspergés de peinture rouge. Durant leur détention, plusieurs militants sont restés sans inculpation pendant près d’une semaine et ont été interrogés à répétition en vertu de la législation antiterroriste.

Deux militants hospitalisés d’urgence
Kamran Ahmed, 28 ans, incarcéré à la prison de Pentonville, à Londres, a été hospitalisé le samedi 20 décembre. Il en était alors à son 42ᵉ jour de grève de la faim. Amu Gib, 30 ans, détenue à la prison de Bronzefield, dans le Surrey, a également été hospitalisée vendredi dernier, a annoncé le collectif Prisoners for Palestine. Elle n’avait pas mangé depuis cinquante jours.
La grève de la faim a suscité l’attention de plusieurs responsables politiques. La députée Zarah Sultana est devenue la deuxième personnalité politique à rendre visite aux grévistes, après le vice-président du Parti vert, Mothin Ali, qui s’était déplacé le 3 décembre. Jeremy Corbyn devait également se rendre en prison le 10 décembre.
Mothin Ali a dénoncé des conditions de détention « inhumaines » et « un affront à la dignité humaine ». Le parti Democratic Socialists of Your Party (DSYP) a publié, le 9 décembre, un communiqué de soutien exprimant « son amour, son admiration et sa solidarité envers les grévistes de la faim », qualifiant cette mobilisation de « plus grande grève de la faim collective dans les prisons britanniques depuis la grève des républicains irlandais en 1981 ».

Le gouvernement britannique fait la sourde oreille
La grève de la faim menée par ces huit détenus pro-palestiniens constitue en effet la plus importante action collective de ce type dans les prisons britanniques depuis 1981, année où dix prisonniers républicains irlandais étaient morts après avoir cessé de s’alimenter dans les blocs H de la prison de Maze, en Irlande du Nord.
Alors que la mobilisation entre dans sa phase la plus critique, les détenus atteignent un stade où des spécialistes de santé alertent sur un risque imminent de décès. Le 9 décembre, le ministre de la Justice, David Lammy, a été interpellé par des proches des grévistes devant son bureau de circonscription. Le gouvernement britannique a indiqué qu’aucune rencontre n’était prévue entre les ministres et les représentants des grévistes de la faim, tout en jugeant la situation « très préoccupante ».
