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Quel avenir pour le travail à l’ère de l’intelligence artificielle ?

Quel avenir pour le travail à l’ère de l’intelligence artificielle Mizane.info

Dans sa dernière chronique à lire sur Mizane.info, Mahdi Amri interroge la signification nouvelle qu’il nous faut accorder au travail, à l’aune de la révolution de l’intelligence artificielle.

Depuis que l’homme a été placé face à la machine, le monde a commencé à repenser le sens du travail, sa légitimité, et les finalités qui le justifient. Aujourd’hui, à l’heure de la quatrième révolution industrielle, où les algorithmes accomplissent à une vitesse vertigineuse des tâches longtemps réservées aux humains, c’est l’un des piliers les plus enracinés dans l’imaginaire collectif qui vacille : le travail, conçu comme acte noble, devoir sacré, et vecteur identitaire.

Dans ce contexte, Bill Gates a récemment affirmé que la semaine de travail pourrait bientôt se réduire à deux jours grâce à l’intelligence artificielle. Cette déclaration ne dessine pas seulement les contours d’un bouleversement économique : elle soulève une question existentielle vertigineuse — que ferons-nous de tout ce temps libre ? Sommes-nous prêts, psychologiquement et culturellement, à accueillir un vide inédit, pour lequel ni l’école, ni la famille, ni même nos schémas mentaux ne nous ont préparés ?

Le travail a longtemps été comparable à une horloge cosmique qui régule les saisons et les cœurs. Pendant des siècles, il a rythmé l’existence humaine, offrant à chacun une place, un rôle, une fonction dans le tissu social. À l’ère de l’intelligence artificielle, nous entrons dans un « temps sans rythme », où l’abondance temporelle risque de se transformer en fardeau.

Ce surplus, s’il n’est pas encadré par une structure spirituelle et cognitive solide, menace d’engendrer une implosion silencieuse. Ce n’est pas seulement le spectre d’un chômage massif, mais celui d’un vide intérieur et d’une crise du sens.

Pourtant, l’IA, en soi, n’est pas ennemie de l’humain. Elle amplifie ses capacités, décuple sa puissance de production. Mais dans le monde de l’économie et de la rentabilité, là où la poésie n’a pas droit de cité, elle devient outil froid et performant, préférée à l’homme car elle ne fait ni grève, ni pause, ni réclamation. Le vrai danger émerge alors : considérer l’humain comme un coût, un excédent à rationaliser.

Et parce que la machine ne se plaint jamais, cette efficacité devient prétexte à réduire les salaires, à marginaliser les fonctions, à transformer le salarié en simple superviseur d’algorithmes. Sa mission ? Cliquer, corriger, valider ce que la machine a généré.

Allons-nous assister, dans les années à venir, à une désacralisation complète du travail ?

Pendant des siècles, le travail a incarné, dans les traditions islamiques comme dans la pensée occidentale, un pilier de la dignité humaine. « La valeur de chaque homme réside dans ce qu’il sait faire de mieux », disait Ali ibn Abi Talib. Hegel, lui, affirmait : « Le travail est le médiateur entre l’homme et sa liberté ».

Mais lorsqu’il devient tâche saisonnière ou fonction automatisée, sa valeur éthique s’effrite. Nous ne vivons donc pas seulement une mutation économique, mais bien un démantèlement symbolique de la figure de l’homme producteur. Car l’homme rêvé par la machine est un être passif, consommateur, sans empreinte ni vocation.

La véritable crise est là : sommes-nous prêts à vivre presque sans travail, sous la domination douce mais implacable des robots intelligents ?

Cette nouvelle réalité nous rapproche-t-elle d’une libération… ou d’un effondrement ?

Si certains voient dans la réduction du temps de travail une forme d’émancipation, elle pourrait, en l’absence de projet culturel et spirituel structurant, se muer en dérive, en perte collective du temps et en chaos numérique travesti.

Le défi est immense : comment transformer ce surplus de temps en énergie créative ? Comment remplir nos heures de sens plutôt que de divertissement vide ? Et, surtout, comment préserver notre humanité dans un monde reconfiguré par des algorithmes dénués de cœur et d’âme ?

Mahdi Amri

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